Septembre 1996 - n°10

LE CENTRE D'OCÉANOLOGIE DE MARSElLLE: un Observatoire de l'lnstitut National des Sciences de l'Univers.

La France compte sur ses côtes 4 Observatoires des Sciences de l'Univers (OSU) :3 dépendent de l'université Paris Vl - Banyuls-sur-Mer (66), Roscoff (29), et Villefranche (06) - et 1 de l'université de la Méditerrance (Aix-Marseille Il): le Centre d'Océanologie de Marseille (COM).

Plus d'un siècle d'océanologie à Marseille
Le COM est l'héritier d'une longue histoire fondatrice: "Laboratoire de Zoologie marine" créé en 1869 à la Faculté des Sciences, c'est sous l'impuision du Professeur A.E Marion que la construction d'une station de Zoologie Marine en bord de mer est lancée. En 1889 la " Station Marine d'Endoume" (SME) voit le jour et connaitra des périodes plus ou moins prospères marquées par la grande guerre. Nommé directeur de la SME en 1948, le Professeur J.-M. Pérès y occupera cette hnction jusqu'en 1982. Grâce à lui, la première chaire d'Océanographie biologique française sera créée à Marseille en 1954. La station marine connait alors un essor national et international et devient un grand centre moderne d'enseignement et de recherche, avec extension des locaux sur le site d'Endoume et installation de certaines équipes sur le campus de Luminy. Le " Centre d'Océanologie de Marseille'' dirigé par le Professeur Blanc, est mis en place et devient en 1989 un Observatoire des Sciences de l'Univers (OSU). A l'initiative du Professeur Blanc, se développent l'écologie numérique indispensable pour l'analyse des écosystèmes et l'élaboration des outils nécessaires à l'acquisition et l'exploitation des données d'observation, dans une perspective pluridisciplinaire.
160 chercheurs, ingénieurs, techniciens et thésards, de diverses compétences: biologie, microbiologie, biochimie, biologie moléculaire, chimie, sédimentologie, mathématique, acoutisque, physique... donnent au COM un potentiel scientifique qui s'exprime dans la recherche fondamentale et appliquée, I'enseignement et les activités d'Observatoire.

COM: la recherche
Les activités de recherche du COM sont réalisées dans deux unités mixtes CNRS - Enseignement Supérieur, rattachées aux Départements des Sciences de l'Univers pour la première et des Sciences de la Vie pour la seconde. Les axes majeurs actuels de recherche sont:
- I'étude des cycles blogéochimiques des éléments blogènes (C.N.P): dans la colonne d'eau et dans la colonne sédimentaire. Ces études impliquent une étude de la circulation des masses d'eau (non seulement en Méditerrance, mais dans plusieurs océans), ainsi que ses conséquences sur la production organique. Elles impliquent également la quantification des flux biogéochimiques à l'interface eau-sédiment, ainsi que le rôle joué par les bactéries à cette interface, en particulier les bactéries dégradant les hydrocarbures et résidus pétroliers (Golfe de Fos) ou celles dégradant les nitrates (delta du Rhône).
- I'étude des phénomènes de dynamique sédimentaire et hydrosédimentaire qui transforment les milieux côtiers et littoraux ainsi que la ligne de rivage.
- I'étude des organismes et des écosystèmes marins pour comprendre l'origine, le rôle et le devenir de la diversité biologique: les chercheurs du COM disposent d'un acquis unique dans ce domaine dans la mesure où leurs compétences couvrent la plupart des groupes d'organismes marins. Pour étudier les modifications des peuplements marins, Marseille constitue un site d'étude privilégié entre les aires protogées (parc naturels) et celles (relativement) plus soumises aux influences anthropiques (rejets de l'émissaire de Marseille-Cortiou, rejets industriels et naturels au large du Rhône) avec l'étude du peuplement des grottes sous-marines (simulation des milieux extrêmes profonds). Ces études ne sont pas limitées à la Méditerranée, puisqu'elles s'étendent à l'Antaretique et à l'lndo-Pacifique; en particulier les récifs coralliens tropicaux sont étudiés à la fois pour leur rôle dans le cycle des carbonates et en tant qu'archives biologiques utiles dans la reconstitution des paléoenvironnements.
- les séries à long terme politique d'observatoire, dont l'objectif peut se résumer à "connaitre le passé et mesurer le présent pour prévoir l'avenir". Toutes les équipes du COM coopèrent à cette étude et sont amenées à mettre au point des modèles mathématiques prenant en compte des systèmes complexes, et dont la finalité est la prédiction à plus ou moins long terme.

COM: I'enseignement
Le Centre d'Océanologie de Marseille est une école dans l'Université de la Méditerranée. Il y dispense un enseignement spécifique d'Océanologie comportant Licence Sciences de la Terre, Maitrise Sciences de l'environnement (option Océanographie physique et Ecologie marine), DEA Sciences de l'environnement marin (options Biochimie et Occanographie physique côtière littorale), Doctorat en Océanologie. Environ 170 étudiants sont inscrits chaque année, dont une trentaine de thésards accueillis pour leur recherche au COM. COM: les missions d'accueil et d'observatoire Le Centre d'Océanologie de Marseille est un centre d'accuoil pour les scientifiques français et étrangers désireux de nouer et développer des contacts, d'y effectuer des recherches, soit parce qu'il existe près de l'Observatoire des modèles biologiques ou océanographiques intéressants pour leurs travaux, soit dans le cadre de grands programmes nationaux et internationaux de coopération.
Cette fonction d'accueil de l'Observatoire bénéficie d'une logistique importante: bibliothèque spécialisoe, embarcations, matériel de plongée, instruments de mesure (courantomètres, bathysondes...), appareils de laboratoire (microscope électronique à balayage, cytomètre en flux...) sont mis à disposition des scientifiques accueillis. Le COM participe au programme national "Séries à Long Terme" . En effet, les données archivées depuis plusieurs dizaines d'années sont un atout pour étudier l'évolution du milieu marin sur de longues séries. Ce milieu a une grande importance dans la régulation des grands cycles biogéochimiques mais ce n'est que récemment, grâce aux nouvelles techrologies, que l'observation systématique de l'océan a été développée. De nombreux programmes nationaux et internationaux se mettent en place dans le but de suivre la variabilité annuelle et biologie moléculaire ont été récemment introduits au sein de certaines équipes. Le développement des stations fixes d'observation a entrainé l'apparition des modélisateurs physiciens et mathématiciens, à côté des observateurs.
La capacité d'expertise acquise par le Centre l'a conduit à travailler avec de nombreuses entreprises françaises mais aussi avec des entreprises internationales (exemple d'un programme européen, EUREKA-BIOREN, avec l'lnstitut Français du Pétrole, Elf Petroleum Norge...).

Au cours de la longue histoire du Centre, de nombreux liens se sont tissés avec des scientifiques de tous les continents, souvent par le biais des enseignements.
Lavènement récent des campagnes à la mer et grands programmes internationaux, facilite la structuration et la mise en synergie de l'ensemble de ces réseaux.

 

V CROCHET