Septembre 2005 - n°102

L’IRPC " booste " les créateurs d’entreprises innovantes en Poitou-Charentes

La mission de l’incubateur Régional de Poitou-Charentes (IRPC) est d’accompagner et d’accélérer la formation d’entreprises à caractère innovant. Il se définit comme le " chaînon manquant " entre un projet d’entreprise innovante et son industrialisation.
Il s’appuie sur un réseau d’expertises et de dispositifs existants pour mener à bien ses missions.
Dynamique, l’incubateur s’investit également dans des formations et vient de créer un club de créateurs d’entreprises innovantes.

La création de l’IRPC s’inscrit dans un appel à projet de 1999 du Ministère de la Recherche intitulé " Création d’incubateurs et de fonds d’amorçage ", lancé à travers la France. Sur toutes les réponses reçues, seul un projet est issu de la région Poitou-Charentes et est porté par 4 structures :

- l’université de La Rochelle,
- L’université de Poitiers,
- Le CNRS,
- L’ENSMA (Ecole Nationale Supérieure de Mécanique et d’Agrotechnique), située au Futuroscope.
Cette proposition concerne un incubateur commun soutenu par le Conseil général. Il est créé en avril 2000 et intervient en amont de la création sur les 4 départements de la région : Deux-Sèvres, Charente, Charente-Maritime, Vienne.

Des moyens conséquents

Aujourd’hui soutenu et financé par le Ministère de la Recherche et les collectivités territoriales de la région Poitou-Charentes, l’incubateur a un budget de 600 000 euros par an : 75 % de la somme est dédiée aux études liées à la création d’entreprises et le reste sert aux frais de fonctionnement de l’incubateur.

Depuis sa création, l’IRPC a été sollicité par plus de 120 porteurs de projets dont 40 ont été retenus à l’examen du comité d’évaluation et 33 ont été admis en incubation. Aujourd’hui, 14 entreprises ont été créées et neuf projets sont en cours d’incubation. Seule une dizaine de projets n’a pas abouti (marché impénétrable, manque de fonds, changement d’orientation personnelle…).

La mission d’accompagnement de l’IRPC est financée par un budget moyen de 50 000 euros/ projet avec un maximum de 90 000 euros de dépenses. L’incubateur est avant tout généraliste et les projets viennent de domaines différents :
- Biotechnologies,
- Nutrition-santé
- Informatique (logiciels, multimédia),
- Environnement, avec une thématique éco-environnement (procédés respectueux de l’environnement, produits propres …).

Sur les 9 projets de création d’entreprises restant en incubation, une création est prévue d’ici la fin de l’année 2005 et d’ici là, une dizaine de nouveaux projets devraient entrer en incubation. L’incubateur prévoit annuellement l’entrée en incubation de 8 à 10 projets de création d’entreprises par an. Depuis mai 2005, l’IRPC peut également accueillir des projets partiellement innovants (pas forcément issus de laboratoires académiques, portés par des salariés d’entreprises et sur lesquels le niveau de la propriété intellectuelle est plus faible). Par exemple, il y a une entreprise spécialisée en géolocalisation par système GPS et une autre sur le traitement de surface optique pour système infrarouge.

Des étapes rigoureuses

Pour l’entrée en incubation, il y a 3 grandes étapes :

1. La phase de pré-instruction. Elle permet de vérifier si la future entreprise possède les 5 critères d’éligibilité :
- Innovation
- Existence d’un marché accessible
- maîtrise du savoir-faire
- Propriété intellectuelle ? (Liberté d’exploitation ? Brevet ?)
- Besoins du projet pour aller jusqu’à la création d’entreprise et compatibilité avec les ressources de l’incubateur.
L’équipe de l’incubateur procède par expertises auprès de consultants techniques et ce, sur plusieurs jours. Une étude concernant la liberté d’exploitation s’effectue auprès de cabinets de propriété industrielle.

2. Instruction du projet. Il s’agit de mettre au point un canevas détaillé des 5 points avec un planning de développement de toutes les étapes nécessaires. Le projet est ensuite présenté pendant 1h30 devant un pré-comité d’évaluation constitué de 4 membres : l’ANVAR, la Cellule de Valorisation des Etablissements de recherche (service établissement Académique de recherche), le Président du Comité d’évaluation (Industriel) et de l’équipe de l’IRPC.

