Décembre 2001 - n°63

Gros plan sur…

la Direction de la Valorisation et des Partenariats Industriels de l’Institut Pasteur

Unique par son histoire et son identité, forgées par plus d’un siècle d’existence, l’Institut Pasteur coordonne ses missions de Recherche, de Formation et de Santé publique depuis son campus parisien et compte 2600 collaborateurs. Ce pôle d’expertise est intégré au sein d’un réseau international de plus de vingt Instituts Pasteur et Instituts Associés situés sur les cinq continents, constituant un ensemble original et autonome de 7000 personnes sans équivalent dans le monde.

A son organisation atypique, l’Institut Pasteur associe un mode de financement lui aussi particulièrement original. Son statut de Fondation Privée lui confère en effet un objectif très net d’autofinancement (tout en appréciant les financements publics !), et c’est avec la volonté de consolider et de développer ce modèle de fonctionnement que la Direction de la Valorisation et des Partenariats Industriels (DVPI) travaille en synergie totale avec les chercheurs.

L’Institut Pasteur : un Idéal, une Exigence, une Vision humaniste

Acteur majeur de la communauté scientifique mondiale, l’Institut Pasteur pourrait se définir en trois mots clés :

L’Institut Pasteur s’attache ainsi à faire bénéficier rapidement le public des résultats de ses travaux, sous forme de nouveaux produits, technologies ou services. Dans ce cadre, les relations étroites que l’Institut entretient de longue date avec l’Industrie et une forte activité de valorisation s’avèrent essentielles.

En parallèle, l’Institut Pasteur a toujours mis un point d’honneur à engager tous les moyens nécessaires à l’excellence de sa recherche fondamentale et à l’avancée de ses opérations de santé publique sur tous les continents, notamment vers les pays en voie de développement. Il mène ainsi des actions de grande envergure, très imposantes en terme de financement, que seules des ressources privées lui permettent de soutenir.

" Aujourd’hui, près de 2/3 des revenus de l’Institut Pasteur sont d’origine privée, principalement industrielle ", confirme M. POLICARD, Directeur de la Valorisation et des Partenariats Industriels. "Nous comptons beaucoup aussi sur les dons et legs. L’objectif ultime étant de financer à 100 % recherche fondamentale et actions de santé publique par des ressources privées, le rôle de notre Direction est donc avant tout de pourvoir financièrement à ces missions et aux valeurs que soutient l’Institut ".

La DVPI et ses missions, en interaction continue avec la Recherche

Directeur de la Valorisation et des Partenariats Industriels depuis près de deux ans, M. Christian POLICARD met à profit une parfaite connaissance du secteur " biotech " et de sa valorisation industrielle. Docteur en Biochimie, M. POLICARD a en effet activement participé à la création et au développement de sociétés de biotechnologie françaises et nord-américaines, avant d’exercer pendant plus de 15 ans des fonctions de Vice-Président chez SANOFI SYNTHELABO.

Depuis le 1er janvier 2000, en parallèle des fonctions qu’il occupe au sein de l’Institut Pasteur, il est également co-directeur de l’incubateur israélien EAGER BIO et administrateur de plusieurs sociétés de biotechnologies (SYNT:EM, Ceva, Jouan, Genome Express, Drug Abuse Sciences, Cellectis, PasteurMed, Hybrigenics).

Sous sa direction, l’équipe Valorisation et Partenariats Industriels de l’Institut Pasteur a vu son effectif doubler. Elle compte aujourd’hui plus de 40 personnes travaillant en étroite collaboration avec le service juridique dirigé par Nicole RIEUNIER-BURLE. : scientifiques, spécialistes du marketing, de la propriété industrielle, de la négociation ou encore de la gestion financière… Complémentaires et indissociables du processus de valorisation de la recherche, plusieurs services collaborent ainsi en parfaite synergie : Coordination scientifique - Brevets et Inventions - Transfert Technologique - Accords industriels - Incubateur d’entreprises de biotechnologie.

Tous travaillent en relation étroite avec les chercheurs de l’Institut dans un seul et même but : identifier, protéger et valoriser, auprès des industriels, toute invention ou savoir-faire présentant un potentiel commercial.

• identifier, avec l’appui notamment d’un Comité de Valorisation, créé il y a un an. Interface entre la DVPI et les unités de recherches, ce Comité réunit 28 membres, appartenant à chaque thématique de recherche de l’Institut Pasteur. Formés à la valorisation, ils ont pour mission d’éveiller les chercheurs à la notion de brevets et aident à évaluer l’intérêt des inventions.

En 2000, le Comité a ainsi évalué plus de 200 innovations, attribué des aides financières pour le soutien de l’innovation à 29 projets, analysé le potentiel de valorisation de 14 programmes transversaux de recherche et examiné 10 projets de création d’entreprises nouvelles.

• protéger, grâce à une stratégie renforcée de protection intellectuelle des inventions, des savoir-faire et des matériels biologiques.

"Il s’agit d’une politique volontairement plus large en amont, avec en corollaire un examen très attentif des extensions de brevets à l’étranger, un an plus tard, quand les informations nécessaires à la prise de risque existent (scientifiques, brevetaires et économiques)", nous explique M. Christian POLICARD.

