Novembre 2000 - n°52

Le L.N.E. inaugure de nouvelles installations dans le cadre de sa mission de Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l'Air

Monsieur Philippe VESSERON ­ Directeur de la Prévention des Pollutions et des Risques au Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement ­ a inauguré, le 20 septembre dernier, les nouvelles installations dont dispose le Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l'Air, au sein du LNE à Paris.

A cette occasion, M. Marc MORTUREUX - Directeur Général du L.N.E. - nous invite à visiter les lieux et tient une conférence de presse en présence de M. Michel MONTAMAT - responsable Chimie/Métrologie du LNE - et M. Jean KOVALEVSKY - Président du BNM, Bureau National de Métrologie -.

A propos du LNE

Rappelons que le LNE, Laboratoire National d'Essais, a été créé en 1901 au sein du Conservatoire des Arts et Métiers. En 1978, il devient Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC), placé sous la tutelle du Ministère de l'Industrie.

Avec 580 personnes (dont 390 ingénieurs et techniciens), 40 000 m2 de laboratoires, 4 délégations régionales (Douai, Nîmes, Strasbourg et Poitiers) et 25 MF d'investissements annuels en équipements de mesure et d'essais, le LNE dispose d'un ensemble particulièrement performant de moyens et de compétences pluridisciplinaires.

Une expertise forte en termes de mesure et d'essais, activement sollicitée dans le cadre de missions de service public ainsi qu'à travers un large éventail de prestations au service du plus grand nombre : fabricants, distributeurs, utilisateurs, collectivités locales, organisations de consommateurs, experts judiciaires...

Le LCSQA pour la surveillance de la pollution atmosphérique

La création des réseaux de surveillance de la pollution atmosphérique remonte au début des années 70.

En 1991, Le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement se dote d'un système chargé d'assurer la cohérence et la qualité de l'action des réseaux. Le dispositif créé prend le nom de LCSQA : Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l'Air.

Sa mission générale : améliorer la qualité des mesures effectuées par les réseaux.

Plus concrètement, la réalisation de cet objectif passe par plusieurs priorités :

- mettre en œuvre les moyens permettant d'assurer la traçabilité des mesures effectuées par les réseaux, en élaborant les références nationales, puis en mettant en place des chaînes d'étalonnage ;

- évaluer les performances des matériels mis sur le marché ;

- juger de la pertinence des sites d'implantation des stations et de l'adéquation de leurs équipements.

L'ensemble de ces actions a été réparti par le Ministère chargé de l'Environnement entre trois organismes aux vocations complémentaires : l'INERIS, l'Ecole des Mines de Douai et le LNE ; l'ADEME assistant le Ministère chargé de l'Environnement dans la coordination et le suivi des travaux du LCSQA.

" 340 personnes travaillent aujourd'hui pour le réseau Qualité de l'Air, en France ", précise M. VESSERON. " 40 MF ont été investis en 1999 sur les trois organismes... "

Objectif n°1 du LCSQA ­ LNE : la mise au point de références nationales et de chaînes d'étalonnage

Compte tenu de ses compétences en métrologie, le LNE s'est vu confier la mise au point de références nationales et de chaînes d'étalonnage. Le LCSQA, dans le cadre du Laboratoire National d'Essais, a donc débuté ces travaux, avec l'objectif d'atteindre les 15 % d'incertitude, fixé pour la mesure de chaque polluant par la directive sur la qualité de l'air du 22 avril 1999.

Mise au point des références nationales

Ont été progressivement élaborées, au cours des dix dernières années, les références pour le dioxyde de soufre, les oxydes d'azote, l'ozone, le benzène et le monoxyde de carbone...

Des références nationales qui ont été validées par des comparaisons européennes :

- via le programme HAMAQ (Harmonisation of Air Quality Measurements for Important Atmospheric Pollutants in Europe) qui s'est déroulé de 1996 à 1999 et qui a permis de comparer les références de 7 laboratoires européens pour 5 polluants (SO2, NO, NO2, C6H6, CO) ;

" le LNE est le seul laboratoire à avoir participé à la totalité de ses inter-comparaisons ", souligne M. Marc MORTUREUX.

- via les travaux EUROMET, débutés cette année, entre laboratoires européens pour la référence " ozone ".

