Octobre 1999 - n°41

L'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale - Partie III/IV

Troisième volet de notre enquête consacrée à l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale ­I.R.C.G.N.-, ce nouvel article vous invite à pénétrer au cœur de la Division Criminalistique B et de ses quatre Départements Scientifiques : Microanalyse, Informatique-Electronique, Signal-Image-Parole, Incendies-Explosifs-Environnement...

... un ensemble de compétences et d'équipements hautement spécialisés pour assurer avec succès les missions qui lui sont confiées dans le cadre du code de procédure pénale...

Le Département Microanalyse

"Lorsque deux objets entrent en contact, il y a souvent transfert de matière. Celui-ci peut être visible ou à peine perceptible, parfois macroscopique, souvent microscopique. Toute trace constitue dans tous les cas un élément à exploiter pour l'investigateur, un indice et une preuve qui peuvent corroborer des témoignages ou des observations faites par les enquêteurs dans toutes sortes de délits", nous explique M. Vanden-Berghe, Chef du Service Relations Extérieures.

Le Département Microanalyse s'impose comme un acteur incontournable de ce domaine ; il traite en microscopie électronique à balayage les filaments d'ampoules ainsi que les prélèvements de résidus de tir effectués sur tamponnoirs.

Il assure, par ailleurs, avec la diffraction de rayons X l'étude de prélèvements de sols, de poudres ou d'autres composés présentant une structure cristalline tandis que des analyses comparatives sont réalisées sur les verres, les fibres et les cheveux...

Dans le cas des éclats de verre, plus précisément, des techniques telles que la détermination de l'indice de réfraction, la dispersion, la densité d'un verre ainsi que son analyse chimique sont couramment associées pour discriminer les échantillons.

Soulignons que deux nouveaux appareils compléteront, d'ici peu, la plate-forme instrumentale du Département : l'un dédié à la fluorescence X, dont l'avantage réside dans la protection de l'échantillon analysé, et l'autre offrant un plus indéniable pour la comparaison des couleurs : un microspectrophotomètre...

Le Département Informatique ­ Electronique

Derrière le fantastique outil que constitue l'ordinateur, se cache et se propage une délinquance spécifique communément baptisée fraude informatique.

"Pratiquée par des "pirates" de tous bords, cette criminalité produit des effets considérables en termes économiques. De plus en plus, l'appât du gain prend le pas sur l'esprit ludique et cette délinquance en col blanc se développe très rapidement, suivant de très près les avancées technologiques", souligne M. Vanden-Berghe.

Aux premiers rangs des infractions, sont relevées :

- la contrefaçon et la copie illicite de logiciels,

- les intrusions sur sites informatiques et les actions qui s'en suivent : vol ou destruction de fichiers, modification de leur contenu, dépôt de virus ou de bombes logiques,

- les fraudes en matière de télécommunication,

- les falsifications de moyens de paiement électronique...

des fraudes à la pointe de la technologie contre lesquelles l'IRCGN s'est donné les moyens de lutter. Trois cellules de spécialistes ont été constituées : la cellule Traitement des données, la cellule Interception et Réseaux et la cellule Télécommunication-Electronique...

Le Département Signal / Image / Parole

Le développement des hautes technologies dans le domaine du traitement du signal a permis aux laboratoires de criminalistique de disposer de nouveaux outils d'exploration des images et des sons.

Le Département Signal ­Image­ Parole de l'IRCGN œuvre ainsi dans quatre domaines particuliers appliqués à la vidéo et au son : le débruitage, l'identification, l'authentification et la comparaison de voix.

Pour le débruitage d'un enregistrement sonore, on peut citer par exemple l'utilisation de filtrages sélectifs et adaptatifs, permettant de retrouver l'intelligibilité d'une conversation par l'élimination des bruits de souffle ou de pièces mécaniques d'un enregistreur.

Des logiciels d'amplification et de rehaussement des contours de reconnaissance de formes, d'analyse et de comparaison dans l'espace temps-fréquence sont des outils majeurs de l'identification, alors que la comparaison de voix entre deux locuteurs ouvre désormais de nouvelles perspectives d'investigation, même s'il est encore prématuré de parler d'empreintes vocales.

Les moyens de traitement dont dispose l'Institut reposent essentiellement sur l'informatique.

Une fois la pièce indicielle numérisée et dupliquée sur un support audio ou vidéo, les examens se pratiquent sur des stations de travail informatiques.

Puissantes capacités de calcul, de mémoire, de stockage et algorithmes récents se conjuguent pour obtenir les meilleurs résultats.

Le Département Environnement / Incendies / Explosifs

Trois domaines sont au centre de l'activité de ce Département dont la plate-forme analytique est étonnante : pas moins de 9 appareils CPG (détecteurs ECD, FID, EDD...), 3 HPLC (détection UV, à barrette diode), un spectromètre de masse, un analyseur à photoionisation, un spectromètre Infra-Rouge, une torche à plasma (ICP/MS), un microscope à épiscopie stéréoscopique... le tout associé à une informatique puissante et une automatisation très poussée.

Incendies et Explosions

Pour l'enquêteur, les incendies et les explosions présentent bien des similitudes, à commencer par le phénomène chimique qui, dans les deux cas, est une combustion où seule la vitesse de réaction diffère...

Ainsi, la première étape des investigations menées suite à un incendie ou une explosion consiste toujours à localiser les lieux précis du déclenchement de l'incident. Tous les éléments susceptibles d'avoir pu y jouer un rôle sont prélevés sur site et analysés en laboratoire.

Ainsi, dans le cas d'un incendie, tout particulièrement, les vapeurs d'hydrocarbures légers sont extraites par chauffage des bocaux contenant les résidus prélevés au niveau du foyer, tandis que les hydrocarbures plus lourds sont mis en évidence à l'aide d'un solvant.

En matière d'explosifs, par ailleurs, les examens visent à déterminer la nature chimique de l'explosif utilisé et à identifier le système de mise à feu à partir des gravats retrouvés après l'attentat.

Environnement

Troisième champ d'expertise de ce Département, la mise en évidence des pollutions dans les eaux douces et les sols sont du domaine de la Cellule environnement.

La mise en évidence des micro-polluants organiques ou minéraux, ou encore la recherche d'une substance toxique et sa comparaison avec un échantillon témoin, passe par l'utilisation des techniques d'extraction et de caractérisation les plus évoluées... d'autant plus que le choix de l'outil analytique diffère sensiblement en fonction du type d'élément considéré et de sa concentration : produit pur, en mélange ou à l'état de traces...

Rappelons que plus de 20 000 examens sont, chaque année, réalisés par les laboratoires de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale ; plus de 3000 dossiers ont ainsi été traités en 1998 et près de 200 interventions ont été effectuées sur le terrain.

... à suivre...

S.DENIS

Contact :

Chef d'escadron Baudoin

Chef de la division criminalistique B