Hors Série - Spécial 10 ans

France Biotech : les biotechnologies françaises, vers le rattrapage ?

France Biotech est l’association française des entreprises de biotechnologie et de leurs partenaires. Sa mission : contribuer à hisser l’industrie française des biotechnologies au rang de leader en Europe. France Biotech compte aujourd’hui 150 adhérents. Les entreprises de biotechnologie membres de l’association regroupent la grande majorité des investissements, des employés et des produits innovants du secteur.

«Les biotechnologies améliorent la qualité de la vie et en prolongent la durée. La France progresse globalement dans ce secteur, avec des entreprises dynamiques, mais des efforts restent nécessaires pour établir un environnement scientifi que, financier et réglementaire favorable. France Biotech entend en 2005-2006 avancer sur les travaux engagés pour l’adoption du statut de Jeune Entreprises Innovante Cotée et pour favoriser le financement des biotechnologies en bourse et sur une ambitieuse réforme de la recherche ; Notre objectif est de permettre à la France et à l’Europe de retrouver leurs places de leaders mondiaux» explique le Dr Philippe Pouletty, Président de France Biotech.

Un moteur pour une nouvelle politique de recherche et d’innovation en France

Dès sa création, France Biotech pousse le gouvernement à de grandes réformes structurelles en faveur de la recherche et de l’innovation, en démontrant, études économiques à l’appui, l’impact économique de la recherche et des PME innovantes. Les travaux se concentrent sur différents facteurs clés, tels que recherche académique, capital risque et marché boursier et l’association élabore des propositions de réformes détaillées.

France Biotech est ainsi inspirateur et moteur, directement et en partenariat avec le Conseil Stratégique de l’Innovation, d’une nouvelle politique de la Recherche et de l’Innovation en France. Après un plan biotech 2002, qui permet la création d’un nouveau fonds (FCJE) et des garanties Sofaris dédiées aux investissements biotech, les années 2003-2004 sont également fertiles, avec plusieurs réformes de fond, dont le statut de la Jeune Entreprise Innovante, les fondations de recherche, l’Agence Nationale pour la Recherche, l’engagement de l’assurance vie dans le capital investissement et la dernière proposition en date, le statut de JEIC.

Le point sur les biotechs en France à fin 2004

Le «Panorama des Biotechnologies en France» publié par France Biotech chaque année décrit les principales évolutions du secteur et les tendances et l’activité de financement au cours de l’année écoulée. Le constat établi fin 2004 est clair : «le secteur français des biotechnologies résiste à un environnement national dégradé, notamment à une panne de financement grave. 2004 a globalement confirmé les tendances 2003. 2005 sera donc une année décisive».

Parmi les éléments positifs, on observe une reprise des investissements à fin 2004, le montant des fonds levés à fin 2004étant supérieur à l’ensemble des fonds levés sur 2003 (178 millions d’euros d’investissements totaux à fin 2004 contre 157 millions d’euros l’année précédente).

En terme d’emplois, le secteur reste stable entre 2002 et 2003 (+ 2%), après 2 années de forte progression des effectifs (+ 45% entre 2001 et 2002).

Le nombre de médicaments en développement pré-clinique et clinique est également stable, avec environ 170 produits dans l’échantillon observé (dont 30 produits en phase I, 32 en phase II et 7 en phase III). Ce pipeline, qui est concentré au sein de 25-30 PME témoigne de la productivité et de la créativité des entreprises françaises, malgré des difficultés chroniques de financement.

Enfin, ce panorama établit un classement des sociétés, matérialisant ainsi la réalité d’un secteur auquel se réfèrent de nombreux acteurs, sans en définir précisément le périmètre. Les 15 sociétés françaises en tête de classement, parmi lesquelles figurent les sociétés cotées en bourse, emploient en moyenne 100 personnes, ont investi entre 3 et 30 millions d’euros en R&D en 2003 et ont levé plus de 50 millions d’euros depuis leur création. Elles ont plusieurs médicaments en développement et réalisent un CA variant de 5 à plus de 35 millions d’euros. «Le gros du peloton reste toutefois loin derrière» constate Philippe Pouletty.

Des évolutions positives

L’environnement institutionnel et financier s’améliore fin 2004, avec notamment les premiers effets des mesures majeures en faveur des entreprises innovantes : statut de la Jeune Entreprise Innovante (JEI) et engagement des assureurs d’investir 6 milliards d’euros supplémentaires dans les PME d’ici à 2007, mesures conçues et préconisées par France Biotech et le Conseil Stratégique de l’Innovation. Le dispositif de la JEI permet une exonération estimée à 9 à 10000 euros par employé et par an, soit en moyenne 17 à 20% de la masse salariale totale d’une entreprise. A fin 2004, près de 1000 jeunes entreprises avaient opté pour le statut, dont 150 dans le secteur des biotechnologies. Cette mesure renforce notablement l’attractivité du territoire et la compétitivité des entreprises innovantes françaises.

L’évolution de l’environnement de la recherche, également moteur pour l’industrie des sciences de la vie, est également marquée en 2005 par la création de l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR), dont France Biotech a recommandé qu’elle soit suffisamment indépendante dans sa gestion, bien dotée financièrement et focalisée sur les Sciences de la Vie et les Bionanosciences.

Mais encore du retard à rattraper...

Malgré ces tendances positives, la France reste globalement en retard par rapport à ses concurrents : tant au niveau des investissements publics en recherche dans le domaine des sciences de la vie, qu’au niveau des investissements réalisés dans les jeunes sociétés de R&D en sciences de la vie. L’effort français est environ 3 fois moindre - à PIB corrigé - que celui des Etats- Unis, et 2.5 fois inférieur à celu de la Grande-Bretagne en valeur absolue. On constate également que le montant total des fonds levés chaque année par l’ensemble de l’industrie nationale, y compris lors des «bonnes années», est très inférieur au coût de développement d’un seul médicament, estimé à plusieurs centaines de millions d’euros...

