Mai 1999 - n°38

Progrès dans le dépistage du cancer du col utérin

Un point de presse scientifique, faisant intervenir exclusivement des médecins spécialisés au niveau européen, a été organisé le 12 mars à Paris sous l'impulsion de Mr Tabonne, de la société MICROM France.
Cette réunion scientifique visait à mettre en commun et à comparer des résultats pour le dépistage du cancer du col de l'utérus, obtenus d'une part par frottis conventionnel et, d'autre part, grâce à une nouvelle approche de prélèvement en milieu liquide. Ces nouvelles techniques sont souvent appelées MONOCOUCHES.

Le frottis conventionnel a permis depuis plus de 50 ans de diminuer régulièrement de 70 % à 50 % le taux de cancer du col utérin. Le frottis du col de l'utérus est une méthode de dépistage efficace pour les lésions précancéreuses et cancéreuses du col. L'efficacité de la démarche de dépistage implique un suivi des femmes après le frottis, afin de déceler les faux négatifs (qui seront découverts ultérieurement) et d'enregistrer les protocoles thérapeutiques des cas positifs. Dans un frottis, la qualité des résultats dépend fortement du préleveur. A l'origine, le dépistage par prélèvement à la spatule d'Ayre était jugé suffisant par rapport aux buts assignés.
Cette technique implique le respect d'un certain nombre de recommandations :
- le prélèvement doit être effectué à distance des rapports, en dehors des périodes menstruelles, à distance de toute thérapeutique locale.
- Il concerne la totalité de l'orifice cervical externe.
- Le matériel prélevé est étalé de façon uniforme sur une lame puis rapidement fixé.
Cette technique proposée par Papanicolau a démontré, lorsqu'elle est appliquée systématiquement à l'échelle d'une population, sa capacité à infléchir significativement la mortalité par cancer du col. A l'heure actuelle, en France, 80 % des 4 millions de frottis cervicaux annuels sont réalisés avant 50 ans. Au moment où les cancers invasifs atteignent les taux d'incidence les plus élevés, seulement 20 % des femmes ont des frottis. Le frottis a une sensibilité de l'ordre de 50 %, cette dernière augmente avec sa répétition et peut atteindre 90 %. Par contre, le frottis de dépistage a une bonne spécificité de l'ordre de 98%, permettant de limiter les surcoûts du dépistage.

Les faux négatifs

L'échantillon cellulaire prélevé par cette méthode présente des insuffisances.
Le prélèvement conventionnel à la spatule d'ayre dépend du préleveur et des conditions de prélèvement.
La lame de frottis ne comporte en moyenne que 18% des cellules prélevées selon la technique conventionnelle. 80% des cellules restant sur l'instrument de prélèvement sont jetées.
La qualité de réalisation de l'étalement du frottis est opérateur dépendant. Tout retard à la fixation génère des artefacts lors de la lecture.
Enfin le faux négatif cytologique peut également résulter d'un screening inattentif ou d'une mauvaise interprétation des cellules observées.

Les nouveaux défis

Le cancer du col utérin peut être considéré comme HPV dépendant. Ce virus produit au niveau cellulaire des remaniements visibles, lentement progressifs, identifiables par l'examen microscopique. Son intégration dans le génome humain dans le noyau de la cellule lui confère la plénitude de son agressivité cancéreuse.

La connaissance de l'histoire naturelle des lésions précancéreuses du col utérin a déplacé le seuil tolérable d'identification des lésions, passant de cellules cytologiquement malignes à des cellules présentant des atypies de plus en plus discrètes dont on peut suspecter l'infection par le virus HPV.

L'obligation de reconnaître ces lésions débutantes et d'identifier les stigmates les plus subtils de l'infection par le virus HPV place le pathologiste responsable en face d'un dilemme : resserrer les mailles du filet de la cytologie de dépistage puis ultérieurement pouvoir identifier les séquences virales dans les cellules.

Les nouvelles options

La mise au point de nouvelles méthodes de préparation de l'échantillon cellulaire avec mise en suspension préalable des cellules recueillies a pour but de standardiser la procédure pour une préparation homogène des cellules prélevées.
Le prélèvement des cellules se fait selon les mêmes modalités que dans la technique classique mais en un seul temps.

Le recueil de l'échantillon se fait avec la Cervex Brush dont la tête détachée de son mandrin est placée dans un flacon contenant un liquide conservateur approprié et spécifique.

Le traitement de l'échantillon, au laboratoire, peut être automatique, semi-automatique ou manuel.

Une partie de l'échantillon cellulaire est utilisé, le reste est conservé en vue de la réalisation d'explorations complémentaires en fonction du résultat, et peut également servir pour des travaux de recherche sur les oncogènes cellulaires.
Dans cette technique, il est possible de concentrer le nombre de cellules en cas d'échantillon peu cellulaire (ménopause) ou à l'inverse, de diminuer la densité cellulaire d'un prélèvement trop abondant.
L'échantillon cellulaire examiné est représentatif de la population cellulaire recueillie.

Il n'y a plus de manipulation des cellules lors de l'étalement et/ou de la fixation. Les cellules sont dans un parfait état de conservation et les lames obtenues, de qualité constante. Il s'agit d'étalement en couches minces dont les cellules vont bénéficier d'une coloration régulière.
L'utilisation d'un phase de sédimentation à travers un gradient de densité réduit la composante inflammatoire sans en modifier la spécificité, tout en permettant une lecture correcte des cellules et donc un screening de qualité.

L'automatisation de toute la procédure d'étalement et de coloration apporte une qualité constante et optimale à la présentation en une seule couche de cellules : en facilitant leur observation, elle améliore leur interprétation. Le screening s'en trouve facilité dans l'analyse, et la lecture moins fastidieuse. La méthode manuelle ou semi-automatique peut s'adapter à des structures de moyenne importance et ne fait appel à aucune maintenance.

Le screening des échantillons nécessite une phase d'adaptation de la part des pathologistes et des cytotechniciennes. Cette méthode ne peut compenser des connaissances cytologiques insuffisantes.
Cette méthodologie pourra permettre dans un avenir proche d'effectuer un screening assisté par ordinateur avec possibilité de contrôle de qualité interne permanent.

Actuellement l'expérience de trois intervenants portant sur plus de 190 000 patientes confirme la fiabilité de la technique, les progrès apportés dans la qualité des échantillons et l'amélioration de la lecture cytologique.

La méthode de prélèvement en milieu liquide permet d'augmenter significativement la sensibilité de la cytologie de dépistage. Elle diminue le taux des ASCUS, améliore l'identification des lésions de Bas et Haut grade et réduit considérablement le nombre de frottis ininterprétables ou à recontrôler.
Seule ombre au tableau, cette méthode a un coût technique qui, pour l'instant (achat du kit pour chaque patiente), est supérieur à celui d'un frottis traditionnel. Son utilisation comme alternative au frottis conventionnel permettrait de réduire la dépense de santé induite par les frottis refaits lorsqu'ils sont :
- non interprétables
- de mauvaise qualité
- non significatifs
- trop inflammatoires

MICROM France