Février 1997 - n°15

Le Laboratoire de Chimie Industrielle du CNAM

Le Laboratoire de Chimie Industrielle du Conservatoire National des Arts et Métiers -CNAM-, implanté depuis sa création rue Saint Martin, dans le 3e arrondissement parisien, a récemment transféré une partie de ses installations dans des locaux plus spacieux, rue Conté.

Fondé à la fin des années 60 par le Professeur ETIENNE, le Laboratoire de Chimie Industrielle du CNAM se destine tout d'abord aux travaux de recherche en chimie organique appliquée, relatifs notamment à l'oxydation et la préparation de produits phytosanitaires.

S'intéressant dès 1975 à l'introduction de l'informatique pour la réalisation d'études de cinétique chimique, le laboratoire oriente ensuite ses activités selon deux axes principaux: l'optimisation et l'automatisation des synthèses chimiques industrielles.

L'implantation d'automates programmables, le développement d'un système informatique contrôle- commande et l'amélioration des capteurs constituent alors les points forts du laboratoire.

Le laboratoire de recherche est actuellement dirigé par Mr DELACROIX, Professeur des Universités. Il est aujourd'hui en mesure de réaliser l'optimisation de tous procédés de synthèse, depuis l'échelle initiale du laboratoire de recherche jusqu'au stade industriel :

* des réacteurs de quelques cm3, manipulés par un bras robotique (agitation, vissage, dévissage, pesée...) et déplacés entre différents appareils selon les étapes successives du protocole expérimental, permettent l'étude des synthèses et des analyses à échelle réduite.

* des réacteurs de quelques litres fixes et des commandes semi-industrielles sont ensuite utilisés à l'échelle du développement tandis que, pour l'amélioration de procédés aux stades supérieurs, le laboratoire s'est doté d'une unité pilote de 30litres, entièrement automatisée.

Tests de contrôle-commande, de capteurs-actionneurs et essais de faisabilité de synthèses peuvent donc être effectués dans des conditions très proches de celles de l'industrie.

Ainsi doté d'un large parc instrumental, le Laboratoire de Chimie Industrielle du CNAM réalise des recherches particulièrement variées, en collaboration avec de nombreuses sociétés privées : Rhône-Poulenc, Synthélabo, Roussel-Uclaf, Sanofi, SGREG, PCAS...

Parmi les sujets développés, notons :

- la robotisation, au stade de la recherche initiale, appliquée à la chimie combinatoire,

- l'automatisation de synthèses chimiques délicates avec introduction de solide,

- l'optimisation de la synthèse d'organo-magnésiens,

- l'automatisation de polymérisation pour la fabrication de colles,

- la préparation de pré-polymères à terminaison iso-cyanate,

- l'étude de la synthèse de la glycine et de sa séparation par cristallisation,

- la purification par cristallisation de l'acide *-galacturonique afin de valoriser les sous-produits de la betterave,

- l'optimisation du procédé d'extraction du gossypol contenu dans l'huile de coton et la rendant inconsommable,

- l'étude de la méthodologie de la sécurité,

- l'analyse d'images pour le développement d'un logiciel de mesure des tensions de surface et de reconnaissance automatique de la taille des cristaux ou des bulles dans les éjecteurs,

- la recherche en génie des procédés s'intéressant notamment à la purification des effluents gazeux par la modélisation des éjecteurs gaz-liquide ainsi qu'à la mise au point d'une opération unitaire de cristallisation pour l'obtention d'un produit parfaitement conforme à certaines qualités d'usage de par la taille, la couleur de ses cristaux...

A noter également, dans le cadre d'une collaboration étroite avec le CNRS de Gif-sur-Yvette, l'étude et la réalisation de l'automatisation d'un bio-réacteur de 300 litres.

"Devant l'intérêt grandissant porté aux progrès de l'automatisation, nous souhaitons aujourd'hui moderniser notre station robotique et poursuivre notre étude thermodynamique des réactions en liaison avec la sécurité des procédés et des produits chimiques", explique Mr DELACROIX. "Ces investissements, fondamentaux pour la poursuite optimale de nos travaux, pourraient être prochainement réalisés en partenariat avec les industriels".

Fort de son expérience et de son savoir-faire, le Laboratoire participe par ailleurs activement aux transferts de technologie et à la diffusion de l'information.

De nombreux cours et stages de formation continue, créés à son initiative, sont ainsi aujourd'hui dispensés dans la France entière.

"Nous organisons en outre tous les ans un colloque d'information sur l'automatisation et la sécurité dans la conduite des procédés chimiques", ajoute Melle PORTE, Maître de Conférence. "Il aura lieu cette année les 25 et 26 juin 1997 à Paris et permettra en particulier de faire le point sur trois thèmes principaux : la prévention et la sécurité techniques, les solutions organisationnelles de la sécurité intégrée, les politiques informationnelles -facteurs humains-sécurité."

Incontestablement très dynamique, le Laboratoire vient par ailleurs de créer sa propre association : l'A.C.I.G.P. -Association Chimie Industrielle et Génie des Procédés-.

Outre l'organisation de colloques et rencontres professionnelles, l'A.C.I.G.P. prévoit à plus ou moins long terme la publication d'une revue spécialisée consacrée au génie du procédé chimique appliqué et destinée aux industriels. A suivre...

 

S.DENIS