Septembre 1998 - n°30

Le Musée de Matière Médicale *
Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques,Université René Descartes, Paris

Le Musée de Matière Médicale de la Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Paris est bien plus qu'un Institut centenaire ; il constitue avant tout un véritable Musée vivant.

Implanté depuis 1882 au coeur de l'Université René Descartes, il s'étend aujourd'hui sur environ 450 m2 et compte plus de 25 000 spécimens d'origines diverses, dont beaucoup datent de plusieurs centaines d'années...

De nombreuses personnalités du monde scientifique ont de tout temps contribué à l'enrichissement de ses collections et à leur exposition dans les meilleures conditions.

Mme Geneviève CLAIR, qui participe activement à la vie du musée depuis 1977, nous accueille aujourd'hui...

La conservation des spécimens et la présentation au public : deux fonctions majeures

" Le Musée de Matière Médicale de Paris a aujourd'hui plus de 116 ans ", souligne Mme CLAIR. " Véritable trésor du patrimoine, il rassemble des échantillons originaires du monde entier, précisément identifiés, et souvent riches d'une grande valeur historique. Mais, plus qu'un simple recueil du passé, notre Musée s'impose par son actualité ; ses collections bénéficient en effet d'un enrichissement continu, grâce à l'apport régulier de nouveaux spécimens... "

Ainsi dynamisé par son activité permanente, le musée répond aujourd'hui à deux vocations principales : la conservation et la présentation des collections.

La conservation des collections

Avec plus de 25 000 spécimens d'origines très variées -la plupart d'origine végétale et beaucoup moins d'origine animale -, le Musée de Matière Médicale de Paris attache une grande importance à la conservation optimale de ses collections précisément authentifiées et répertoriées selon la classification botanique de Bentham et Hooker.

Un nombre important d'échantillons proviennent des Expositions Internationales (1867, 1878, 1887, 1889), des travaux des chercheurs du Département de Matière Médicale ou encore de collaborateurs français et étrangers...

Parmi ses collections les plus illustres, la plus vieille est vraisemblablement celle constituée par J.B.N. GUIBOURT, titulaire de la chaire d'Histoire Naturelle au 19ème siècle ; elle recense environ 1300 spécimens de plantes médicinales, ramenées du monde entier, et dont plusieurs datent du 17ème et du 18ème siècle...

De même, au rang des échantillons les plus anciens, sont exposés un Baume de la Mecque qui pourrait dater de 1714, ainsi que des spécimens rapportés de la Campagne d'Egypte de Napoléon Bonaparte.

A noter également des substances d'origine animale, traditionnellement utilisées en parfumerie : castoréum, ambre gris...

Ainsi enrichi de nouvelles collections tout au long de son histoire, le musée constitue une référence pour toute observation morphologique, microscopique et même quelquefois physico-chimique.

Les collections offrent un intérêt majeur sur le plan purement scientifique. Un certain nombre d'activités de recherche, de R&D ou de contrôle requièrent un besoin impératif d'échantillons authentiques ; dans ces cas précis, le Musée de Matière Médicale de Paris concède le prêt ou le don en microquantité du spécimen recherché.

" Le Laboratoire de Recherche des Musées de France, par exemple, est venu prélever à plusieurs reprises des échantillons au Musée ", explique Mme CLAIR. " En particulier des pigments, des huiles, des résines et oléorésines ; certains ayant pu être utilisés autrefois dans les peintures comme colorants, diluants et vernis. D'autres spécimens ont été analysés afin de réaliser l'étude de leur vieillissement en temps réel, et comparer leurs caractéristiques avec celles d'échantillons similaires trouvés dans des produits très anciens... "

La présentation des collections

Depuis 1982, centenaire de la création de la Faculté de Pharmacie Avenue de l'Observatoire et sous l'impulsion du Professeur DELAVEAU, le Musée de Matière Médicale contribue vivement à l'information du public. Il s'agit ici de sa seconde grande fonction : la présentation originale et didactique des collections.

Le musée ouvre d'ailleurs régulièrement ses portes dans le cadre de visites guidées : étudiants en pharmacie et cosmétologie, membres de Sociétés savantes, scientifiques français et étrangers, visiteurs individuels...

Zoom sur les vitrines du musée

Le musée valorise activement ses collections par l'organisation d'expositions permanentes.

Dans ses vitrines où se côtoient échantillons, objets exotiques et commentaires sont ainsi développées trois grandes thématiques :

- la thématique "chimique", avec la présentation de drogues à caféine, à huiles essentielles, à oléorésines, à polyphénols, à polysaccharides...

- la thématique "thérapeutique", avec l'exposition de drogues anti-inflammatoires, cardiotoniques, laxatives...

- la thématique "produits", axée sur une seule drogue spécifique, à l'exemple de l'ergot de seigle, du pavot et de l'opium, du quinquina, du colchique, du cannabis et de la coca...

A noter que les collections sont également très demandées pour l'illustration d'expositions temporaires, et que les locaux mêmes du musée ont régulièrement fait l'objet de prises de vue pour le tournage de films documentaires scientifiques...

Constituées pour le plaisir des yeux et le désir d'apprendre, les vitrines du Musée de Matière Médicale de Paris offrent à chacun l'opportunité de découvrir de nombreuses drogues, des plus atypiques aux plus utilisées aujourd'hui.

En adéquation avec l'évolution des connaissances scientifiques, les expositions thématiques ne dévoilent cependant qu'une petite fraction des 25 000 spécimens répertoriés et conservés dans le musée.

S. DENIS

 

* La Matière Médicale appelée aujourd'hui Pharmacognosie concerne l'étude des produits d'origine naturelle à intérêt thérapeutique.

Les drogues sont des produits d'origine naturelle utilisés à des fins thérapeutiques.