Septembre 2002 - n°70

SkinEthic : l’alternative à l’expérimentation animale

En 1992, Martin ROSDY, Docteur en Biologie, autrichien, met au point un système de culture cellulaire in vitro, qui permet de reconstituer l’épiderme humain, offrant ainsi une alternative aux tests sur animaux en utilisant de la peau artificielle et une optimisation des décisions pré-cliniques dans le développement des produits.
Fort de ce concept novateur, M. Rosdy, niçois d’adoption, créé son propre laboratoire, SkinEthic, à deux pas de la Promenade des Anglais.

Le laboratoire SkinEthic est aujourd’hui leader dans l’ingénierie des tissus pour des tests in vitro et a développé une technique biologiquement standardisée pour produire en masse des tissus humains reconstruits.

Utilisant un procédé de fabrication semi-automatique, SkinEthic produit hebdomadairement des milliers de tissus épidermiques humains, avec ou sans mélanocyte, des tissus épithéliaux (d’origine cornéenne, buccale, gingivale, œsophagienne, pulmonaire et vaginale), avec une fonctionnalité et une histologie normales (analogues à l’homme) et une reproductibilité sans égale.

À l’aide de protocoles validés et prédictifs, ces modèles de tissus humains permettent aux industriels pharmaceutiques, chimiques et de grande consommation de réaliser un large screening de formulations en fonction de leur irritation, de leur pénétration, de leur métabolisme ou de leur efficacité, ce qui permet d’éliminer les produits ne convenant pas et de ne tester au final, in vivo (animal ou homme) qu’une sélection réduite de produits.

Parmi les tests réalisés :

- Prédiction de l’irritation cutanée clinique aiguë et chronique, à partir d’analyses multiparamétriques (viabilité cellulaire, histologie et dosages d’interleukines (IL-1 et IL-8) après 24 et 72 heures d’applications topiques sur des épidermes reconstruits
- Screening de produits en fonction de leur pharmacologie cutanée, incluant l’étude des effets anti-oxydant, anti-androgène, anti-inflammatoire, etc
- Prédiction de la phototoxicité de matières premières et de produits finis
- Screening reproductible de formulations en fonction de leur absorption percutanée grâce à la fonction barrière épidermique physiologique des tissus épidermiques
- Étude de dépigmentation et pigmentation cutanée
- Prédiction de l’irritation oculaire permettant le screening de formulations sur un épithélium de cornée humaine, remplaçant le test in vivo de Draize
- Évaluation de l’activité ou du potentiel irritant de produits de soins oraux, buccaux ou vaginaux, grâce aux tissus des muqueuses buccales, gingivales et vaginales
- Évaluation du risque de toxicité par inhalation et test d’allergie de type 1 utilisant l’épithélium alvéolaire de type II

«Actuellement, nous faisons environ 60 % d’épidermes et 45 % de muqueuses, ces dernières étant produites depuis 4 ans seulement», précise Bart de Wever, directeur du développement des affaires.
Des grands noms de la Pharmacie (Pfizer, GSK, J&J, Novartis etc) et de la Cosmétologie (Lancaster, Avon, Henkel, LVMH …) font confiance à SkinEthic et testent désormais, en routine, leurs produits sur les modèles de tissus proposés par le laboratoire niçois.

Au sein du laboratoire SkinEthic, installé sur 400 m2 high-tech, les biologistes cultivent 2000 cultures par semaine pouvant être multipliées par 10 si nécessaire.
La société répond aux demandes en provenance de toute l’Europe, des USA et même d’Asie.
À la demande de ses clients, le laboratoire effectue aussi des tests in vitro dans ses locaux. SkinEthic consacre d’autre part 20 % de son CA aux activités de Recherche et Développement et travaille notamment sur la production du modèle derme-épiderme et d’autres tissus épithéliaux (vessie et intestin).

Avec une croissance annuelle de 30 % et un chiffre d’affaires de 1, 7 million euros en 2001, contre 170.000 euros il y a seulement 5 ans, SkinEthic connaît une véritable explosion de ses activités.
"Nous sommes une société indépendante, il faut que les industriels connaissent notre existence et reconnaissent notre savoir- faire ", commente B. De Wever.
Conscient du besoin d’information, de l’importance des méthodes alternatives (l’utilité des tissus humains reconstruits dans la stratégie 3R " Refinement, Reduction and Replacement "), SkinEthic va organiser, à raison de 2 fois par an, des colloques spécifiques dédiés à l’utilisation des tissus humains au niveau industriel, réglementaire et académique. Le premier symposium aura lieu le 25 octobre 2002 à Nice (à l’occasion du 10ième anniversaire de la société) ; les conférenciers sont des clients internationaux de grande renommée (LVMH, Coty-Lancaster, Henkel etc) ; le nombre des places est limité.

Précisons que la méthode de tests de SkinEthic est beaucoup moins onéreuse que celle réalisée sur les animaux. Du dentifrice aux contraceptifs, en passant par les collyres, les produits de soin, les shampooings ou les savons liquides, de nombreux produits d’utilisation quotidienne sont concernés. La société a donc un énorme potentiel de développement.
Et Bart de Wever de conclure : «Notre objectif est de mettre en place un nouveau standard de tests qui révolutionnera la toxicologie»

À suivre…

CD