Janvier 2002 - n°64

PARTENARIAT UNIVERSITE / INDUSTRIE :

Le prix Innovation Recherche Industrie 2001 de l'ADER Languedoc-Roussillon a été remis au Laboratoire Coopératif NOVIRIO-CNRS-UM2 pour ses travaux sur le développement de nouveaux traitements antiviraux

L'Association pour le Développement de l'Enseignement et de la Recherche en Languedoc-Roussillon (ADER LR) est une association qui a pour but de promouvoir et faciliter les relations des universités de la région avec le monde socio-économique. Dans ce cadre, elle attribue chaque année dans les catégories "sciences de la matière et technologie", "sciences de la vie" et "sciences sociales et humaines", trois prix Innovation Recherche Industrie aux meilleures réalisations de recherche effectuées par des laboratoires universitaires en partenariat avec des entreprises. Gilles Gosselin et Jean-Louis Imbach du Laboratoire Coopératif NOVIRIO-CNRS-Université Montpellier 2 sont les heureux lauréats du prix 2001 dans la catégorie "sciences de la vie".

Le Laboratoire Coopératif NOVIRIO-CNRS-UM2 : de nouvelles thérapies antivirales

L'association de la jeune société pharmaceutique franco-américaine Novirio Pharmaceuticals (Cambridge - USA et Montpellier - France) et de l'UMR 5625 CNRS-UM2 "Chimie organique biomoléculaire de synthèse" au sein d'un laboratoire de recherche coopératif s'est faite sous l'impulsion de Jean-Pierre Sommadossi (Professeur, Président de Novirio Pharmaceuticals), de Jean-Louis Imbach (Professeur Emérite, Université Montpellier 2) et de Gilles Gosselin (Directeur de Recherche CNRS, Directeur de l'UMR 5625 CNRS-UM2). Le Laboratoire Coopératif NOVIRIO-CNRS-UM2 a été créé en janvier 1999 pour une durée reconductible de quatre ans, ses efforts de recherche sont centrés sur la conception de nouveaux analogues et dérivés de nucléosides à visée antivirale [voir l'article paru en novembre 2000 dans les Archives de La Gazette du Laboratoire sur www.gazettelabo.fr]. Le projet primé aujourd'hui par l'ADER LR vise à mettre sur le marché de nouvelles molécules pour le traitement de patients chroniquement infectés par le virus de l'hépatite B. "Deux analogues nucléosidiques issus du Laboratoire Coopératif NOVIRIO - CNRS - UM2 sont actuellement en cours de développement clinique, l'une de ces molécules (L-dT) est en phase IIb, une autre (Val-L-dC) en phase IIa et ce, en accord avec les réglementations européennes et américaines" précise Gilles Gosselin. Ce programme de recherche est essentiel au développement de NOVIRIO qui entend devenir le laboratoire pharmaceutique leader dans le traitement des hépatites virales chroniques en Europe et aux USA. NOVIRIO a également conclu un accord avec Sumitomo Pharmaceuticals, pour le développement et l’enregistrement du LdT dans quatre pays asiatiques (Japon, Chine, Corée du Sud, Taiwan). Sumitomo est au Japon le laboratoire pharmaceutique leader sur le marché de l’Interféron dans le traitement des hépatites virales.

L-dT et Val-L-dC : des molécules originales puissantes et non toxiques contre l'hépatite B chronique

Ces molécules de bas poids moléculaires issues du Laboratoire Coopératif font partie de la famille des inhibiteurs nucléosidiques de l'ADN polymérase du virus de l'hépatite B. Actuellement, le seul traitement approuvé dans le cas des hépatites B chroniques implique un autre inhibiteur nucléosidique développé par Glaxo Wellcome, la lamivudine ou 3TC. " Les deux nouveaux analogues nucléosidiques conçus par le laboratoire montpelliérain se révèlent très prometteurs pour mettre au point des thérapies antivirales, seules ou en association, plus efficaces contre l'hépatite B" précise Gilles Gosselin. Les premiers résultats obtenus sur cultures cellulaires, sur animaux et chez l'homme montrent une puissante activité antivirale, une forte spécificité vis-à-vis du virus de l'hépatite B et une excellente tolérance. Des propriétés remarquables comparées à celles observées dans la littérature scientifique pour d’autres composés qui sont en cours de développement. Les molécules ont atteint à ce jour différents stades de développement, la plus avancée (L-dT) devrait être enregistrée dès 2004 pour être mise sur le marché en 2005. "Pour la première fois, une molécule issue d'un laboratoire franco-américain affilié à deux organismes publics serait utilisée en chimiothérapie antivirale" se félicite Gilles Gosselin. "Nous aurons apporté une contribution significative aux progrès thérapeutiques dans le domaine de l'hépatite B qui touche 250 millions de personnes dans le monde dont 15 millions se trouvent dans les pays développés " poursuit le responsable du laboratoire. Pour la société NOVIRIO qui assure le développement des molécules cette première mise sur le marché permettra un retour sur investissement significatif et la poursuite de plusieurs développements cliniques en parallèle. Son objectif est en effet d'atteindre 50 % du marché potentiel mondial des analogues nucléosidiques anti hépatite B estimé à terme à un milliard d'euros. Rien que sur la France, le nombre de personnes infectées de façon chronique par l'hépatite B s'élève à 300 000 dont environ 40 000 nécessiteraient un traitement antiviral.

Vers un autre défi : de nouvelles thérapies contre l'hépatite C

Conforté dans ses résultats contre l'hépatite B, le Laboratoire Coopératif travaille actuellement sur des analogues nucléosidiques plus efficaces et plus sélectifs contre le virus de l'hépatite C. Le traitement actuellement disponible contre l'hépatite C est une association d'Interféron et de ribavirine dont l’amélioration des schémas thérapeutiques et des formes galéniques au cours des trois dernières années ont permis des progrès importants en terme d’efficacité. Toutefois celle ci est encore limitée vis à vis des génotypes Ia et Ib, c'est-à-dire la majorité des cas en Europe de l'Ouest, Amérique du Nord et Japon. Une molécule découverte par la société devrait entrer en phase clinique en 2002.

La collaboration entre les chercheurs français et l'industriel franco-américain s'avère donc très fructueuse en terme d'innovations thérapeutiques et de retombées économiques, une centaine d’emplois devraient être créés en France à l'horizon 2006.

V. CROCHET

 

Contact :

Laboratoire Coopératif NOVIRIO-CNRS-UM2

Gilles Gosselin

 

NOVIRIO

Jean-Marc Allaire (Directeur Europe)