Avril 1999 - n°37

Du Génie Chimique à la Production Pharmaceutique

Zoom sur une approche du procédé en galénique : la cofinition...

par Vincent LIMOUSIN, Directeur Promotion d'Interchimie, pour la 1ère Biennale des Technologies et des Processus Industriels

Qualité, compétitivité, innovation : des exigences de plus en plus fortes régissent aujourd'hui l'industrie pharmaceutique et doivent être gérées au quotidien par toutes les compétences de l'Entreprise : depuis le chimiste de R&D jusqu'au pharmacien responsable de la libération des lots...

La cofinition permet, par une approche pluridisciplaire, de créer les procédés répondant à ce nouveau cahier des charges...

Axe directeur du génie pharmaceutique : le passage de la molécule au médicament...

La molécule, chimique ou biochimique, se caractérise par sa formule chimique et sa pureté.

Le médicament, quant à lui, se définit comme un matériau, présentant une activité dosée, modulée, et réalisé dans des conditions agréées.

Ainsi, entre la molécule et le médicament, doit être validée une succession d'étapes intégrant en particulier l'état de solide divisé et sec, dit "principe actif" ; une appellation qui souligne, à la fois, la qualité d'activité et son inadaptation à être un médicament...

Tout au long de cette transformation, des difficultés plus ou moins nombreuses peuvent émerger en fonction de différents paramètres tels que le type de molécules, la forme, le procédé mis en oeuvre...

Le passage de la molécule au médicament implique donc, nécessairement, la maîtrise de ces contraintes, souvent identifiées sous trois registres :

- Chimie : stabilité, compatibilité de la formule, goût, définition de la composition...

- Procédé : dosage, mise en forme, conditionnement, reproductibilité, agrément, coût...

- Applications : biodisponibilité , solubilité, libération contrôlée, observance...

La finition

S'il n'y a pas ou peu d'interférence entre l'état thermodynamique du principe actif et les difficultés mentionnées ci-dessus (en terme de chimie, procédé et applications), le passage de la molécule au principe actif peut être réaliser comme une fin en soi.

On parle alors de "finition" du principe actif, puis, de "procédé secondaire" pour le médicament.

La transformation de la molécule en principe actif est réalisée par les chimistes. Grâce aux spécifications, ceux-ci optimisent cette transformation vers l'amont afin d'obtenir le principe actif à un coût minimal et selon un mode standard.

De manière générale, l'enchaînement des opérations est le suivant : cristallisation, filtration, séchage, puis conditionnement dans un polyvalent. Relativement simple, notamment du point de vue du fonctionnement vis-à-vis des spécifications chimiques, cette situation présente l'avantage de la commodité : commodité pour l'établissement du dossier, pour la vente du brevet à des tiers et pour l'indépendance des compétences.

En effet, c'est la science de l'ingénieur qui est mise en oeuvre jusqu'au principe actif, puis la science de la vie jusqu'au médicament...

La cofinition

Dans le cas où l'état thermodynamique du principe actif induit des propriétés irréversibles (donc irrattrapables dans le procédé secondaire) et où les spécifications ne peuvent proposer un principe actif intéressant, le passage de la molécule au médicament doit s'effectuer en concentrant l'effort sur le point clé de l'état à obtenir.

On parle alors de "cofinition" après le procédé chimique et avant la finition pharmaceutique.

La combinaison de certaines exigences conduit à préconiser la cofinition.

Il peut s'agir, par exemple, d'exigences :

- chimiques : concevoir un produit injectable, une forme orale...

- procédé : concevoir des produits directement compressibles, doser à 1/1000, moduler une dissolution, encapsuler, faire des monoparticules...

- applications : vectoriser, augmenter la solubilité, masquer le goût...

D'autres considérations plaident en faveur de la cofinition :

- raccourcir et simplifier le procédé ;

- maîtriser la qualité en amont ;

- introduire des formes nouvelles et les protéger par des brevets ;

- standardiser la finition pharmaceutique ;

- développer une politique technologique...

Avec la cofinition, la pharmacie commence dès la création du solide et la chimie ne finit qu'à la fin de la formulation. Il s'agit donc d'opérer dans la pluridisciplinarité.

Cette approche s'impose dans tous les cas où les formes sont des matériaux, car elle évite les ruptures de charge et permet de concentrer les compétences sur les points clés.

Elle exige, en revanche, la mise en place d'une structure particulière entre la préformulation et le procédé, entre la recherche et la production, entre les opérationnels et ceux qui viennent les appuyer...

Rappelons que, dans le cadre de la 1ère Biennale des Technologies et Processus Industriels -à Paris-Nord Villepinte-, un Atelier Pharmacie est organisé les 14 et 15 avril prochains, par l'Association INTERCHIMIE sous l'égide de l'Association des Galénistes de France.

Au programme : "Les matières premières et technologies d'aujourd'hui et de demain"...

- Fonctionnalité et caractérisation.

- Génie pharmaceutique et mise en forme des solides.

- Matériaux, formes innovante et aspects réglementaires.