Avril 1997 - n°17

Le nouveau Centre de Recherche du Centre Régional de Lutte contre le Cancer de Montpellier

Situé sur sept hectares d'espaces verts au sein du Parc Euromédecine, le Centre Régional de Lutte contre le Cancer de Montpellier (Centre Val d'Aurelle Paul Lamarque) a été créé en1976, il se trouvait à l'époque sur le Centre Hospitalier Universitaire Saint Eloi.

"Il manquait à notre centre de lutte contre le cancer un pavillon entièrement dédié à la recherche" souligne le Professeur Henri Pujol, Directeur du centre "une structure qui assure la fertilisation de la recherche clinique pré-existante et permette un rapprochement entre l'hôpital et les chercheurs".

Après quelques années d'attente et dix mois de travaux, le Centre Régional de Lutte contre le Cancer de Montpellier (C.R.L.C.) possède maintenant son centre de recherche. Une première équipe s'est installée dès la livraison du bâtiment en janvier et deux autres sont en cours d'installation. Les projets de recherche sont soumis au conseil scientifique du C.R.L.C. , ce conseil, présidé par le Professeur Jacques Demaille, est constitué de personnalités extérieures au centre.

"Le secrétaire d'Etat à la recherche, Monsieur François d'Aubert, vient de nous informer qu'une subvention de 500000francs, pour l'année1997, était attribuée directement par le ministère de la recherche au Centre Val d'Aurelle pour soutenir la qualité de nos recherches. Nous entrons dans le groupe des six centres français de lutte contre le cancer distingués par l'importance de leur recherche" se félicite H.Pujol.

Le bâtiment compte deux étages, le rez-de-chaussée est déjà occupé par les épidémiologistes, le premier étage sera orienté biotechnologies et le second axé sur la génétique. En sous-sol se trouvent les services techniques communs comme la laverie, l'animalerie, le laboratoire de microbiologie, la sérothèque, la tumothèque et la salle de conférences.

Rez-de-chaussée : l'épidémiologie

Me H. Sancho-Garnier, Professeur de santé publique au CHU de Montpellier, nous présente cet étage dédié à l'épidémiologie.

Plusieurs groupes ont des sujets en relation directe avec les problèmes de cancers:

- environnement et cancer (Me Sancho-Garnier), un projet de recherche majeur sur le thème "UV et tumeurs cutanées" a été évalué très positivement par le conseil scientifique. Il consiste à rechercher le lien entre le rapport des mélanines brune et rouge contenues dans les cheveux (les mélanines sont extraites des échantillons de cheveux puis dosées par HPLC) et le risque de développer un cancer cutané.

- alimentation et cancer (Me M. Gerber, chargée de recherche INSERM), le rôle des oxydants et antioxydants, dans l'apparition des cancers et dans la croissance tumorale, est notamment étudié. Ces recherches sont menées en collaboration avec le laboratoire de Biochimie du Centre Val d'Aurelle.

- méthodologie/biostatistique (Mr A. Kramar), cette équipe assure le traitement des données et collabore à de nombreux thèmes de recherche.

D'autres groupes ont des axes de recherche plus généraux :

- épidémiologie des troubles cognitifs liés à différentes pathologies (Me K. Ritchie, chargée de recherche INSERM), cette équipe a fait une demande de CJF INSERM.

- démographie et santé (Mr J.M. Robine, chargé de recherche INSERM), l'exploitation d'enquêtes de santé sur la France et au niveau international permet de définir l'état de santé des populations.

1er étage : les biotechnologies

Immunologie fondamentale in vitro et in vivo et nouveaux marqueurs tumoraux constituent les trois axes de recherche de cet étage orienté dans l'élaboration de nouveaux outils pour le dépistage et le pronostic des cancers.

Une partie de l'équipe du Pr B. Pau, située sur la faculté de pharmacie, emménage dans le centre pour poursuivre ses travaux sur les marqueurs biologiques de cancérisation sur les PSA-Ncam, molécules du cancer broncho-pulmonaire à petites cellules. L'équipe de Mr A. Pelegrin (déjà présente sur le C.R.L.C.) a pour axe de recherche l'immunociblage in vivo des tumeurs. Enfin, l'équipe de Mr J. Grenier travaille sur les nouveaux marqueurs tumoraux et les DNA chips. La technologie des DNA chips évolue dans un contexte hautement compétitif et le laboratoire de J.Grenier est le seul en France à posséder cette technique élaborée selon un concept original en collaboration avec le C.E.A. et le ministère de l'industrie. Les DNA chips consistent en une plaque de silicium sur laquelle sont greffés des oligo-éléments spécifiques qui reconnaissent chacun un événement anormal sur l'ADN (événement susceptible d'induire la cancérisation de la cellule).

"Nous en sommes à 48oligo-éléments fixés capables de s'hybrider avec 48points d'ADN et donc de reconnaître 48évènements anormaux" explique J.Grenier "le but de nos recherches est d'augmenter le nombre d'oligo-éléments fixés et de transposer cette technique pour l'utilisation en clinique ".

2ème étage : la génétique

L'oncogénétique (l'étude des gènes de prédisposition au cancer) et la cytogénétique (l'étude des chromosomes) sont abordées à cet étage. L'équipe de C.Theillet de l'Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier rejoint le centre pour travailler sur le gèneAT (ATpour ataxie telangiectasie), un séquenceur automatique de l'IGM va être transféré sur le centre à cette occasion.

A noter la présence à chaque étage d'une pièce réservée aux cliniciens pour favoriser l'interface entre l'hôpital et la recherche.

Ce nouveau bâtiment fera bien sûr l'objet d'une inauguration officielle dont la date n'est pas encore fixée.

 

V.CROCHET