Hors Série - Spécial 10 ans

Le marché du Laboratoire de 1995 à 2005 : un monde en mutation ...

Evolution ou révolution…

10 ans… c’est à la fois un cycle très court dans le domaine de la recherche scientifi que et si long dans la vie d’une entreprise… Ces dix dernières années illustrent bien ce paradoxe. Dans le domaine de la recherche scientifique, de la découverte d’une nouvelle molécule à son exploitation pour améliorer notre quotidien, que de patience, d’espoirs déçus mais aussi de réussites extraordinaires, d’évolutions majeures… une décennie, c’est bien court : ADN, OGM, DHEA, prions,… malgré tout, l’actualité scientifique fut très riche !

Dans le même temps, combien d’entreprises ont vu le jour, se sont développées, ont fusionné, ont disparu ? Jamais la pression n’a été aussi forte sur les sociétés. Les fournisseurs du Laboratoire, jusqu’alors plutôt protégés, se sont trouvé précipités dans cette spirale au milieu des années 90. Désormais, dans la vie d’une entreprise, dix ans c’est long. Qui se souvient encore des « business plan » à 5 ans du début des années 90, transformés rapidement en plannings à 2 ans, puis à 6 mois, doublés entre-temps de « reportings » trimestriels devenus hebdomadaires ?

Le CIFL* se doit d’être le lien entre ces deux approches et sa fonction s’est nettement enrichie en développant sa notoriété et son influence en interne auprès de ses adhérents, et en externe auprès des organismes publics et privés, des ministères de tutelle et des instances officielles. La création et le développement de Forum LABO et Forum BIOTECH représentent un exemple de sa démarche pour atteindre cet objectif. Cependant ses actions d’information et de représentation sont beaucoup plus larges et sont destinées à faciliter la vie des entreprises au quotidien.

Ainsi, un phénomène important a vu le jour dans notre profession, sous la pression du CIFL, depuis 10 ans : le développement d’enquêtes professionnelles sociales, statistiques ou organisationnelles, fait aujourd’hui la richesse de notre association et apporte des atouts importants à nos membres, tout comme l’échange régulier d’informations au cours de nos réunions périodiques. Ceci ne s’est pas fait sans une évolution des mentalités, liée à l’évolution même de notre marché devenu plus mature et moins « confortable » et qui doit désormais son essor à sa capacité d’adaptation plus qu’à ses facultés d’innovation. Il ne suffit plus d’offrir d’excellents outils si les services associés ne sont pas adaptés et ne répondent pas à l’attente de clients plus exigeants.

Plus de service et d’informatique

Le marché du Laboratoire en France représente un budget d’environ 1.3 milliards d’euros en 2005 (hors diagnostic médical). Plus de la moitié de ces ressources proviennent de trois segments d’activité majeurs : les Etablissements Publics Scientifiques et Techniques (CNRS, INRA, INSERM…), l’Industrie Pharmaceutique et l’Industrie Chimique, ce qui explique les tendances relevées depuis 10 ans, de l’évolution de ce marché.

Cependant, des secteurs moins conséquents mais dynamiques comme l’Agro-alimentaire, les Biotechnologies ou l’Environnement constituent de véritables leviers de croissance pour l’avenir de notre profession.
Pour aider les fournisseurs à bien connaître leur marché et à répondre aux besoins de leurs clients, le CIFL a fait réaliser une grande Étude et de nombreuses enquêtes qui lui permettent d’en suivre la progression.
Ainsi, on constate que la demande et l’offre technologiques évoluent de concert depuis 10 ans vers les outils biotechnologiques et l’innovation, en spectrométrie de masse ou en séquençage, par exemple.

Une évolution majeure de la dernière décennie en terme de technologie, concerne la place croissante de l’informatique et de l’automatisation dans l’instrumentation.
En même temps, les besoins en conseils et certifications ont incité les entreprises à développer une gamme accrue de services qui est venue compléter leur offre de produits.

Le CIFL a suivi de très près ces mutations et, pour répondre à toutes ces attentes, a conçu les manifestations Forum LABO en 1994 puis Forum BIOTECH en 2000. Elles sont rapidement devenues la référence et le rendez-vous de toute une profession. Un nouveau concept a été créé, plaçant la recherche et la science au cœur de nos préoccupations. Des conférences de grande qualité encadrent une exposition de produits innovants, en phase avec les aspirations d’une communauté scientifique de plus en plus exigeante.

Place à la sécurité et au principe de précaution

Depuis 1995, sécurité au laboratoire et principe de précaution sont devenus les maîtres mots de notre secteur d’activité ; la prévention est fondamentale et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Pour le fournisseur comme pour le chercheur, ces nouveaux préceptes entraînent une plus grande rigueur, caractérisée par le développement de normes, de bonnes pratiques et autres marquages CE.

Aujourd’hui, la protection des personnes et la protection de l’environnement sont des enjeux capitaux que nous intégrons dans toute démarche d’entreprise. Depuis 10 ans, la santé et les conditions de travail des salariés font partie de nos préoccupations majeures : les outils mis à leur disposition sont efficaces et adaptés, leurs déplacements sont mieux organisés, leur sécurité est assurée.