En 2000, 81 déclarations d’inventions ont été ouvertes ; "davantage encore le seront d’ici la fin de l’année 2001", ajoute le Dr POLICARD. 40 demandes de brevets ont par ailleurs été déposées, portant le portefeuille de l’Institut Pasteur à 330 demandes prioritaires.

• valoriser :

- valoriser la marque Pasteur à travers plusieurs accords, dont l’un avec l’Institut Pasteur de Lille dans le cadre des activités touchant à l’alimentation, et un second avec PasteurMed dans le domaine des contenus multimédia touchant à la santé.

- valoriser les résultats applicables de la recherche pasteurienne par le biais des prestations de service scientifiques, des expertises et conseils de haute technicité et surtout du transfert de technologies.

"Le transfert technologique constitue une activité hautement compétitive à l’échelle internationale et il est d’ailleurs mondialement reconnu que, d’ici 5 à 10 ans, au moins 50 % de ces transferts de technologies se feront par l’intermédiaire de jeunes entreprises créées par des chercheurs sur la base de brevets existants. D’où l’intérêt tout particulier que nous portons à cette démarche", poursuit Christian POLICARD.

Notons que l’Institut Pasteur s’impose déjà au 2ème rang mondial - après l’Université de Californie - en terme de redevances sur le marché des biotechnologies par une institution académique. Au cœur de sa politique de valorisation, se distinguent deux modes de transfert technologique : d’une part, la signature de contrats de licence, de R&D et de conseil ; d’autre part, la création d’entreprises sur la base de technologies ou de savoir-faire pasteuriens.

Des activités de valorisation en plein essor

Rappelons tout d’abord que pour l’Institut Pasteur, le transfert de technologies passe par la continuité de collaborations étroites avec l’Industrie et les grand organismes de recherche. Ses conventions de valorisation avec l’INSERM, le CNRS, les Universités Paris VI et Paris VII ont, à ce titre, été renouvelées. De même, de grands partenariats industriels ont été consolidés et de nouveaux ont été engagés, notamment avec Aventis Pasteur en vaccinologie, avec BioRad dans le domaine des diagnostics et des produits de laboratoires, ou encore, avec la société Hybrigenics dans le cadre d’une convention exclusive en protéomique appliquée à la lutte contre les maladies infectieuses.

L’année passée, 8 nouveaux contrats de Recherche et Développement ont ainsi été menés, qui s’ajoutent aux 28 déjà en cours. 15 nouvelles licences de brevets ont d’autre part été conclues, portant le nombre total à 135.

"Les plans d’actions de la valorisation commencent à porter leur fruits", nous confie Christian POLICARD. "Au total, avec les redevances de marques, les expertises et les prestations de service, les revenus des activités propres ont atteint 476 MF (+5%), soit 44,4 % du financement global de l’Institut Pasteur ".

Et même si l’Institut Pasteur doit se préparer à faire face à la baisse des redevances de trois familles de brevets majeurs qui tomberont dans le domaine public entre 2002 et 2007 (HIV, Hépatite B et Sondes Froides), le développement des activités de transfert de technologies lui permet malgré tout d’envisager l’avenir avec sérénité.

Une participation active à la création de start-up biotech

Dans le contexte particulièrement compétitif du transfert de technologies, l’Institut Pasteur a décidé de soutenir très activement la création et le développement de jeunes entreprises de biotechnologie.

Au cœur de ses engagements :

- une implication forte dans la mise en place d’un Fonds d’amorçage de 40 millions d’euros, dédié aux biotechnologies : le Fonds Commun de Placement à Risque " Biodiscovery ", géré par la Compagnie Financière Edmond de Rothschild Banque.

- la création sur le campus Pasteur de l’incubateur Pasteur BioTop, inauguré le 8 décembre 2000 par M. Roger-Gérard SCHWARTZENBERG, ministre de la recherche.

Nous vous invitons, à ce sujet, à lire l’article consacré tout spécifiquement au Pasteur BioTop dans notre prochaine édition de La Gazette du Laboratoire.

Précisons qu’à travers cette politique d’incubation, l’Institut Pasteur a d’ores et déjà contribué à la création de 7 entreprises biotech : Hybrigenics (1997), Diatos (1999), Cellectis (1999), Evologic (2000), PasteurMed (2000), Theraptosis (2001) et Celogos (2001). A ces start-up, dont certaines sont déjà aujourd’hui internationalement reconnues, s’ajoutent quatre autres projets actuellement en phase de pré-inbubation…

Un franc succès pour la DVPI, restée en tout point fidèle au leitmotiv de l’Institut Pasteur depuis sa création : " trouver et favoriser le plus court chemin entre la recherche académique et ses applications pratiques ".

Louis PASTEUR remarquait d’ailleurs dès 1871 : "Il n’existe pas une catégorie de sciences auxquelles on puisse donner le nom de sciences appliquées. Il y a la science et les applications de la science, liées entre elles comme le fruit à l’arbre qui l’a porté"

Contact :

Jean-Pierre Saintouil