Avril 2003 - n°77

Contraintes d’utilisation des postes de sécurité microbiologiques

Dans le cadre de la manipulation de microorganismes ou de produits pathogènes, il convient de mettre en œuvre une protection de l’opérateur et de son environnement. Celle-ci peut être conjuguée à une protection du produit manipulé, si sa sensibilité à la contamination particulaire l’exige (i.e. : cultures cellulaires, cytotoxiques, boîtes de Pétri…).

Les postes de sécurité microbiologique (PSM) proposent une protection de l’opérateur contre la contamination aéroportée ainsi que, selon la catégorie du PSM, un confinement dynamique des produits manipulés.
Les agents pathogènes se classent en quatre groupes selon leur caractère infectieux, ainsi les pathogènes du groupe 4 peuvent être manipulés dans un PSM de classe III.
Trois classes de postes de sécurité microbiologique sont à distinguer :
Les Normes qui s’appliquent depuis le 1er Janvier 2003 pour les PSM sont l’EN 12469.
Qui se décline en :

- NF-EN 12469 en France
- BS-EN 12469 en Grande Bretagne
- TUV-EN12469 en Allemagne

(Jusqu’en 2002, la norme AFNOR X44-201 définissait les principes associés aux PSM. Depuis 1995, le LNE a été mandaté et a créé le label NF en ajoutant des contraintes à celles imposés par l’AFNOR)

Les PSM de classe I

Anciennement nommés " hottes à Bacilles de koch ", ils assurent uniquement la protection de l’opérateur en établissant un écoulement d’air vers l’enceinte, placée en dépression.

L’air aspiré est rejeté dans l’ambiance de travail après passage au travers d’un filtre HEPA.

Ces systèmes ne garantissent aucune protection du produit.

Les PSM de classe II (IIa et IIb)

Ces équipements vont organiser l’écoulement de manière à orienter un flux d’air filtré vers le produit manipulé. Une veine de garde située à l’avant du plan de travail guide l’écoulement de l’air prélevé au niveau de l’opérateur sous le plan de travail. L’air, puisé dans l’ambiance de travail, pénètre dans le PSM par la veine de garde et est acheminé vers le plenum, soit directement (IIA), soit après passage au travers d’un filtre HEPA placé sous le plan de travail (IIB). Par la suite, ce flux transitera soit au travers, du filtre HEPA de soufflage, soit au travers du filtre HEPA d’extraction.

La distribution des flux s’effectue ainsi :

30% de l’air est aspiré en permanence au niveau de l’opérateur
70% de l’air est recyclé vers le plan de travail et passe au travers du filtre de soufflage.
30% de l’air pris dans le plénum passe au travers du filtre d’extraction.
La vitesse moyenne d’aspiration au niveau de l’ouverture frontale du PSM doit être de 0,4 m.s-1± 10%.

Les PSM de classe III

Les PSM de classe III représentent un équipement en dépression par rapport à à son local d’iplantation, et qui, comme un isolateur dont l’utilisation reste discrète, permettent la manipulation de souches à l’aide de gants intégrés à la structure. L’air alimentant le PSM est filtré ainsi que l’air extrait. Des pathogènes de type 4 peuvent y être manipulés. Cette classe de PSM n’est pas concernée par les propos qui suivent.

Conseils d’utilisation et d’installation des PSM de classe I et II:

Ne pas installer un PSM dans une zone où les courants d’air sont inévitables.
Des erreurs inhérentes à l’implantation peuvent, lors de la présence de courants d’air orientés vers le panneau avant ou vers l’extraction du PSM, nuire aux vitesses d’écoulement de l’air dans l’enceinte et augmenter les risques de mise en contact de l’opérateur avec son produit.

Les opérateurs devront porter des tenues de protection
Le port de gants et de blouses adaptés aux risques inhérents aux produits et microorganismes manipulés est obligatoire. Ces outils de sécurité peuvent être associés à des lunettes et / ou à des masques.

Une zone de travail dans laquelle l’air ne doit pas être perturbé est à imposer
Cette zone autour du PSM, incluant la présence de l’opérateur ne doit ni être proche d’un obstacle mobile (porte, chariot, chemin de passage…) ni d’un obstacle fixe (mur en regard, PSM en regard, mur adjacent, plafond trop proche de l’extraction…). Les distances frontales et latérales entre le PSM et les différents obstacles et la distance sous plafond, imposées par le constructeur, doivent être respectées.

Ne jamais obstruer ou encombrer la veine de garde
Conséquences : interruption de la protection dynamique de l’opérateur. Risque de diffusion dans l’ambiance de travail du(es) produit(s) présent(s) sur le plan de travail.

Ne pas travailler au plus près de la veine de garde
La position du manipulateur doit être définie et strictement respectée. La conséquence de manipulations avec le torse proche du poste de travail résulte dans l’interruption de la protection dynamique de l’opérateur. Il en va de même pour la position des produits sur le plan de travail. Le risque principal réside dans la diffusion dans l’ambiance de travail du(es) produit(s) présent(s) sur le plan de travail. A partir de la norme EN12469, applicable depuis Janvier 2003, les fabricants de PSM ont pour obligation d’établir la zone du plan de travail dans laquelle les fonctions du PSM sont assurées.

Ne jamais obstruer la bouche de reprise située à l’arrière du plan de travail
Conséquences : la reprise du flux d’air filtré s’effectuerait en partie au niveau de la veine de garde réduisant fortement la protection dynamique de l’opérateur. Risque de diffusion dans l’ambiance de travail du(des) produit(s) présent(s).

Toujours maintenir une hauteur d’ouverture à 20 cm lors de l’utilisation du PSM
Cette hauteur assure le maintien des vitesses frontales d’écoulement et permet de garantir la performance de chaque matériel. Cette ouverture peut être manipulée lors des phases de nettoyage ou des phases de maintenance (étalonnage, décontamination).

Ne jamais intervenir sur le plenum ou les filtres sans avoir décontaminé le PSM
Les produits ayant transité à l’intérieur du PSM sont potentiellement concentrés au niveau du plenum. Leur inactivation par un composé biocide est nécessaire, à savoir, formaldéhyde, peroxyde d’hydrogène, acide peracétique...
Le formaldéhyde actuellement utilisé, est classé potentiellement carcinogène pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer (69). Le peroxyde d’hydrogène constitue une alternative efficace au formaldéhyde.

Ne jamais nettoyer le PSM en fonctionnement par aspersion directe sur les surfaces
L’air repris, chargé de particules du produit de nettoyage ira colmater les filtres de soufflage et de reprise. Cette méthode, privilégiée à une époque, doit être abandonnée au profit du passage sur toutes les surfaces d’une chiffonnette humidifiée par le produit de nettoyage.

Ne jamais poser des chiffons en non-tissé près des bouches de reprise et éviter de les insérer sous le plan de travail ou sur les cotés de celui-ci.
Le chiffon peut être aspiré vers le ventilateur du poste de sécurité et s’insérer dans ses palettes. Ce type d’incident occasionne une augmentation du bruit de fonctionnement de cet équipement lui-même générant une alarme de colmatage de filtre par augmentation de la perte de charge à laquelle le ventilateur est soumis. La vitesse du flux risque de ne plus être suffisante. Cet incident implique une intervention, après décontamination du PSM, pour pouvoir déloger l’objet indésirable.

Jean-Marc HANNA
BIOQUELL France