Décembre 2001 - n°63

MilleGen : de nouveaux outils pour la génomique et la protéomique

La start-up toulousaine MilleGen évolue dans les domaines de la biologie combinatoire, de la protéomique fonctionnelle ciblée et de la thérapie cellulaire. Ses programmes de recherche et développement sont plus particulièrement centrés sur la mise au point d'outils pour la mutagenèse aléatoire et la riboprotéomique. Le but est de proposer ces méthodes innovantes en services aux industriels et laboratoires de recherche et également de les valoriser en interne en développant des molécules d'intérêt thérapeutique. Si le cœur de l'activité de MilleGen est la R&D, la société a également fait le choix stratégique de valoriser ses compétences et équipements en proposant des prestations de services auprès des laboratoires de recherche publics et privés : séquençage d'ADN, synthèse de peptides, production de protéines recombinantes ou d'anticorps polyclonaux. Deux années après sa création, MilleGen emploie 11 personnes et va prochainement renforcer son équipe par de nouveaux chercheurs et des ingénieurs technico-commerciaux. La société dirigée par Hakim Kharrat poursuit son développement en accord avec les prévisions initiales (cf. les archives de La Gazette du Laboratoire sur http://www.gazettelabo.fr - n° 46 - mars 2000) : la technique de mutagenèse aléatoire est aujourd'hui opérationnelle, les recherches en riboprotéomique avancent et l'installation prochaine au sein de Prologue Biotech ne pourra que faciliter son essor.

Bientôt des locaux au sein de Prologue Biotech

C'est avec la dotation de 2 millions de francs de l'Anvar que Hakim Kharrat crée MilleGen en janvier 2000, le concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes lancé en 1999 lui a doublement réussi puisque son dossier a été distingué à deux reprises, une première fois en 1999 dans la catégorie "émergence" et l'année suivante dans la catégorie "création". Les bureaux de la start-up sont installés sur Théogone, le Centre Européen d'Entreprise et d'Innovation du Conseil Général tandis que ses plateaux techniques sont répartis sur trois sites : l'Institut de Pharmacologie et de Biologie Structurale (IPBS), une unité CNRS avec laquelle MilleGen développe une étroite collaboration scientifique, la faculté de pharmacie et l'hôpital de Rangueil. Un éclatement géographique qui sera bientôt révolu puisque la jeune société sera parmi les premières start-ups à intégrer Prologue Biotech, la nouvelle pépinière d'entreprises de Toulouse Sud-Est dédiée aux biotechnologies dont la livraison est prévue pour mars 2002. "Nous avons réservé 200 m2 de locaux où nous pourrons installer nos différents plateaux techniques pour le service à façon et pour nos programmes de recherche et développement" se félicite Hakim Kharrat. Pour accompagner son développement, la société a procédé récemment à une première levée de fonds de 4 millions de francs auprès de l'Institut Régional de Développement Industriel (IRDI), de SOCRI (Sud-Ouest Capital Risque Innovation) et de partenaires bancaires. "Cette première levée de fonds intervient assez tard car jusqu'à présent, nous avons obtenu d'autres voies de financement avec notamment plus de quatre millions de francs alloués pour notre participation à des programmes de recherche au sein du 5ème Programme Cadre de Recherche et Développement (PCRD) et du réseau de recherche et d'innovation technologiques GenHomme" précise Hakim Kharrat. Par ailleurs, les prestations de service comme le séquençage d'ADN et la synthèse de peptides apportent un chiffre d'affaires appréciable pour financer en partie les programmes de recherche et développement de la société. "La concurrence sur ce type de services est forte mais les clients essaient de multiples fournisseurs et quand ils viennent nous voir, nous arrivons à les fidéliser par la qualité et le choix de nos prestations, nous développons un véritable service après vente" explique Hakim Kharrat, "aujourd'hui, nous devons faire face à un accroissement rapide de cette activité et nous avons déjà investi 4 millions de francs dans de nouveaux équipements pour adapter nos capacités à la demande" poursuit le P-DG de MilleGen.

La plate-forme de mutagenèse aléatoire est opérationnelle

Conformément aux prévisions, l'outil de mutagenèse aléatoire attendu pour fin 2001 est finalisé. "C'est un système innovant et propre à MilleGen qui allie facilité et rapidité" précise Hakim Kharrat. Le principe est de créer à partir d'un gène une banque de mutants aléatoires et de cribler parmi cette diversité l'activité recherchée. La technique permet de contrôler le taux de mutagenèse selon quatre niveaux : faible, moyen, supérieur et très supérieur. La valorisation de cet outil mis au point par MilleGen peut se faire de trois façons, par la vente de kits prêts à l'emploi qui seront utilisés dans les laboratoires, par la prestation de services mais la valeur ajoutée maximale se fera surtout par le développement en interne d'une librairie de biomolécules à applications thérapeutiques qui seront vendues à des industries pharmaceutiques.

Parallèlement, les recherches se poursuivent en riboprotéomique avec la mise au point d'un système de screening de protéines impliquées dans le contrôle de l'expression des gènes. L'objectif est de pouvoir par cette technique identifier à grande échelle les protéines se liant aux ARNs, c'est-à-dire les protéines régulatrices de l'expression et des modifications post-transcriptionnelle des gènes impliqués dans certaines pathologies. "Peu de sociétés travaillent en riboprotéomique et, comme pour la mutagenèse aléatoire, notre technologie est unique" précise le P-DG de MilleGen. Les premières retombées commerciales de cette technologie proposée en prestations de services aux industries pharmaceutiques sont attendues en 2004. MilleGen travaille également sur un programme de thérapie cellulaire et génique avec le développement de vecteurs innovants … La jeune société multiplie donc les projets ambitieux et le chiffre d'affaires de MilleGen pourrait rapidement s'envoler avec, dès 2005, 15 millions d'euros envisageables à condition au préalable d'avoir pu financer les essais pré-cliniques sur les biomolécules, étape indispensable à la négociation ultérieure avec de grands groupes de la pharmacie. " Nous procéderons à un nouveau tour de table entre 2002 et 2003 pour financer ces essais pré-cliniques, 4 millions d'euros seront alors nécessaires" confirme Hakim Kharrat.

 

V. CROCHET

Contact :

MilleGen

Dr Hakim Kharrat