Septembre 1999 - n°40

L'IRCGN : Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale - Partie II/IV

Chose promise, chose due ! La Gazette du Laboratoire vous propose aujourd'hui de pénétrer au coeur de l'IRCGN : l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.

Tout particulièrement pour ce second article, nous vous invitons à découvrir sa division criminalistique A , chef-lieu de quatre Départements scientifiques de première importance : Empreintes Digitales, Documents, Balistique et Véhicules...

La révélation des Empreintes Digitales

Peu d'indices permettent une identification individuelle spécifique et incontestable des personnes. "Même l'analyse génétique, pour laquelle l'identification repose sur la comparaison statistique de séquences d'ADN à celles d'une population de référence, ne constitue pas une méthode d'identification formelle", nous explique Mr. Pichard, Capitaine de Gendarmerie à l'IRCGN.

Seuls les dessins digitaux possèdent toutes les qualités d'identification ; leur empreinte étant la preuve la plus utile et la plus généralisée : ils sont individuels, immuables, universels, faciles à classer et laissent des dépôts sur tout objet manipulé à main nue.

Trois catégories d'empreintes indiciales peuvent être rencontrées :

- L'empreinte moulée : elle est causée par le contact du sujet avec une substance malléable (mastic, bougie, peinture...) qui en retient une image en trois dimensions.

- L'empreinte visible : elle peut être négative, c'est-à-dire que le dessin en relief apposé enlève de la poussière, de la craie.. ou au contraire positive, lorsque le relief est contaminé, encré...

L'empreinte est visible pour autant qu'il y ait contraste avec le support.

- L'empreinte latente : celle qui pose le plus de problème.

Elle est présente, mais invisible. L'empreinte doit être traitée, développée ou révélée, renforcée pour être rendue visible, enregistrée et comparée avec les empreintes de fichiers, de suspects ou encore d'autres empreintes prélevées...

La surface, sur laquelle les empreintes digitales sont révélées, détermine la séquence des procédés qui peuvent être utilisés ; des méthodes de révélation qui associent techniques chimiques, physiques et optiques, en particulier pour la révélation de traces latentes.

Ainsi, des protocoles les plus "doux" aux plus destructeurs, les traitements appliqués permettent de mettre en évidence les constituants de l'empreinte (acides aminés, chlore, sodium...) et de déterminer un certain nombre de caractéristiques intrinsèques.

S'en suit alors un traitement automatisé de l'information (système AFIS : Automated Fingerprint Identification System) : une comparaison des indicateurs digitaux à ceux d'autres empreintes référencées dans une banque de données, aboutissant à l'édition d'une liste d'empreintes suspectes...

L'examen des documents

Au sein du Département Documents, prône l'expertise en écritures, fondée sur la comparaison de documents manuscrits (et non sur la graphologie!).

Concrètement, il s'agit de mettre en évidence les preuves de l'authenticité, de l'autoforgerie ou de la falsification d'un document contesté, par l'étude de ses caractéristiques individuelles.

Les travaux du Laboratoire s'étendent ainsi sur de vastes registres : depuis l'examen comparatif des écritures et signatures jusqu'à l'analyse de la structure physique des documents et leur étude technique.

Au premier plan des recherches : l'analyse du papier et de l'encre, mais également la révélation des traces de foulage, à l'aide d'un détecteur électrostatique.

L'étude du trait passe par son observation au microscope stéréoscopique tandis que divers autres instruments tels que le macroscope de comparaison et le microphotographe automatique permettent d'obtenir de multiples renseignements sur le support...

La Balistique

Le Département Balistique de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale assure l'exploitation des indices liés aux armes à feu.

Ainsi, à partir des projectiles et douilles retrouvés sur les lieux d'un délit, de simples données telles que calibre, poids, forme, signes distinctifs... permettent en général l'identification du type de munition utilisée, tandis que des observations complémentaires sur les traces caractéristiques laissées par l'arme (largeur et angle des stries et microstries, sens de rotation, position relative et forme respective de l'extracteur et de l'éjecteur...) conduisent à une détermination assez précise des marques et modèles d'armes employées.

A cet effet, le Laboratoire dispose d'un outil indispensable : une collection d'armes et de munitions, véritable banque de données regroupant plus de 2500 armes de référence et répertoriant les caractéristiques groupales de 12 000 armes...

Au-delà, en laboratoire, d'autres mesures plus poussées sont réalisées, visant notamment à déterminer la dangerosité d'une arme, vérifier le mécanisme du départ du coup, étudier l'état du canon, et procéder si nécessaire à la reconstitution de trajectoires de tir...

... reconstitution de trajectoire par laser voire même tour-fraiseuse ou meuleuses, mais aussi microscope stéréoscopique, appareil de microphotographie automatique et unités de mesure de vitesse et reconstitution de trajectoires par laser...

L'examen des véhicules

L'exploitation des indices laissés par un véhicule sur les lieux d'un méfait amène bien souvent aux enquêteurs de précieuses informations.

C'est sur la base de ces constatations qu'a été créé au sein de l'IRCGN le Département Véhicules, chargé de traiter les traces en général, et les problèmes de véhicules, en particulier...

Dans cette optique, trois types d'indices sont principalement pris en compte, selon des critères de recherche précis :

- l'identification des véhicules volés puis maquillés, par révélation en milieu acide des marques d'estampage (traces moulées telles que les numéros de série) et par la recherche des numéros d'organes et du millésime ;

- la recherche de véhicules à partir de débris de feux et d'optique après identification de la glace, moulage de la glace de référence et preuve par assemblage ;

- l'identification de pneumatiques à partir d'une sculpture moulée (dans le cas de traces laissées en tridimension dans de la terre meuble, du sable...), mais aussi par détection des empreintes par fluorescence, en particulier pour certaines traces souvent fragmentaires, repérées sur un sol lisse après passage du véhicule dans les flaques d'huile, de peinture ou de sang...

De ces investigations, et par comparaison avec une banque de données de référence, peuvent ainsi, tout d'abord, être déterminés la marque, le type (hiver ou été) et le modèle du pneumatique... pour conclure finalement sur la marque et le modèle du véhicule impliqué...

Enfin, ce département traite les demandes émanant de magistrats dans le domaine de la mécanique automobile pure.

A l'image de l'organisation et de l'efficacité de ces 4 Départements -ceux de la Division Criminalistique A-, la chaîne de traitement de l'indice dont s'est doté l'IRCGN s'étend également à bien d'autres domaines d'expertise tout aussi importants et complémentaires : la biologie, la toxicologie, la microanalyse, des pôles d'activités qui correspondent chacun à l'exploitation d'une source d'information potentielle pour l'enquête criminelle et dont La Gazette aura la plaisir de vous informer dès sa prochaine édition...

A suivre...

S.DENIS

Contact :

Chef d'escadron BURGUN - IRCGN

Chef de la division criminalistique A