Ensuite, pendant un mois, le candidat aura la possibilité de consolider son dossier avant la phase suivante.

3. Le comité d’évaluation. Il est constitué de 13 membres : 1/3 d’industriels, 1/3 d’universitaires et 1/3 d’institutionnels. Si le comité émet un avis favorable, celui-ci remonte au conseil d’administration qui entérine ou module l’avis du comité d’évaluation. Par exemple, certains projets peuvent rentrer en incubation pour une période probatoire permettant de lever des incertitudes importantes (marché, propriété intellectuelle, existence d’une structure
d’appui, …).
Si l’avis est défavorable, les arguments du comité sont notifiés par écrit. Cela permet au candidat de représenter son projet plus tard s’il remplit les conditions demandées.

L’incubation d’un projet dure 24 mois au maximum. Les porteurs et l’incubateur se réunissent dès le départ pour signer une convention d’incubation. Il n’y a pas d’hébergement physique de l’entreprise au sein de l’incubateur mais une convention d’hébergement peut être signée avec une pépinière d’entreprises ou même une entreprise. Pour cela, l’incubateur travaille de concert avec les collectivités territoriales.

Une structure dynamique

Les locaux de l’incubateur ont une surface d’environ 85 m2 comprenant une salle de réunion, des bureaux. Dirigée par M. Pierre Gohar, l’équipe se compose de 3 personnes qui s’appuient sur un réseau de consultants sélectionnés avec des compétences diverses : management, technique, finance, juridique.
Pierre Gohar a, quant à lui, un Doctorat de Génie des procédés de l’Ecole des Mines et a travaillé pendant 10 ans en recherche fondamentale au CEA avant d’être chargé d’affaires à l’Anvar pendant 3 ans et directeur adjoint de l’essaimage au CEA. Ensuite, il est devenu directeur de l’IRPC.

Le Conseil d’Administration est composé de présidents d’établissements de recherche de Poitou-Charentes.

Depuis le 16 mars 2005, un club des créateurs d’entreprises innovantes baptisé " Club des 13 de l’IRPC " est né à l’instigation de l’Incubateur régional Poitou-Charentes. Ses principales missions sont l’échange d’informations, le partage des bonnes pratiques, l’aide à la résolution de difficultés, afin de rompre l’isolement des créateurs d’entreprises innovantes. Les treize entreprises sorties de l’incubateur depuis sa création initiale sont évidemment membres de droit de ce nouveau club.
Cette création a généré un grand enthousiasme et bon nombre de créateurs se soutiennent déjà dans leurs démarches par le biais de partenariats ou de parrainages.

Des réunions thématiques ont lieu régulièrement sur la création d’entreprise, la croissance (lente ou accélérée), l’utilité de l’étude de marché, la résolution de difficultés ou le choix de stratégie de l’entreprise…

Au vu des demandes, l’IRPC a prévu d’ailleurs de mettre en place à l’automne 2005 une formation spéciale pour les dirigeants d’entreprises déjà créées et en phase de développement.

Il faut préciser qu’une formation au management existe déjà depuis 2004 – 2005. Elle est dédiée au management des Jeunes Entreprises Innovantes (JEI) au stade incubation et dure plusieurs mois (1 semaine/mois pendant 6 mois = 32 jours).
Donnée par des consultants du milieu industriel, cette formation rencontre un grand succès et est déjà prévue pour la rentrée 2005 – 2006.

Dans l’avenir, l’IRPC compte accompagner des projets d’essaimages industriels et cela peut leur amener d’autres partenariats concrets.
Courant 2006, il devrait incuber jusqu’à 15 projets de création d’entreprises par an et accompagner des entreprises déjà créées.

L’automne 2005 devrait voir la création d’un CEEI (Centre Européen d’Entreprises et d’Innovation) qui est une structure fédérative de différents dispositifs régionaux dont un des buts est d’accompagner des jeunes entreprises innovantes. Ce regroupement permettrait à ces structures de mettre en commun leurs moyens et dispositifs.

M. HASLÉ