Mai 1998 - n°28

INSERM CJF 97-02 - pathologies neurodégénératives centrales : aspects épidémiologiques et cliniques

Animé par K. Ritchie, le CJF 97-02 est le fruit d'une collaboration INSERM / CHU / ORS intégrant des points de vue clinique, épidémiologique et de santé publique dans l'étude des maladies neurologiques et psychiatriques. Le CJF est scindé en deux, une partie des chercheurs se situe sur le site central à l'hôpital Val d'Aurelle, et une autre dans le service de neurologie de Jacques Touchon à Guy de Chauliac.

Membres actuels du CJF :

Karen Ritchie, DR2 Inserm (neuropsychologue, épidémiologiste)

Chantal Escot, CR1 Inserm (biologiste)

Isabelle Beluche, ingénieur d'études Inserm (biologiste)

Catherine Polge, ingénieur d'études Inserm ( ing. information spécialisée santé mentale)

Guilhem de Roquefeuil, ingénieur d'études Inserm (psychologue)

Bernard Ledésert, directeur, ORS Languedoc Roussillon (médecin, épidémiologiste)

Jean-Philippe Boulenger, PUPH (psychiatre)

William Camus, PUPH (neurologue)

Jacques Touchon, PUPH (neurologue, psychiatre)

Anne-Marie Dupuy-Gorce, attaché des hôpitaux (médecin, généticien)

Didier Leibovici, boursier Inserm (biostatisticien)

2 chercheurs dont la demande de rattachement est en cours d'étude :

Alain Besset, CR1 Inserm (neurophysiologiste)

Michèle Le Dafniet, CR1 Inserm (biologiste, psychologue)

L'équipe collabore régulièrement avec la Division Santé Mentale de L'OMS pour la révision de la Classification Internationale des Maladies et la Classification Internationale des Handicaps, et dans le développement des indicateurs internationaux de santé mentale. Karen Ritchie est également membre du comité de direction de l'International Psychogeriatric Association, éditeur européen des revues International Psychogeriatrics et International Journal of Geriatric Psychiatry.

Le projet "Eugéria"

L'objectif global du projet Eugéria est de décrire les changements cognitifs intervenant dans le vieillissement, par référence à un échantillon de population générale normale à fort risque de développer une démence sénile. Les objectifs principaux sont :

- décrire l'hétérogénéité du fonctionnement cognitif des sujets âgés normaux et évaluer l'impact de la maladie sur la performance dans les activités de la vie quotidienne ;

- différencier des sous-groupes homogènes de performances cognitives chez les sujets âgés normaux ;

- décrire l'impact de l'intelligence estimée d'adulte jeune et du niveau d'études, sur l'évolution des performances dans le temps ;

- déterminer les facteurs prédictifs les plus sensibles d'une évolution pathologique, en fonction des profils de performances cognitives, des vitesses de changements, des caractéristiques neurologiques, du flux sanguin cérébral et des performances dans les activités de la vie quotidienne ;

- décrire l'hétérogénéité de l'apparence et de l'évolution des déficits cognitifs dans la maladie d'Alzheimer ainsi que leurs relations avec les partterns de flux sanguin cérébral, et le génotypage.

Chirurgie et fonctionnement cognitif

Notre étude pose comme hypothèse centrale que les effets destructeurs de l'anesthésie auraient probablement peu de conséquences sur le cerveau jeune possédant une plus grande "plasticité" mais que par contre, chez les personnes âgées, pour lesquelles l'atrophie corticale due à l'âge a déjà diminué les réserves neuronales, on peut s'attendre à un effet beaucoup plus destructeur. L'étude vise en particulier à identifier les pratiques qui pourraient être les plus à risque. L'interaction entre anesthésie et d'autres facteurs étiologiques retient notre attention - en particulier la possibilité d'une augmentation du risque dans les cas d'allèle ApoE 4 et chez des personnes ayant manifesté un déclin des fonctions cognitives dans l'année précédant l'acte chirurgical, et une réduction du risque chez des femmes âgées ayant bénéficié d'une thérapie hormonale substitutive.

Indicateurs globaux de la santé mentale

Etant donné qu'une priorité toujours plus importante est accordée dans le domaine de la santé publique à la maladie chronique, un nouvel indicateur synthétique de la santé de la population a été mis au point, "l'espérance de santé". L'espérance de santé, qui estime le nombre d'années vécues dans diverses situations d'incapacité par une certaine population, est de toute évidence un meilleur indicateur de la qualité de vie au cours des années supplémentaires de vie que ne le sont les indicateurs traditionnels comme les taux de mortalité. Dans le cadre d'une Action Concertée Européenne (BIOMED 1) nous avons établi les estimations d'espérance de santé mentale pour tous les pays européens. Le CJF a également mis en place une base de données internationale qui rassemble les caractéristiques essentielles des études épidémiologiques de santé mentale menées en Europe ; il s'agit de permettre d'avoir une vision d'ensemble des priorités européennes en santé mentale, d'encourager l'exploitation ultérieure des données existantes, de permettre des méta-analyses, et de faciliter les comparaisons transnationales. Cette base sera gérée et entretenue en permanence par notre groupe de recherche en collaboration avec l'OMS.

Comparaison des caractéristiques cliniques des sujets atteints de la maladie d'Alzheimer en fonction de la présence ou de l'absence de l'allèle ApoE 4

Les objectifs de cette étude sont de :

- décrire les différences entre les sujets ApoE4 et non-ApoE4 selon les changements dans le fonctionnement cognitif sur les trois ans de l'étude Eugéria.

- décrire les différences entre les deux groupes en fonction des résultats SPECT.

- déterminer les facteurs prédictifs de la démence sénile chez les sujets ApoE4 et non-ApoE4.

- déterminer sur un échantillon clinique plus large les caractéristiques cliniques des démences ApoE4 et non-ApoE4.

Etude épidémiologique des troubles neurologiques et psychiatriques

En collaboration avec d'autres unités Inserm à Bordeaux, à Dijon et à Paris, nous sommes en train de mettre en place une étude de 10 000 personnes âgées dans la population générale visant la relation entre des troubles vasculaires et la dégénérescence intellectuelle. Compte-tenu de l'absence en France d'étude épidémiologique des troubles psychiatriques en population générale, nous avons décidé d'ajouter, pour la région de Montpellier, un examen psychiatrique standardisé. L'équipe développe actuellement pour cette étude des instruments d'identification des cas, en collaboration avec la Division de Santé Mentale de l'OMS, afin d'assurer la compatibilité des résultats avec les données disponibles actuellement en Europe et aux Etats-Unis. Nous nous appuierons également sur des indicateurs biologiques du stress (cortisol et neuropeptide Y) et les techniques d'imagerie cérébrale SPECT, IRM). Cette étude fournira, dans une population française représentative, une estimation de la prévalence et de l'incidence des maladies neurologiques et psychiatriques, les facteurs de risque et l'utilisation des soins.

Par ailleurs, le CJF prépare la mise en place de trois projets cliniques ; une étude sur les troubles du sommeil et maladies neurodégénératives (responsable Alain Besset), la recherche des marqueurs génétiques de sclérose amyotrophique latérale (responsable William Camus) et une étude des marqueurs biologiques du stress (responsable Jean-Philippe Boulenger). Dans le champs de santé publique Chantal Escot met en place en collaboration avec l'ORS une étude des troubles psychiatriques liés au cancer et leur prise en charge.

J. SILVY