C’est dans ce contexte également qu’a été développée la Charte de Sécurité du CIFL. Elle répond à deux impératifs : la sensibilisation et la nécessaire protection des techniciens et scientifi ques qui manipulent des produits chimiques, des échantillons biologiques et des instruments sophistiqués dont on oublie rapidement à quel point ils peuvent devenir dangereux pour des personnes non averties. L’accent est mis également sur la récupération des déchets dans les laboratoires et la décontamination des appareils. Les mentalités ont beaucoup évolué dans ce domaine.

Une économie en mouvement

Depuis 1995, tant au niveau des fournisseurs de laboratoire que chez leurs clients, la mondialisation a fait son chemin. « Fusion-Acquisition » est un terme qui est devenu à la mode dans notre profession, jusqu’alors plutôt épargnée. Notre marché était très éclaté, les acteursétaient nombreux mais vulnérables. Achat de sociétés ou échanges d’actions, l’entreprise est devenue un produit qui se vend, change de nom, se modèle au gré des besoins, se découpe, se revend, rechange de nom… les exemples ne manquent pas, ni chez les fournisseurs ni chez les industriels. Le fichier « clients et prospects », principale valeur ajoutée d’une société de commercialisation, est obsolète en l’espace de 2 à 3 ans, ce qui est nouveau.

Autre facteur important pour nos entreprises, la mise en place de l’euro en 2002 a modifié l’approche économique des sociétés multinationales. Ces dernières ont tendance à rationaliser leurs coûts en Europe, en créant des centres européens uniques de logistique, de finance, de support, de marketing, etc. Souvent, seules les divisions commerciales (quelquefois une succursale) survivent dans chacun des pays de la CEE, l’aspect relationnel étant primordial dans cette fonction. C’est donc principalement dans leur structure que les entreprises ont le plus évolué. Ce phénomène continuera à se développer dans les prochains mois, d’autant que l’euro entraîne, petit à petit, une harmonisation des pratiques commerciales en Europe.

Information et communication

Dans nos métiers, il ne faut pas négliger l’impact d’internet qui a modifié sensiblement notre façon de travailler depuis 10 ans. Cet outil permet une diffusion rapide et complète de l’information : 98 % des fournisseurs présentent désormais leurs entreprises et leurs produits par ce biais. On y trouve, par exemple, des fiches de données de sécurité de produits chimiques, des documentations techniques, des communications scientifiques… Le e-commerce se développe graduellement et commence à trouver véritablement sa place après quelques tentatives infructueuses, notamment pour les produits et les consommables. On assiste aussi à la mise en œuvre de la dématérialisation des achats et des appels d’offres. Ainsi, cette décennie a vu naître le phénomène Internet, l’a vu grossir, se « dégonfler » puis reconquérir lentement sa place d’outil de marketing, non pas miracle, mais indispensable…

Dans le domaine de la communication et de l’information, il faut noter le rôle important du CIFL ces dernières années. Dans un climat d’incertitude, de doute, de mutations rapides et profondes, jamais les entreprises n’avaient autant ressenti le besoin d’échanger leurs expériences, de mettre en commun leur savoir-faire, d’être informées. Les fournisseurs sont beaucoup moins nombreux en 2005 qu’en 1995 sur le marché français (cf. fusions-acquisitions) et malgré tout, le nombre d’adhérents du CIFL n’a jamais cessé de croître. Ses actions se sont multipliées, la confiance s’est installée et son influence s’est accrue, tant en interne qu’auprès de ses partenaires scientifiques et officiels.
La Législation, le Code des Marchés Publics, la Sécurité, les Statistiques, les Services, la Formation, etc sont autant de sujets qui préoccupent l’ensemble de nos membres et sur lesquels nous leur apportons des réponses et des informations.

L’indispensable qualité relationnelle

Si le contexte et l’environnement ont beaucoup évolué en 10 ans, il reste une constante : les relations humaines.

Tout semble s’accélérer : le temps de travail réduit a entraîné pour tous une pression accrue et les objectifs sont désormais fi xés à très court terme pour les fournisseurs comme pour les industriels, mais le contact personnel reste fort. En effet, une transaction commerciale, c’est encore découvrir un besoin, comprendre une attente, proposer une solution, suivre une commande et satisfaire un client. Cet aspect est rassurant et c’est ce qui fait la force de notre profession qui trouve sa principale valeur ajoutée dans la qualité et la compétence de ses collaborateurs. Le monde bouge, c’est heureux ou dommage selon les cas, mais ce qui ne change pas et n’est pas prêt de changer, c’est le facteur humain dans nos métiers :équipes commerciales, de services et supports clients, ingénieurs d’application… restent des valeurs sûres de nos entreprises et c’est avec eux que nous construirons l’avenir.

Rendez-vous dans dix ans…

* le CIFL – COMITÉ INTERPROFESSIONNEL DES FOURNISSEURS DU LABORATOIRE – est une association qui regroupe, en France, 170 entreprises, fournisseurs de produits, services et instrumentation auprès des laboratoires de Recherche et de Contrôle, en Analyse et Biotechnologies.