Décembre 2000 - n°53

Le point sur : MARSEILLE-GENOPOLE

Le projet Marseille-Génopole élaboré par vingt-cinq laboratoires marseillais, avec le soutien de Méditerranée-Technologies et l'appui du Conseil Régional et des autres collectivités locales et territoriales, a été reconnu par le Ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie fin mars 2000.

"De nombreux aspects importants de la recherche génomique sont bien implantés à Marseille. Ils incluent la bioinformatique, l'étude de l'expression des gènes, les recherches de haut niveau en immunologie, la biologie du développement et la protéomique. La constitution d'une génopole ouvre une opportunité pour améliorer les connexions entre ces disciplines et les intégrer dans des projets ambitieux au niveau de la recherche médicale mais aussi de l'enseignement et des activités industrielles" se félicite Bertrand Jordan, coordinateur de Marseille-Génopole.

Recherche, formation et valorisation sont en effet les trois volets fondamentaux du dossier Marseille-Génopole, conformément aux critères définis par le MENRT fin avril 1999 lors de l'appel à propositions pour la création de Génopoles-Bis : "Pour être éligible au label "Génopole", le site régional devra associer dans le domaine du génome et du post-génome :

1) un projet scientifique de biologie à grande échelle,

2) un campus d'excellence de formation et de recherche,

3) un projet structuré de valorisation de la recherche ".

Les contours de Marseille-Génopole

Marseille-Génopole rassemble l'essentiel des équipes concernées par la génomique sur Marseille soit vingt-cinq laboratoires répartis sur plusieurs sites : le Parc Scientifique et Technique de Luminy,

le campus de l'Institut Paoli-Calmettes, le campus CNRS Joseph Aiguier, la faculté de Médecine de la Timone, la Technopole de Château Gombert et l'hôpital Nord. Du point de vue administratif, le projet regroupe cinq Instituts Fédératifs de Recherche, la Fédération de Recherches des Unités de Mathématiques de Marseille, des structures de valorisation et des entreprises nouvellement créées.

Les spécificités de Marseille-Génopole : l'analyse du transcriptome et les modèles animaux

Si Marseille-Génopole développe à des stades plus ou moins avancés l'essentiel des sujets-clés de la génomique, ses points forts sont l'analyse du transcriptome par les puces à ADN et les modèles animaux nécessaires à la compréhension des fonctions des gènes. "La subvention de 20 MF sur deux ans du Ministère sera précisément allouée au développement de ces points forts par la mise en place de plusieurs plates-formes technologiques " explique Bertrand Jordan.

Sont en projet :

- un "hôtel d'expression" au voisinage du Centre d'Immunologie de Marseille Luminy qui permettra la fabrication et l'utilisation de puces à ADN, ce plateau technique sera conforté par plusieurs sites secondaires dédiés à la lecture des puces, mettant ainsi l'étude de l'expression des gènes à la portée de nombreuses équipes,

- un nouveau laboratoire de transgenèse qui accélèrera le rythme de fabrication de souris "knock-out" tout en rassemblant les ressources nécessaires à l'exploitation rapide des autres modèles animaux (Nématode, Drosophile...).

"Grâce au soutien financier des collectivités territoriales qui s'élève également à 20 MF, nous pouvons investir parallèlement dans d'autres domaines que nous jugeons importants sur Marseille" précise Bertrand Jordan. Sont notamment prévus :

- une plate-forme d'analyse des polymorphismes à grande échelle dans une optique de recherche médicale en cancérologie, génétique humaine, maladies infectieuses et parasitaires,

- un service de séquençage davantage orienté sur l'étude du génome bactérien.

Ces deux plate-formes seront implantées sur le site de la Timone ; la Génopole soutiendra également des opérations dans le domaine de la Bioinformatique, de la Protéomique, de la recherche sur le Cancer...

"Tous ces investissements à caractère catalytique ont pour but de faire sauter les goulots d'étranglement qui s'opposent aujourd'hui au passage de nombre de projets à une échelle réellement génomique" commente le coordinateur de Marseille-Génopole.

Les projets pédagogiques : la bioinformatique à l'honneur

Un DEA "Bioinformatique, Biologie Structurale" et une filière "Bioinformatique" au sein de l'Ecole Supérieure d'Ingénieurs de Marseille-Luminy seront opérationnels pour la rentrée 2001. Quant aux scientifiques déjà en poste, ils pourront bénéficier d'une formation continue en bioinformatique dispensée en cours du soir (Licence professionnelle).

"Plus généralement, le projet vise à insérer davantage d'enseignements en génomique et bioinformatique à tous les niveaux du cursus universitaire" ajoute Bertrand Jordan. Les structures impliquées dans le volet pédagogique de Marseille-Génopole relèvent essentiellement de l'Université de la Méditerranée avec la Faculté des Sciences de Luminy, l'Ecole Supérieure d'Ingénieurs de Marseille-Luminy, la Faculté de Médecine de la Timone et le Centre d'Océanologie de Marseille. L'Université de Provence est également partie prenante du projet avec le Département de Microbiologie et Biochimie Structurale de l'UFR Sciences de la Vie, de la Terre et de l'Environnement.

Renforcer les dispositifs d'aide à la création d'entreprises : incubateurs et pépinières

"La valorisation industrielle des recherches par le biais de collaborations industrielles et la création de start-up est un des objectifs principaux du MENRT" confirme Bertrand Jordan.

Dans ce domaine, les scientifiques du campus de Luminy (enseignants, chercheurs et étudiants) bénéficient depuis plusieurs années d'un accompagnement à la création d'entreprises par l'Association Grand Luminy et sa structure d'incubateur (Voir La gazette du Laboratoire-Avril 1997 www.gazettelabo.fr ). Plusieurs entreprises de biotechnologie innovantes issues de l'incubateur ont déjà été créées sur le campus : TROPHOS SA (La Gazette du Laboratoire-Octobre 1999 ), IMMUNAT-PHARMA et IPSOGEN. "Le problème que nous rencontrons actuellement sur le site de Luminy et partout ailleurs sur Marseille est le manque de locaux disponibles pour accueillir de nouvelles start-up " souligne Bertrand Jordan. Un effort doit donc être mené dans ce sens avec l'aide du Conseil Régional, du Conseil Général, de la Ville de Marseille, de la DRIRE, de la Chambre de Commerce et d'Industrie Marseille-Provence, Marseille-Aménagement et Méditerranée Technologies.

Marseille-Génopole attend la notification officielle du subventionnement du Ministère pour lancer les appels d'offre concernant les nouveaux équipements, la mise en place effective de la Génopole marseillaise interviendra donc certainement début 2001. Néanmoins, grâce au soutien pour l'année 2000 de Méditerranée Technologies et de la Faculté des Sciences de Luminy, Marseille-Génopole dispose depuis le début de l'année d'une structure administrative légère et de bureaux à Luminy. Le fonctionnement de ce bureau est assuré par Emmanuelle Chouvet - Bertrand Jordan, coordinateur de Marseille-Génopole et Daniel francal, chargé de mission administratif et financier peuvent être joints par son intermédiaire.

V. CROCHET

Contact :

Emmanuelle Chouvet