Décembre 2000 - n°63

La stratégie de recherche DUPONT DE NEMOURS dans le domaine de l'agriculture et des produits phytosanitaires

Sous la présidence du Professeur Hubert CURIEN, le Club " Stratégie de Recherche " de la Maison Européenne des Technologies (Université Paris 6) donne la parole à Hervé de TROGOFF, Directeur Général Agriculture Europe DUPONT DE NEMOURS.

DU PONT DE NEMOURS : 200 ans déjà

En 2002, cela fera 200 ans que DUPONT DE NEMOURS existe.

" Notre histoire est construite sur l'évolution des sciences ", nous explique M. de TROGOFF. " Du Pont de Nemours vit en effet par la science et aussi un peu ... pour la science ".

Aujourd'hui, le Groupe emploie 97 000 salariés ; il compte 75 centres de recherche et près de 130 sites de production et de transformation répartis dans le monde entier. Ses activités font figure de référence sur des marchés très diversifiés :

- les produits chimiques de base, parmi lesquels quelques fibres comme le Nylon, le Dacron et le Lycra, qui sont utilisés quotidiennement dans l'habillement

- le secteur automobile, dans lequel le Groupe s'impose au rang de leader mondial dans le domaine des peintures

- la construction, domaine pour lequel DUPONT DE NEMOURS fabrique notamment des fibres non tissées totalement imperméables, utilisées sur les autoroutes.

" L'agro-alimentaire représente un peu plus de 11 % de notre activité ", poursuit Hervé de TROGOFF. " Par ailleurs, notre chiffre d'affaires provient à hauteur de 9% du secteur de la santé ; quant à l'électronique et à l'aéronautique, il s'agit de deux secteurs en plein développement... "

Chez DuPont de Nemours, le budget de R&D s'élève à 1,6 milliard de dollars (pour un chiffre d'affaires global de 27 milliards de dollars), dont 45 % sont consacrés à la pharmacie, 35 % à la biologie, aux plantes et à l'alimentation, et 20 % aux autres domaines plus traditionnels de la chimie.

Près de 10 000 chercheurs collaborent aujourd'hui au sein du Groupe. Deux grandes orientations structurent sa stratégie : " Santé Humaine " d'une part, " Santé Végétale, Amélioration des plantes et Alimentation ", d'autre part.

La biologie végétale : une discipline prometteuse

" Après avoir développé durant plus des deux premiers tiers du XXè siècle des compétences en mathématiques, physique et chimie, nous nous sommes rendus compte à la fin des années 1970 qu'une discipline nouvelle, la biologie végétale - complémentaire de nos savoir-faire traditionnels - se profilait à l'horizon ", souligne M. de TROGOFF. " Pour devenir un véritable acteur dans ce domaine, il nous a fallu investir massivement. Mais cette démarche nous a permis d'acquérir progressivement de nombreuses compétences sur de multiples thèmes : les voies métaboliques, la technologie des protéines, la microbiologie, la fermentation, l'expression des gènes et l'analyse de leurs fonctionnalités, les biomatériaux, la bio-ingénierie en général, mais aussi toute la chimie combinatoire. "

Citons pour exemple les recherches menées par l'équipe Phytosanitaire, sur plus de 250 000 échantillons annuels. Contrairement au début des années 90 où l'Unité traitait environ 65 000 échantillons par an, il est aujourd'hui illusoire de penser travailler sur des plantes grandeur nature ; aussi, pour remédier à ce problème, DUPONT DE NEMOURS a été amené à développer des outils de tamisage in vivo aux dimensions réduites.

" Nous travaillons sur des micro-plantes, sur des micro-insectes, sur des maladies diverses, dans des puits qui font 5 ou 6 mm de profondeur maximum ", complète M. de TROGOFF. " Nous faisons du screening in vivo et non pas in vitro. Notre objectif n'est donc plus d'essayer d'optimiser tout ce qui sort, mais véritablement de ne développer que des molécules induisant des changements qualitatifs ou quantitatifs importants dans la production des plantes. Pour nous, il s'agit là d'une véritable révolution que nous devons pour l'essentiel à l'industrie pharmaceutique... "

C'est ainsi que DUPONT DE NEMOURS intègre au quotidien les biotechnologies et ce, sur des opportunités de marché extrêmement diversifiées et non spécifiquement ciblées sur la santé humaine ou le végétal.

