Mai 2005 - n°99

Unibioscreen : screening, découverte et caractérisation de molécules anti-cancéreuses (Belgique)

Unibioscreen est une spin-off de l’ULB (Université Libre de Bruxelles) créée en 1999 par le Dr. Robert Kiss, le Dr.Yvan de Launoit et le Dr. Francis Darro. Le Laboratoire universitaire dont est issue Unibioscreen proposait depuis la fin des années 80 des services de recherche en oncologie pré-clinique aux sociétés pharmaceutiques.
Cette activité de service, plus précisément de caractérisation pharmacologique – évaluation de l’activité et des mécanismes d’action – de molécules anti-cancéreuses fut entièrement transférée à la nouvelle société créée. Robert Kiss occupe depuis lors la fonction de CSO/CEO tandis que Francis Darro occupe la fonction de COO/CFO.

A la création de la société, une nouvelle activité s’ajoute à l’activité de services, à savoir une activité de recherche de nouvelles molécules anti-cancéreuses afin de constituer un portefeuille propre de molécules anticancéreuses.

En 1999 et 2001, des investisseurs privés ont investi dans la société un total de 3 millions d'euros. En Juillet 2002, un groupe d’investisseurs institutionnels - ING, SGAM, E-Capital, SRIB, Technowal, Crédit Mutuel du Nord - ont investi 11 Millions d'euros supplémentaires dans la société.

Deux domaines d'activité

Unibioscreen est spécialisée en oncologie et exploite son expertise dans deux domaines d’activité : d’une part en offrant des services de " screening " (CRO) et d’autre part en développant un portefeuille propre de nouvelles molécules anti-cancéreuses.

Dans le cadre de son activité de prestations de services, on citera les points forts suivants :

1. La qualité, la variété et l’originalité des modèles développés par Unibioscreen.

Ceux-ci comprennent entre autres :
- des tests in vitro "standards" (cytotoxicité, analyse du cycle cellulaire, apoptose) mais aussi des tests in vitro originaux permettant la quantification de la motilité cellulaire et la quantification de l’angiogenèse,
- des modèles murins (in vivo) syngéniques, validés par histologie. On notera les bases de données propriétaires de Unibioscreen reprenant les résultats obtenus sur différents modèles syngéniques et ce, pour de nombreuses molécules utilisées en clinique. Ces bases de données permettent le positionnement de molécules expérimentales par rapportà ces molécules de références.
- des modèles de xénogreffes sous-cutanés et/ou orthotopiques dans des souris athymiques. Certains de ces modèles, validés par études histologiques, métastasient.
Dans la plupart des modèles de xénogreffes, les molécules de référence utilisées en clinique ont été testées ce qui permetégalement le positionnement des molécules expérimentales par rapport à ces molécules de références.

2. Une expérience et un know-how industriel unique, à savoir plus de 60 ans d’expérience professionnelle dans l’industrie pharmaceutique cumulés par les trois principaux directeurs pharmacologues de Unibioscreen.
En tant que société indépendante, Unibioscreen compte aujourd’hui près de 6 ans d’expérience auprès de dizaines de clients (des géants pharmaceutiques aux petites biotechs) dans plus de 10 pays, dont en France: Ipsen-Beaufour, Lafon, Pierre Fabre, Sanofi-Synthelabo et Servier. Unibioscreen a co-publié les résultats de ses recherches avec certaines de ces entreprises.

Une recherche pointue

Dans le cadre de son activité de recherche propre, Unibioscreen se distingue notamment d’une part par son sourcing - la Nature - et d’autre part par un axe de recherche original à savoir la recherche de molécules anti-migratoires.
Unibioscreen entend développer des molécules anti-migratoires afin de prévenir l’apparition de métastases. Ce sont elles, plutôt que les tumeurs primaires, qui en définitive tuent réellement la grande majorité des patients. Empêcher ou limiter la migration de cellules cancéreuses permet non seulement et très logiquement de limiter la dispersion des cellules cancéreuses mais de rétablir également la sensibilité des cellules " migrantes" à la chimiothérapie classique. Dans cet axe de recherche, Unibioscreen possède un avantage compétitif majeur à savoir une technologie unique développée en interne permettant de quantifier la migration cellulaire in vitro. Cet outil – basé sur la vidéo microscopie assistée par ordinateur – permet d’étudier plusieurs centaines de cellules à la fois, sans marquage et permet de quantifier simultanément la prolifération.
Les modèles metastatiques murins développés par Unibioscreen, qui miment de manière relativement proche la réalité clinique, permettent à la société de confirmer l’activité in vivo d’une molécule anti-migratoire / anti métastatique.
Cette stratégie de recherche d’anti-migratoires /anti-métastatiques se justifie également pleinement en termes économiques puisqu’il n’existe aucune molécule de ce type sur le marché immense des anti-cancéreux ($ 64 Milliards en 2010). Le nombre de projets de recherche concurrents en antimétastatiques est relativement limité.

