Octobre 1996 - n°11

COMEX - ASSISTANCE PUBLIQUE DE MARSEILLE- UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE

Une association tripartite pour un projet de recherche unique en culture cellulaire

 

D'un côté la COMEX et les technologies de l'extrême en milieu sous-marin, de l'autre les laboratoires de l'APM et de l'université de la Méditerranée et les techniques de culture cellulaire.
Des spécialistes internationaux chacun dans leur domaine pour une association inattendue et un projet de recherche original: I'observation des effets de la pression et des gaz sur des cultures de cellules humaines.
COMEX, créée en 1961 à Marseille, a contribué de façon majeure au développement de l'ingénierie sous-marine. Première société au monde à se doter d'un Centre d'Essais Hyperbares, elle est leader mondial de la plongée industrielle et de l'hyperbarie.
COMEX possède une connaissance approfondie des milieux extrêmes, de leur reconstitution artificielle et de leur automatisation
"COMEX...", nous apprend Bernard GARDETTE, Docteur ès Sciences et Directeur Scientifique "...a toujours su adapter et développer son savoir faire vers d'autres secteurs: le nucléaire avec COMEX NUCLEAIRE SA, le secteur hospitalier avec COMEX PRO SA. Ici, il s'agit de mettre à profit nos compétences pour ".plonger" des cultures de cellules humaines dans un caisson où la pression et les gaz sont maîtrisés."
La COMEX s'occupe donc de l'environnement des cultures, tandis que la préparation des cellules et l'évaluation des effets après culture en milieu extrême sont réalisces par le Professeur José SAMPOL.
Le Professeur SAMPOL est chef de service du laboratoire d'hématologie de l'hôpital de la Conception et responsable du département d'hématologie et immunologie de l'UFR de Pharmacie. Ces deux laboratoires sont spécialisés dans l'étude des cellules endothéliales et leur implication dans la physiologie des maladies cardio-vasculaires.
Le Pr. J. SAMPOL et son équipe sont à l'origine de nombreuses publications internationales et sont les leaders français dans l'étude de l'endothéllum vasculaire.
" Ce projet avec la COMEX est dans la continuité de nos recherches...„ nous explique le Pr. SAMPOL, "...nous allons obtenir des éléments complémentaires en terme de comportement vasculaire en milieu extrême. Les cellules de l'endothélium vasculaire cultivées in vitro à partir de veines de cordons ombilicaux humains (cellules HUVEC) sont étudiées dans nos laboratoires dans le cadre de la recherche fondamentale et clinique. Nous allons observer leur développement et leur différenciation dans des conditions d'hypo- / hyperbarie et d'hypo- / hyperoxie"
Le caisson, dans lequel sont plongées les cellules, fabriqué pour cette étude par les ingénieurs de la COMEX, est de 22 litres. Réalisé en inox. il possède une double enveloppe pour la régulation de la température à 37 °C +/- 0,1 °C. Mis à part le C02 consigné à 5 %, tous les autres gaz sont modulables: oxygène, azote, hydrogène, hélium... Ia pression maximale applicable dans l'enceinte du caisson est de 140 bars, soit 140 fois la pression atmosphérique ou encore, comme nous l'indique Monsieur GARDETTE, habitué à parler en distance sous- marine, 1400 mètres sous la mer ! Tous ces paramètres sont entièrement automatisés et gérés grâce à un programme réalisé pour l'occasion. Cette étude ne s'arrête pas aux cellules HUVEC, d'autres cellules, dont les cultures sont parfaitement maîtrisées, sont aussi observées 11 s'agit dans un premier temps de cellules mélanocytaires normales et de mélanocytes tumoraux issus de lignées cellulaires ainsi que de kératinocytes cultivés à partir du prélèvement de peau humaine.
La culture de kératinocytes humains est réalisée fréquemment par le laboratoire de José SAMPOL à la Conception dans le cadre d'autogreffes pratiquéss par le service de chirurgie réparatrice et des brûlés.
Dans l'état actuel des techniques de culture, le temps nocessaire pour obtenir des épidermes de culture destinés à une autogreffe est de l'ordre de 3 à 4 semaines. Cette étude poussée sur les kératinocytes peut déboucher sur de nouvelles conditions de culture permettant une croissance et une qualité optimales de l'épiderme à greffer.
Un autre aspect de ce projet est la mise au point d'un incubateur avec gestion automatisoe de la culture cellulaire: température, gaz, hygrométrie mais surtout, et c'est le plus difficile, avec renouvellement automatique du milieu de culture. Actuellement, la culture cellulaire nécessite de nombreuses manipulations, les cellules sont changées manuellement.de milieux tous les 3 jours Une automatisation entraînerait une meilleure reproductibilité et, dans le cas des kératinocytes, ce type d'incubateur pemettrait d'envisager une production " industrielle" d'épiderme destiné aux autogreffes mais aussi aux tests toxicologiques et pharmaceutiques.
Ce projet de recherche innovant donne une ouverture nouvelle à la culture cellulaire grâce à l'automatisation et à la variation des paramètres atmosphériques. Il peut générer des applications médicales et industrielles nombreuses. Des atouts qui ont motivé le soutien du Conseil Général et du Conseil Régional.Le premier a apporté les fonds pour l'acquisition et la fabrication du matériel spécifique à l'étude et le second finance en partie le fonctionnement des expérimentations.

V. CROCHET