La France ne compte que 4 sociétés de biotechnologiescotées, contre 14 en Allemagne et 48 en Grande-Bretagne. L’Europe, dans son ensemble, souffre de la fragmentation de ses marchés boursiers et ne totalise que 106 sociétés cotées en biotechnologies, contre 324 aux Etats-Unis.

Réveiller l’investissement : JEI et JEIC

Dans le but de réveiller l’appétit des investisseurs institutionnels, France Biotech a dès l’origine soutenu la proposition du Conseil Stratégique de l’Innovation (CSI), Euronext et la Caisse des Dépôts et Consignations, de créer un statut de la Jeune Entreprise Innovante Cotée (JEIC). Ce statut est destinéà traiter le dernier maillon de la chaîne de financement, le marché boursier et l’inappétence chronique des investisseurs institutionnels pour les PME et les valeurs technologiques, en leur proposant des incitations fiscales fortes, génératrices de croissance.

« Si le gouvernement a pris d’excellentes mesures en faveur des entreprises, notamment des jeunes entreprises innovantes avec le statut JEI, et du capital investissement avec l’engagement des assureurs d’investir six milliards de plus en capital investissement, notre Panorama 2004 des biotechnologies en France démontre que la reprise mondiale n’a pas encore profité au secteur des sciences de la vie en France et en Europe, qui peine à faire émerger des champions », remarque Philippe Pouletty.. « Avec la mise en place des mesures complémentaires indispensables pour créer une chaîne de financement fluide et assurer la croissance des PME, avec le statut de la Jeune Entreprise Cotée, ce virage amorcé dans la bonne direction nous permettrait d’envisager un avenir vraiment plus souriant pour les biotechnologies françaises en 2005-2006. Une action d’envergure au niveau national en faveur du marché boursier viendra utilement compléter les mesures développées récemment par la Commission européenne pour tendre vers un marché boursier pan-européen, à savoir la Directive sur le Prospectus d’introduction en bourse unique, entrée en vigueur en juillet 2005, et la révision des droits de préemption dans le cadre de la Directive sur le Droit des Sociétés (Company Law Directive). Il serait dommage que les plus belles PME françaises et européennes se fassent racheter par des sociétés étrangères ou partent s’implanter ailleurs, faute d’un marché boursier leur permettant de financer leur croissance,» termine Philippe Pouletty.

L’Institut Européen Technologie : un projet ambitieux

Le CSI et ses partenaires, dont France Biotech, finalisent actuellement les plans opérationnels d’un projet ambitieux l’Institut Européen de Technologie de Paris (IET), institut de recherche interdisciplinaire en math, physique, biologie, chimie et orienté vers santé et les matériaux, qui aura pour objectif de se placer «parmi les 10 premiers pôles de recherche mondiaux d’ici 10 ans» et sera comparable au Massachusetts Institute of Technology (MIT) Boston ou à l’université d’Oxford en Grande-Bretagne.

«Il faut rapidement renforcer l’Ile-de-France avec un grand pôle de recherche fondamentale industrielle, dans les domaines la santé et des matériaux, ayant une masse critique suffisante pour peser dans la compétition internationale et pour dynamiser l’enseignement scientifique, l’investissement privé, la croissance et l’emploi, actuellement en difficultés dans notre pays», souligne le Dr Philippe Pouletty, également président du CSI.

Clubs et réseaux, partage d’expériences, communication en direction du grand public les autres chantiers de France Biotech

En pleine complémentarité avec son action sur l’environnement de la recherche et sur le fi nancement des entreprises de biotechnologie, France Biotech n’a cessé de travailler sur les autres facteurs clefs de développement de l’industrie : les hommes et perception du public .

Deux projets majeurs ont été menés bien en 2004 pour améliorer la perception que le public, presse, les parlementaires ont de la valeur sociale des biotechs le festival international du film de sciences de la vie, BioPicture, contribue à réveiller l’intérêt du public pour les biotechnologies (http://www.biopicture.com) l’Etude BioImpact sur l’impact des médicaments issus des biotechnologies sur la qualité de la vie et la longévité, présentée le 10 février dernier, établit la valeur médicale des médicaments que développent les entreprises de biotechnologie (www.bioimpact.org).

En complément des échanges d’expériences et des contacts qui se réalisent au sein des petitsdéjeuners organisés mensuellement par France Biotech à Paris et en région, plusieurs cercles de réflexion et d’action, ou « Clubs » internes à l’association, fonctionnent depuis quelques années : Le Club des CFO & DRH a produit une enquête sur les rémunérations dans la biotech française, le Club des Développeurs et Cliniciens quant à lui dispose maintenant d’une analyse détaillée du pipeline des sociétés, le groupe de Bioéthique organisera pour la 2ème année consécutive une Université de Bioéthique à Nîmes le 21 octobre prochain, et enfin France Biotech vient de réunir le Club des VCs France Biotech, les investisseurs français ayant décidé de travailler ensemble pour faciliter les introductions en bourse des sociétés de biotechnologie et de soutenir le statut de JEIC.

France Biotech n’a cessé au cours des dernières années d’oeuvrer pour permettre à l’industrie des biotechnologies d’être reconnue comme une industrie prioritaire. L’Association entend bien, par le biais de ses nombreuses actions, continuer à améliorer l’environnement économique, juridique, réglementaire et managérial des entreprises concernées. Les années à venir seront, à n’en pas douter, décisives pour ce secteur de pointe. A suivre....