Comme mentionné ci-dessus, une autre caractéristique de la R&D propre de Unibioscreen est de se concentrer sur des molécules d’origine naturelle. Celles-ci offrent en général l’avantage d’une activité pharmacologique plus importante, d’une plus grande diversité chimique et de meilleures propriétés physico-chimiques que les molécules synthétisées de novo. Ceci s’explique en partie par le fait que les molécules d’origine naturelle ont été sélectionnées au cours de l’évolution pour leur activité biologique. On notera que la moitié des produits utilisés actuellement en chimiothérapies sont d’origine naturelle. Les ventes du Taxol – un des anti-cancéreux les plus importants et provenant d’un arbre, l’if- ont atteint en 2001, $ 1.6 milliards.

Très schématiquement, le processus de découverte de nouvelles molécules anti-cancéreuses chez Unibioscreen peut se résumer de la manière suivante :

- Sélection de plantes ou d’organismes marins (éponges) à tester selon des critères ethno pharmacologiques ou d’activité biologique connues.
- Extractions chimiques (éthanolique, méthanolique, di-chlorométhane…) des plantes ou d’organismes marins.
- Test visant à mesurer la cytotoxicité d’un d’extrait :

Si l’extrait est cytotoxique, il est fractionné et les fractions sont à nouveau testées. La fraction qui a conservé l’activité est à nouveau fractionnée. Ce processus est réalisé jusqu’à l’obtention du produit pur présentant l’activité biologique (bio guidage). Ce produit (une molécule naturelle pure) constituera le squelette de base d’une nouvelle famille de cytotoxiques obtenus par modulation chimique.
Si l’extrait n’est pas cytotoxique, Unibioscreen quantifie son pouvoir antimigratoire sur un ensemble de lignées cellulaires cancéreuses in vitro. Si l’extrait s’avère anti-migratoire : l’extrait est fractionné et les fractions sont testées jusqu’à obtention du produit pur responsable de l’activité. Le produit pur (naturel) sera le squelette d base d’une nouvelle famille de molécules anti-migratoires obtenues par modulation chimique.
Si l’extrait n’est ni cytotoxique ni anti-migratoire, l’étude de l’extrait est abandonnée.

Une molécule active qu’elle soit cytotoxique ou anti-migratoire est modifiée chimiquement afin d’améliorer l’activité ou/et de diminuer les effets secondaires non désirés de la molécule. C’est généralement à cette étape que Unibioscreen dépose ses brevets sur les molécules découvertes.
Des modèles murins syngéniques sont utilisés pour confirmer l’activité des molécules in vivo. Ces modèles murins syngéniques sont également utilisés pour sélectionner les molécules les plus prometteuses parmi un ensemble de leads ou pour déterminer les protocoles les plus efficaces (doses, fréquences, voie d’administration).

Ensuite, Unibioscreen profite de son knowhow unique en modèles de xénogreffes pour confirmer l’activité de ses molécules dans ces modèles aussi proches que possible de la réalité clinique. Finalement, l'entreprise détermine le(s) mécanisme(s) d’action de la molécule.

On mentionnera qu’Unibioscreen réalise très rapidement dans son processus de recherche des tests de toxicologie préliminaire dans le but d’éliminer les molécules "trop" toxiques et de limiter les échecs dans les phases ultérieures de développement.