Technologies nouvelles et protection de l'environnement

Protection et amélioration de l'environnement : un second défi auquel s'attache au quotidien DU PONT DE NEMOURS dans le cadre de ses travaux .

" Pour permettre à une agriculture d'être durable et de répondre aux défis de demain, il faut mettre au point dès aujourd'hui des technologies nouvelles ", affirme M. de TROGOFF. " Deux objectifs sont essentiels :

- mieux maîtriser les problèmes de résistance (contrôle des maladies ou encore des insectes) grâce à la convergence entre la chimie et la génétique dans le domaine de la production ;

- améliorer la qualité des produits récoltés, et en priorité des quatre cultures les plus importantes ­ maïs, soja, blé, riz -, afin que le consommateur puisse en tirer véritablement un bénéfice. "

C'est tout particulièrement vers le second point et les nouvelles technologies impliquées que DU PONT DE NEMOURS a choisi d'orienter ses recherches. Une volonté qui, depuis 3 ans, s'est notamment traduite par l'élargissement du champ d'expertise, de l'activité traditionnelle dans la protection des cultures vers les vecteurs majeurs de l'innovation technologique :

ƒ sur le marché de la semence maïs, avec l'acquisition de 20 % de PIONEER, leader mondial dans le domaine des hybrides de maïs

ƒ sur celui du soja, avec le rachat de la société PROTEIN TECHNOLOGIES INTERNATIONAL, dont l'objectif est de commercialiser des isolats de protéines de soja destinés à l'agro-alimentaire et à la diététique

ƒ dans le secteur du blé, par l'acquisition d'HYBRINOVA, PME française productrice d'hybrides de blé... acquisition suivie du rachat d'une entreprise britannique : le Cereal Innovation Centre (CIC).

A noter, également, le remarquable dynamisme de la société DUPONT QUALICON. Née des recherches du Groupe, QUALICON a en effet, tout d'abord, été centrée sur la détection de contaminations bactériennes dans la chaîne alimentaire. Elle vient aujourd'hui d'obtenir l'autorisation de commercialiser un test de détection des salmonelles, et développe en parallèle des systèmes de détection d'OGM qui devraient être proposés dès cette année.

" Nous pourrons alors réaliser non seulement de la traçabilité extrinsèque, mais également de la traçabilité intrinsèque, ceci à toutes les étapes de la chaîne alimentaire ", souligne Hervé de TROGOFF.

" La traçabilité est compliquée et coûteuse, c'est vrai, mais elle est aujourd'hui réalisable ; à plus ou moins long terme, nous parviendrons à la mise en place de systèmes de certification du type ISO 9000 ou 9001, 12000 et 14000. Mais avant d'en arriver à cette situation idéale, il est important d'aider le producteur, tout en apportant au consommateur la certitude qu'aucune fraude n'a pu être commise tout au long de la chaîne...C'est l'objet de notre travail avec Du Pont Qualicon, qui nous apporte l'outil indispensable dans le domaine de la sécurité alimentaire. "

DU PONT DE NEMOURS s'impose aujourd'hui comme le premier producteur mondial de produits agricoles complètement tracés. Cette année, ce sont plus de 7 millions d'hectares de soja et de maïs que le Groupe produira et suivra rigoureusement, tout au long de la chaîne agro-alimentaire...

Vous avez dit Club Stratégie de Recherche ?

Favorisant des rencontres régulières de haut niveau et une réflexion commune, le " Club Stratégie de Recherche " de la MET (Université Paris 6) renforce la collaboration entre recherche publique et privée.

Les participants sont des responsables et dirigeants d'entreprises, de laboratoires publics ou de grandes institutions, à l'échelon régional, national ou international. Les personnalités invitées débattent avec les participants des enjeux de la recherche dans le contexte économique actuel et futur.

Principe :

Le nombre de participants est généralement limité à environ 50/60 personnes, en respectant un équilibre entre recherche industrielle et académique. Suivant la nature conférée à la réunion, présentation par un intervenant unique ou table ronde, la forme varie d'un petit-déjeuner débat de deux heures à une demi-journée de travail.

Fréquence des réunions :

Cinq à six réunions par an, programmées plusieurs semaines à l'avance. Quelques réunions complémentaires (de 1 à 4 environ) sont organisées, sur demande, sur des thèmes d'actualité.

Contact :

Françoise MULLER

Maison Européenne des Technologies / MET