Novembre 2004 - n°93

L'association belge BioVallée cible les biotechnologies (Belgique)

A la fois centre de R&D en biologie moléculaire, incubateur, fournisseur de services pour les start-ups et "chaînon manquant" entre la recherche académique belge et les entreprises, l’ensemble formée par BioVallée et par la SA Wallonia Biotech est une association dynamique qui entend contribuerà l'essor des biotechnologies en Belgique, et plus particulièrement dans la province wallonne du Hainaut.

La province du Hainaut est une zone économique belge d’ancienne industrialisation (charbon, acier, verre plat…) actuellement en pleine reconversion. Aussi, l'Europe décida de subventionner l'implantation de l'Université Libre de Bruxelles à Charleroi, afin d’y créer un puissant pôle d’attraction centré autour de la recherche et comptant quelque 250 chercheurs.
Par la suite, l'Europe reversa 19 millions d'euros pour différents projets d’incubation d’activités économiques nouvelles : c'est ainsi que naquit BioVallée en juin 2001. Constitué à l'initiative de l'Université Libre de Bruxelles, de l'Université de Mons-Hainaut et de l'intercommunale carolorégienne IGRETEC, le centre est au départ hébergé au sein des laboratoires académiques. Il lui faudra attendre fin 2003 pour avoir ses propres locaux.

Lien entre la recherche et les entreprises

BioVallée est aussi une association sans but lucratif qui se définit comme un lien entre la Recherche académique - l'Université Libre de Bruxelles, l'Institut de Biologie Moléculaire et Médicale (IBMM), l'Université de Mons-Hainaut (UMH) -, et l'Entreprise.
Les acquis scientifiques de ces établissements de recherche vont lui permettre de développer des produits et des services innovants dans tous les domaines des biotechnologies et ce, dans le but de créer des partenariats avec des entreprises privées spécialisées dans les sciences de la vie. Et d'amener des chercheurs à créer leur propre société.

Actuellement, BioVallée dirigé par Charles Bricman, Administrateur délégué, s'étend sur 4 000 m2 dont les 3/4 sont réservés aux laboratoires. Etablie sur l'Aéropôle de Charleroi, dans le voisinage immédiat de l'Institut de Biologie et de Médecine Moléculaire avec qui elle entretient des rapports étroits, l'association accompagne des programmes de recherche ciblés.

Le rez-de-chaussée du bâtiment est en grande partie occupé par une animalerie de 16 000 souris transgéniques. Sa spécificité est d'être entièrement en salle blanche avec le port de combinaisons spécifiques. La protection est maximale. Les animaux sont mis en quarantaine s'ils viennent de l'extérieur, mais en général, ce sont surtout des embryons qui entrent. Ces précautions sont nécessaires pour que l'étude des animaux transgéniques soit optimale. Il s'agit par exemple d'étudier les conséquences d'un gène sur une souris, sans qu'il y ait d'autres sources parasitaires.

Si le premier étage est réservé à l'administratif, le 2e étage héberge les chercheurs qui sont à la base des deux premières spin-off " pouponnées " par Biovallée.

La première baptisée "DNAVision" est spécialisée notamment dans l’analyse d’ADN pour l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire. Elle met notamment au point des tests génétiques qui permettent de prédire les effets secondaires des médicaments. L'autre société appelée "Delphi Genetics" s’appuie sur la technologie" poison/antidote ", brevetée par l’ULB et développe des outils de clonage et des kits de production de protéines à base de plasmides.
Nous reviendrons plus en détail sur ces sociétés lors de prochains articles.

Le 4e étage abrite un laboratoire de transgenèse de plantes basé sur le principe du Phytotron. Il s'agit de chambres climatiques avec une lumière contrôlée spécifique pour la pousse de plantes génétiquement modifiées. L'air y est filtré.

Des objectifs variés

Les deux missions de BioVallée sont d'une part de développer le centre de recherche appliquée et d'autre part de lancer de nouvelles spin-off.

Le Centre R&D de Biologie Moléculaire regroupe les activités des différents étages : animaux et plantes transgéniques, analyses génétiques et construction génétique (clonage).
40 personnes y travaillent dont 35 scientifiques (Docteurs, Bac + 5, techniciens Bac + 3) et le reste dans l'administration.

La structure d’incubation basée sur une étroite collaboration entre BioVallée et Wallonia Biotech accompagne les chercheurs non seulement en fournissant des locaux et des équipements mais aussi en apportant du personnel au début du lancement de l'activité. BioVallée aide les nouvelles spin off à développer leur activité et fait en sorte de les aider à commercialiser leurs produits, selon la demande du marché. En retour, l'incubateur reçoit un pourcentage sur le chiffre d'affaires de la société. La prise en charge au sein de l'incubateur dure trois ans au maximum.

Le Conseil d'administration de BioVallée composé d'un certain nombre de spécialistes issus des institutions fondatrices décide en accord avec le Comité scientifique de la marche à suivre pour les Spinoff. Tous les 3 mois environ, des réunions leur permettent de faire le point régulièrement sur chaque société.
Une Assemblée Générale a lieu chaque année.

Par ailleurs, BioVallée a signé un accordcadre de coopération avec l'association française ADEBAG (Association pour le développement des biotechnologies dans l'agglomération grenobloise). Ce partenariat a pour but de favoriser l'éclosion d'activitéséconomiques innovantes centrées sur les sciences de la vie et de la santé, dans les régions de Grenoble et de Charleroi. Charles Bricman rappelle d'ailleurs que "la coopération de sociétés d'origines diverses dans la conquête de marchés émergents est devenue une incontournable nécessité. Le temps n'est plus aux chercheurs solitaires. Il est auxéquipes et aux alliances fondées sur la complémentarité des savoirs et des
savoir-faire de leurs composantes…"


D'autres accords ont été passés avec l'Association GIGA (l'équivalent de BioVallée à Liège).

En 2005, l'équipe de BioVallée étudie un projet original fondé sur sa maîtrise des différents aspects de la conception, de la réalisation et de l’étude des souris transgéniques.
Cette création s'effectuera soit avec le concours d'un industriel souhaitant créer sa structure, soit avec celui d’un partenaire qui voudrait compléter sa gamme de produits. En mars 2005, l'association organisera un séminaire d'une journée consacré au "Facteur humain dans les biotechnologies".

Par ailleurs, le départ des spin off actuellement hébergées ouvrira le lieu à d'autres sociétés en création. Dans l'avenir, des embauches de scientifiques sont possibles, notamment de Docteurs en Sciences qui pourraient contribuer à la découverte de nouvelles activités. Une autre société consacrée aux plantes transgéniques pourrait aussi voir le jour.

Entre-temps, BioVallée aura participé au Carrefour des Biotechs" à Marseille et à Innovact", à Reims. D'autres occasions de renforcer ses contacts avec la France et de se faire connaître au-delà de la Belgique…

M. HASLÉ