Depuis sa création, Unibioscreen a testé plusieurs milliers d’extraits. Ce screening a abouti au dépôt de plusieurs brevets sur des molécules anti-cancéreuses - cytotoxiques, anti-migratoires ou chimioprotectrices. Début 2006, Unibioscreen devrait commencer pour au moins une de ses molécules une phase clinique. Unibioscreen mettra en licence ses molécules lorsqu’elles atteindront la phase II si cela s’avère être dans son intérêt économique.

Une structure efficace et reconnue

32 personnes travaillent à Unibioscreen. En plus des deux managers, on compte 11 chimistes, 15 pharmacologues et 4 administratifs (dont un " business developer " et un juriste). Environ un cinquième de l’effectif se consacre à l’activité de contrats de recherche (services) et le restant de l'effectif se consacre à la R&D propre de Unibioscreen. Plus de 90 % des employés sont de niveau minimum maîtrise.

Unibioscreen occupe 1300 m2 dans un incubateur situé en région bruxelloise à proximité de l’Université Libre de Bruxelles et de l’hôpital universitaire Erasme. Ces 1300 m2 comprennent entres autres deux laboratoires de chimie organique d’une surface totale de 150 m2, des salles de cultures (55 m2), une salle de " tracking cellulaire ", des locaux techniques et une animalerie SPF. Le tout a été entièrement aménagé par Unibioscreen. Unibioscreen dispose de tous les équipements et matériels nécessaires
a) à la biologie cellulaire (hottes à flux laminaires, incubateurs, Cell Coulter, appareil à lecture densitométrique, etc..)
b) au tracking cellulaire (microscopes à contraste de phase couplés à une caméra et logiciels permettant l’analyse automatique d’images),
c) à la biochimie et à la biologie moléculaire - PCR, PCR quantitative (light cycler), Agilent Bioalanalyser (ARN), Fuji Bass 5000 (lecture d’exposition en radioactivité de plaque de micro-puces et de Northern Blot), microscopeà fluorescence, Samba, appareillage pour Western Blot….
d) à l’extraction, à l’isolement, la modulation et la détermination de structures chimiques (HPLC, spectromètre de masse, évaporateurs rotatifs, lyophilisateurs, ect…)

Unibioscreen collabore avec des laboratoires de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). On citera le Laboratoire de Toxicologie - qui entre autres - apporte son précieux concours dans l’élucidation du mécanisme d’action des molécules -, le Laboratoire des Systèmes logiques et numériques qui permet à Unibioscreen de garder son avance technologique en "tracking cellulaire" automatisé, le Laboratoire de Virologie Moléculaire et le Laboratoire de Chimie organique.

En termes de sourcing d’organismes naturels, on citera les collaborations avec l’Université d’Amsterdam (accès privilégié à une collection d’invertébrés marins) ou encore les collaborations avec des Universités du Burkina Faso (Ouagadougou), de Guinée-Conakry, de Madagascar ou du Sénégal. Ces relations privilégiées conduisent à un approvisionnement et une sélection optimale de plantes - entre autres selon leurs utilisations en médecine traditionnelle.

En matière de détermination des mécanismes d’action de ses molécules, Unibioscreen collabore notamment avec les universités suivantes :Toulouse, Strasbourg, Rouen, Lille, Leiden (Pays-bas), Munich (Allemagne), Lausanne and Zürich (Suisse), Szeged (Hongrie), Buenos Aires (Argentine), Virginia (Charlottesville, E.U.) and UCLA (Los Angeles, E.U.).

Unibioscreen se rend chaque année à l’AACR (American Association for Cancer Research) aux Etats-Unis qui réunit plus de 15.000 participants. En avril 2005, les chercheurs d’Unibioscreen y ont présenté 3 posters. Quant aux manifestations de caractère plus commercial ou d’affaires, on a pu rencontrer Unibioscreen, entre autres, au Carrefour Européen des Biotechnologies, à Biosquare, à Bio Europe, à Bio (E.U.), ou au Biotech Forum (Scandinavie).

A un horizon de trois ans, d'ici 2008, Unibioscreen entend avoir amené plusieurs molécules en Phase II et/ou Phase I.
L’effectif de la société est appelé à croître modérément afin de s’adjoindre des expertises complémentaires en développement pré-clinique et clinique.

MH