Novembre 2000 - n°52

Gros plan sur le nouvel Institut Méditerranéen de Recherche en Nutrition

Un lieu d'échange privilégié entre la recherche de haut niveau, l'enseignement spécialisé et les entreprises agro-alimentaires

Localisé sur le site de la Faculté des Sciences et Techniques de Saint-Jérôme à Marseille, l'Institut Méditerranéen de Recherche en Nutrition (IMRN) a été officiellement inauguré le 4 avril 2000. L'IMRN est une Unité Mixte de Recherche Université Aix-Marseille III / INRA constituée par le regroupement du Laboratoire de Biochimie et Biologie de la Nutrition (CNRS-ESA 6033) et du Laboratoire de Biochimie et Analyse des Produits Naturels (MENRT-EA 888). A cette structure de recherche, dirigée par le Professeur Antoine Puigserver, est associée une structure d'enseignement spécifique, l'Institut Universitaire Professionnalisé (IUP) "Produits de Consommation Alimentaire" placée sous l'autorité des Professeurs Guy Lesgards et Louis Comeau.

1700 m2 de nouveaux locaux et un plateau technique riche d'acquisitions récentes

Dans le cadre du plan Etat-Région 1995-1999, 11 MF étaient alloués à la mise en place de l'IMRN et ont permis une restructuration complète de locaux de recherche existants à la Faculté de Saint-Jérôme et l'acquisition d'appareillages performants. Le financement a été apporté par le Fonds Européen pour le Développement de l'Enseignement et la Recherche (5,5 MF), la région PACA (2,5 MF), le MENRT (2 MF) et le rectorat (1 MF). L'IMRN bénéficie ainsi de vastes locaux entièrement rénovés et spécialement aménagés et équipés pour poursuivre des recherches de haut niveau en nutrition humaine et animale avec notamment deux laboratoires P2 pour la culture cellulaire, "nous avons largement développé cette activité de culture cellulaire ces dernières années avec, entre autres, la mise au point de systèmes cellulaires modèles pour l'étude des cellules intestinales humaines, notre nouvel équipement nous permet d'augmenter notre capacité de travail et d'élargir nos possibilités " annonce le Pr. Puigserver. L'Institut possède également une salle à congélateurs reliée à un groupe électrogène pour pallie toute coupure électrique éventuelle.

De la nutrition à la sécurité alimentaire

"La nutrition humaine ou animale regroupe l'ensemble des processus aboutissant à l'utilisation biologique des nutriments, indispensable pour assurer la croissance du jeune, le maintien de l'adulte et la reproduction " explique le Pr. Puigserver. "Le but des recherches menées à l'IMRN est de mieux cerner les bases moléculaires et cellulaires de divers phénomènes touchant à ce domaine de la nutrition et également de faciliter leur mise en application dans le secteur agro-alimentaire " poursuit le directeur de l'IMRN.

Les recherches entreprises au sein de l'Institut s'appuient naturellement sur les précédents travaux réalisés par les deux laboratoires nouvellement réunis et dont la production scientifique a été concrétisée ces cinq dernières années par une moyenne de 25 publications annuelles dans des revues internationales. "Nous prenons aussi de nouvelles orientations avec des travaux importants dans le domaine de la sécurité alimentaire " souligne le Pr. Puigserver.

L'IMRN regroupe une cinquantaine de personnes autour de cinq axes de recherche principaux pour lesquels des développements intéressants sont en cours.

Hydrolases digestives sécrétées et intracellulaires

La caractérisation de nouvelles hydrolases digestives intestinales débouche notamment sur l'étude du catabolisme des protéines au cours du vieillissement ainsi que sur l'étude de la réponse immunitaire de l'intestin à des constituants de l'alimentation.

Glycosidases et digestion des polysaccharides

La biosynthèse de nouveaux sucres par voie enzymatique pour l'alimentation humaine et le pré-traitement de céréales pour l'alimentation animale sont envisagés.

Modélisation de l'épithélium intestinal

La maîtrise d'un modèle d'étude de l'absorption intestinale de nutriments et de xénobiotiques permet aux chercheurs marseillais d'analyser les interactions positives ou négatives entre diverses substances sur les cellules absorbantes de l'intestin.

Biotechnologie des lipides et antioxydants naturels

L'utilisation contrôlée de lipases fongiques capables d'estérifier sélectivement le cholestérol aboutit à l'enrichissement de fractions lipidiques en certains acides gras polyinsaturés importants tandis que l'étude des effets synergiques d'antioxydants présents dans des fruits secs et des plantes méditerranéennes concerne l'intérêt nutritionnel de micronutriments.

Bases moléculaires et cellulaires de l'absorption et de la toxicité de xénobiotiques

Ce dernier axe de recherche touche directement à la sécurité alimentaire avec des études, à l'aide du clone HT-29-D4 (modèle in vitro d'épithélium intestinal), sur l'absorption intestinale de deux mycotoxines, leur métabolisation et leurs effets directs ou ceux de leurs métabolites sur la différenciation entérocytaire. Des travaux sont également entrepris sur un modèle animal pour comprendre la physiopathologie tumorale colique en réponse à l'ingestion de substrats traités technologiquement dans certaines conditions.

L'aliment santé : un atout économique pour la région méditerranéenne

Le potentiel de recherche de l'IMRN est donc organisé en grande partie pour développer des biotechnologies et des techniques d'analyses destinées à mieux maîtriser l'impact nutritionnel des aliments et leur qualité hygiénique, c'est-à-dire leur sécurité d'utilisation.

L'alimentation méditerranéenne est notamment au cœur des préoccupations de l'Institut car, si les bienfaits du régime méditerranéen sont aujourd'hui unanimement reconnus, la plupart des principes actifs, leur mode d'action, la maîtrise de leur synergie restent encore à élucider. Des recherches importantes à mener pour l'IMRN car elles concernent directement la compétitivité, dans un futur proche, des entreprises agro-alimentaires de la région. "Développer de nouvelles interactions entre le secteur de l'agro-alimentaire et celui de la nutrition et de la santé, c'est donner à l'Institut Méditerranéen de Recherche en Nutrition toute sa signification et son intérêt pour la région PACA " confirme le Pr. A. Puigserver. Dans ce sens, des collaborations actives sont établies avec des entreprises locales (Saint-Louis Sucre, Faraud, Laphal, Sophim, Saman, Provence-Olive, Codefa-Orca...) mais aussi nationales et internationales (Aventis, Eurolysine, Orsan...).

Industries agro-alimentaires, laboratoires de recherche, enseignement : l'Institut Méditerranéen de Recherche en Nutrition constitue un pôle au sein duquel les interactions entre les différents acteurs concernés par la nutrition sont favorisées. L'IMRN est également l'élément central du premier Centre de Recherche en Nutrition Humaine à caractère régional, un GIS qui regroupe une vingtaine de laboratoires travaillant sur la nutrition humaine entre Nice et Montpellier. Avec l'IMRN et de nombreuses équipes de recherche INSERM, CNRS et hospitalo-universitaires spécialisées en nutrition, Marseille possède les compétences pour jouer un rôle déterminant dans le domaine de la nutrition humaine et animale et, c'est dans cette optique, que la ville a accueilli au mois d'octobre la 4ième réunion des Centres de Recherche en Nutrition Humaine.

V. CROCHET

Contact :

Pr. Antoine Puigserver

 

 

retour