Mars 1997 - n°16

Le Laboratoire Chimie des Matériaux Divisés et Catalyse : Des recherches particulièrement bien valorisées au sein de l'Université Paris VII

Dans notre numéro de janvier1997, nous vous avons présenté le Groupe Communication - Valorisation de l'Université Paris VII - Denis Diderot. Pour cette nouvelle édition, La Gazette du Laboratoire s'est intéressée à un exemple concret de recherches activement valorisées au cœur de l'Université ParisVII; le Laboratoire Chimie des Matériaux Divisés et Catalyse, qui nous ouvre aujourd'hui ses portes, se distingue depuis plus de 15années pour son efficacité en terme de collaborations industrielles...

Implanté dans le campus de Jussieu au sein de l'Université ParisVII - Denis Diderot, le Laboratoire Chimie des Matériaux Divisés et Catalyse étudie la réactivité et les propriétés physico-chimiques de poudres métalliques finement divisées ; deux orientations sont privilégiées:

- l'élaboration et la mise au point de procédés destinés à la fabrication de matériaux aux propriétés nouvelles ou optimisées,

- la préparation et la caractérisation de catalyseurs par la catalyse hétérogène.

C'est précisément le premier de ces deux axes de recherche qui a conduit le Laboratoire, dès le début des années80, à poursuivre ses travaux en étroite collaboration avec l'Industrie.

A cette époque, deux chercheurs du laboratoire M. FIEVET et M. LAGIER, associés à M. FIGLARZ de l'Université de Picardie, mettaient au point une méthodologie particulièrement innovante, permettant l'obtention de particules métalliques microniques de formes régulières et de tailles homogènes, grâce à la réduction des espèces métalliques oxydées, en suspension dans une solution de polyols.

Cette découverte, de grande importance pour de nombreuses applications spécifiques, notamment dans l'industrie high-tech, est immédiatement brevetée (1982). Déposé au nom de l'Université Paris VII sous le titre "Procédé de réduction de composés métalliques par les polyols et poudres métalliques obtenus par ce procédé", le brevet couvre ainsi, sur le territoire français, puis sucessivement l'Europe, les USA, le Canada et le Japon, une gamme de 15métaux différents (Co, Ni, Cu, Ag, Au, Pd, Pt...).

"A cette date, le Bureau de la Valorisation de l'Université Paris VII n'existait pas encore ; c'est donc l'ANVAR qui s'est dans un premier temps chargée de la gestion technico-économique de notre brevet, et qui, très rapidement, nous a par ailleurs mis en contact avec la société EuroTungstène Poudres, intéressée par notre invention", commente le Pr FIEVET, aujourd'hui Directeur du Laboratoire Chimie des Matériaux Divisés et Catalyse.

Installée à Grenoble, EuroTungstène Poudres (ETP) est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de poudres de Co et de carbure de tunsgtène pour l'industrie des carbures cémentés (fabrication d'outils de perçage, d'outils de mine...). Le cobalt est ainsi utilisé, dans le cadre des techniques de métallurgie des poudres, dans le but de combiner sa ductilité (propriété de pouvoir s'étirer sans se rompre) à la dureté de carbure de tunsgtène ; des grains de Co aux caractéristiques optimales (forme régulière, distribution de taille très étroite) sont alors d'un grand intérêt pour améliorer la qualité du produit final.

Avec l'acquisition de la licence exclusive sur le Cobalt, E.T.P. débute une collaboration des plus prometteuses.

Des quelques dizaines de grammes initialement obtenues, la société passe à des capacités de production de plusieurs centaines de grammes, grâce à l'élaboration d'un pilote-laboratoire.

En parallèle, l'équipe de Mr FIGLARZ à Amiens et celle du Laboratoire Chimie des Matériaux Divisés et Catalyse de Paris VII apportent de nouvelles modifications à leur procédé original, conduisant ainsi à l'obtention de poudres submicroniques, de taille moyenne parfaitement maîtrisée, tout en améliorant considérablement le coût de l'opération.

EuroTungstène Poudres s'équipe alors d'un pilote-industriel pour la fabrication de plusieurs dizaines de Kg de matériaux et propose actuellement d'approvisionner en lots de démonstration l'industrie des carbures cémentés. Les résultats des premiers tests sont encourageants.

"Notre procédé pour l'obtention de particules microniques et submicroniques de cobalt connait aujourd'hui une solide valorisation industrielle ; mais, le cobalt n'est pas le seul métal concerné par cette méthode", explique Mr LAGIER. "D'autres recherches, menées essentiellement à Amiens, ont en effet permis d'adapter ce procédé au nickel et ont, à ce titre, récemment conduit à la vente de la licence correspondante."

Fruit d'une collaboration Université-Industrie très dynamique, ces résultats doivent beaucoup au travail sous-jacent du Bureau de la Valorisation de Paris VII. Outre la gestion des 2licences et des brevets au plan international, l'équipe de Melle FAURE, Mr LELIEVRE et Mme BOY-LEFEVRE joue en effet un rôle fondamental dans la négociation entre les directions des deux universités (Amiens et Paris VII), les industriels, les chercheurs, et dans l'harmonisation des objectifs de chacun...

"L'enthousiasme des différents partenaires et les échanges toujours très vivement entretenus, depuis la découverte même du procédé, ont été primordiaux pour le développement applicatif de notre brevet", souligne Mr LAGIER.

L'extension de ce procédé au fer, au cuivre et aux métaux précieux ainsi que l'étude des possibilités d'élaboration de poudres mixtes, permettant d'associer les propriétés magnétiques de chacun des métaux utilisés, sont aujourd'hui en cours. D'autres applications, notamment pour la fabrication d'encres et de pâtes conductrices pour l'industrie de l'électronique pourraient alors être envisagées...

 

S.DENIS