Juillet 2005 - n°101

VALAGRO valorise industriellement les agroressources

L'objectif de l'entreprise est d'initier et de développer toute recherche pour la valorisation non alimentaire de produits agricoles (huiles, farines, fibres végétales …). Elle souhaite également fédérer tous les partenaires afin de créer une industrie régionale impliquant ces procédés développés.

Cette plate-forme de R&D au statut associatif a été créée par la Région Poitou-Charentes en 1992, avec des fonds de la région, des fonds de l'Etat, et des fonds européens. A cette époque, bon nombre de terres avaient été mises en jachère et le seul moyen de les exploiter était de faire la valorisation non alimentaire de leurs produits.

Deux domaines d'activités

L'activité de Valagro se concentre d’une part sur l'Oléochimie, notamment les huiles métropolitaines (colza, tournesol, chanvre, lin…), car la région du Poitou-Charentes est le 1er producteur d'Oléagineux. Spécialiste de la chimie des corps gras naturels, la société Valagro propose sa compétence sur : l'extraction et la purification des huiles, la synthèse de dérivés d'huiles par voies catalytiques, le fractionnement des produits par distillation (moléculaire), le développement des procédés oléochimiques. Par le biais de sa filiale Natéole Sarl, la société s'adresse aux industries chimiques de spécialités (peinture, vernis, biosolvants…), industries oléochimiques, industries cosmétiques, industries des lubrifiants.

D’autre part les terres pauvres de la région produisent des fibres lignocellulosiques (bois, chanvre) qui peuventêtre valorisées par l’élaboration d’agromatériaux, deuxième domaine de prédilection de Valagro.
Le Centre cherche à remplacer une partie thermoplastique (pétrole) par du végétal, il s'agit d'utiliser des fibres qui ont des propriétés mécaniques intéressantes comme le bois ou bien des farines céréalières qui sont des matériaux biodégradables. Le gros problème rencontré par les chercheurs est que les fibres végétales sont hydrophiles, c'est-à-dire qu'elles absorbent l'eau. Les fibres n'acceptant pas un mariage avec des polymères, il faut donc trouver le moyen de les rendre compatibles avec des polymères hydrophobes.
L'autre filiale de Valagro, Matinov Sarl, s'est d'ailleurs spécialisée sur les Agromatériaux : caractérisation structurale et texturale des fibres végétales, interaction des fibres avec les différents matériaux de synthèse, procédés industriels de transformation…

Les deux filiales mettent leurs expériences et leurs compétences au service des petites productions et des préséries. Les produits sont réalisés avec les matières premières sélectionnées par les clients et selon les spécificités définies en commun accord. La qualité des produits est contrôlée à chaque étape de transformation, conformément aux cahiers des charges établis et selon les méthodes d'analyses et les normes en vigueur. Un accord de confidentialité et de partenariat est garanti.

Le slogan de l'entreprise "Du végétal à l'industrie pour un développement durable" prend alors son sens quand il s'agit de remplacer le carbone fossile issu du pétrole par du carbone végétal afin de créer du biocarburant, des biosolvants, des biolubrifiants, des agromatériaux

D'ailleurs, Valagro travaille actuellement sur l'utilisation de l'huile végétale en tant que carburant de demain.

Organisation et mission écologique

L'équipe de Valagro se compose de 39 personnes travaillant en 2 x 8 heures afin d'optimiser le matériel de recherche et surtout les outils semiindustriels : réactifs, colonnes, plates formes, chromatographes, spectromètres, analyse thermique…
L'équivalent de 3,5 millions d'euros de matériels dans une halle de 1 400 m2, dans des locaux de 1 800 m2.

La clientèle de l'entreprise se situe dans le monde agricole (coopératives négoce), le monde industriel, dont 80 % de contrats de recherche industrielle et 2 millions d'euros liés à ces contrats. Le Centre Valagro fonctionne avec un Conseil administratif (CA - 24 personnes) et est dirigé par le Pr Jacques Barbier. Celui-ci, de formation d'ingénieur, docteur d'état et professeur des universités, a pris la direction de Valagro depuis 1999. Il a développé une approche plus "produit et marché". Par ailleurs, un comité scientifique vient renforcer le CA en étant composé de personnalités de diverses compétences.

Le Centre s'est donné une nouvelle mission : celle de développer et de créer une agro-industrie en Poitou-Charentes, ce qui correspondrait à 10 % de l'agriculture nationale et ce, par le biais d'une unité de transformation des produits de la région.

Actuellement, l'équipe de Valagro est sur le point de développer ce moyen en promouvant la création d'une production en PC : "Futuramat" serait donc le nouveau matériau du futur composé de thermo plastique renforcé avec des fibres végétales biodégradables.

Côté huiles, l'entreprise développe une unité de biocarburants qui ajoute des additifs au gasoil (éther éthylique, huile de colza…). L'état français a d'ailleurs fait un appel d'offre concernant le biocarburant et Valagro est sur les rangs.

Concernant le carbone renouvelable, elle compte s'intéresser à d'autres cultures que la production agricole et notamment, aller puiser dans le "carbone de la forêt" qui est mal exploité. En effet, tous les ans, la biomasse forestière augmente puisqu’ elle produit 80 millions de tonnes de carbone. Alors que 50 millions de tonnes de carbone sont utilisés actuellement, ce qui laisse encore une grande marge. Un arbre vieillissant fait moins d'échanges avec ses congénères et ne consomme plus de CO2. Pour entretenir la forêt, la coupe des arbres est nécessaire pour libérer les jeunes arbres plus productifs. Cet excédent de carbone pourrait représenter 50 % du pétrole actuel consommé en France avec les 10 % gagnés sur l'agriculture. Le carbone du pétrole est non renouvelable et donne un excédent de CO2 contrairement aux végétaux qui sont plus écologiques. Il faut savoir qu'actuellement, 8 milliards de tonnes de pétrole sont brûlés et produisent 24 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Le "carbone de la forêt" pourrait limiter les dégâts et donner une solution alternative. Une grande idée qui mène le travail de tous les collaborateurs de Valagro !

M. HASLÉ