Au programme actuellement : la mise au point des références nationales pour les particules en suspension (de 0,010 à 20 µm), pour les métaux lourds (plomb, cadmium, arsenic et nickel), les hydrocarbures polycycliques aromatiques ainsi que pour les 30 précurseurs de l'ozone.

Mise en place de chaînes d'étalonnage pilotes

L'objectif de la mise en place de chaînes d'étalonnage est de permettre une suite ininterrompue de comparaisons entre les références nationales et les étalons de travail qui sont dans la station de mesures.

La faisabilité de ce raccordement a été étudiée et validée pour le dioxyde de soufre, les oxydes d'azote et l'ozone, avec trois laboratoires régionaux (ASPA pour l'Est, AIRPARIF pour l'Ile-de-France et AIR Pays de Loire pour l'Ouest). Ainsi, 500 stations de mesures sont aujourd'hui raccordées aux étalons du LNE.

Deux autres régions vont être progressivement équipées en l'an 2000 - Midi-Pyrénées et Nord -Pas de Calais - tandis qu'en 2001, deux autres Laboratoires régionaux devraient être créés, portant ainsi à 800 le nombre de stations françaises raccordées aux références nationales.

Zoom sur les nouveaux locaux du LCSQA ­ LNE

Dans le cadre de locaux entièrement réaménagés, le Département LCSQA se présente sous trois unités techniques :

le Laboratoire de Gravimétrie, dont l'activité centrale réside dans la préparation des mélanges gravimétriques pour une formulation parfaite des bouteilles étalons.

le Laboratoire des références nationales sur les polluants SO2, NO, NO2, C6H6, CO et O3.

A noter une importante activité Recherche, visant l'amélioration de ces références et des connaissances scientifiques sur un certain nombre de gaz.

Le Laboratoire s'est, à ce titre, doté d'un spectrophotomètre IRTF et collabore étroitement avec une équipe de l'Université Paris VI, spécialiste de l'analyse infra-rouge.

Des études, en particulier menées sur la référence NO2, mettent par ailleurs en œuvre l'utilisation de balances à suspension électromagnétique pour un suivi précis de la perte de masse du tube à perméation pendant l'étalonnage de la bouteille. La précision de la pesée atteint alors le µg.

Ainsi, peut être analysée l'incertitude sur la mesure, induite par les différentes têtes de prélèvement en fonction de la nature du polluant. De même, le LCSQA s'intéresse aujourd'hui à l'influence de la température et de l'humidité relative, à travers certains travaux réalisés en enceintes climatiques.

le Laboratoire Particules

L'objectif central de cette Unité est la mise au point d'instruments de mesure permettant de calculer le diamètre des particules. Le LCSQA ­ LNE travaille, pour cela, sur trois types d'appareils :

- un compteur à noyau de condensation (CNC) pour la mesure du diamètre électrostatique des particules de 10 nm à 0,7 µm (trop " légères " pour être quantifiées par leur masse) ;

- un granulomètre associé à un flux d'air gazeux pour la détermination des diamètres aérodynamiques, dans le cas de particules entre 0,3 ­ 0,5 µm et 20 µm ;

- un compteur optique pour la mesure des diamètres optiques pour les plus grosses particules...

" Notre Laboratoire Particules est aujourd'hui en mesure de réaliser trois types d'analyses complémentaires : l'analyse granulométrique, la détermination massique et l'analyse ICP/MS par dilution isotopique pour les métaux lourds (en collaboration avec le BNM) ", ajoute M. MONTANAT.

Autant de savoir-faire optimisés qui viennent conforter l'expertise du LCSQA ­ LNE et dont le développement est dorénavant assuré, dans des conditions optimales, grâce à ses nouvelles installations.

Soulignons, à ce titre, que l'ensemble de ces réalisations a été largement facilité par l'augmentation des crédits alloués au LNE par le Ministère chargé de l'Environnement ; l'enveloppe annuelle pour son activité LCSQA représente aujourd'hui 8,5 MF, contre environ 600 KF en 1992.

Principale mission du LCSQA ­ LNE pour les prochaines années : étendre la mise en place des chaînes d'étalonnage à chacun des autres polluants concernés par les directives relatives à la qualité de l'air.

Contact :

Michel MONTAMAT