Janvier 2001 - n°54

Montpellier : une maison pour les Sciences de l'Eau

La Maison des Sciences de l'Eau (MSE) a été inaugurée le 20 octobre dernier en présence de nombreuses personnalités : Ms. Daniel Constantin, préfet de la Région Languedoc-Roussillon, William Marois, recteur de l'Académie, Jacques Blanc, président du Conseil Régional, Michel Averous, président de l'Université Montpellier II, Jean-Pierre Muller, directeur général de l'IRD, Daniel Vidal Madjar, directeur du département des sciences de l'univers du CNRS, Antoine Cornet, directeur du centre IRD de Montpellier et Michel Retourna, délégué régional du CNRS.

Située sur le campus Université Montpellier II - CNRS, La Maison des Sciences de l'Eau accueille plusieurs unités de recherche de l'IRD et une unité mixte de recherche UM2-CNRS-IRD. L'Université Montpellier II a joué un rôle moteur dans la mise en œuvre de ce projet qui a consisté à restructurer 2400 m2 d'un bâtiment existant et à construire 600 m2 de locaux adjacents sur un ancien terrain du Centre Régional de Transfusion Sanguine acquis par l'Université. L'opération a bénéficié d'un financement de 28,6 MF provenant de la Région, de l'IRD, du Ministère de la recherche et de l'Université Montpellier II.

La MSE, le cœur du réseau montpelliérain en Sciences de l'Eau

Avec la MSE, l'Université Montpellier II, l'IRD et le CNRS mettent en commun une partie de leurs compétences et de leurs moyens dans le domaine des Sciences de l'Eau afin de constituer à Montpellier le cœur d'un pôle d'excellence à vocation régionale, nationale et internationale. "L'inauguration de la Maison des Sciences de l'Eau est la concrétisation d'une idée de longue date de valoriser le fort potentiel de compétences existant dans ce domaine sur la région" explique Michel Girod, professeur à l'Université Montpellier II, directeur délégué de la MSE. En effet, de nombreuses équipes appartenant à divers organismes (CNRS, INRA, INSERM, IRD, Ecole Supérieure d'Ingénieurs de Montpellier, Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier, Ecole des Mines d'Alès, CEMAGREF, ENGREF, BRGM) travaillent sur ce thème pluridisciplinaire et font de Montpellier le second pôle de recherche en Sciences de l'Eau après Paris. "La MSE va permettre de fédérer toutes les forces vives dans ce secteur et sera un lieu de rencontres, de coopération et de complémentarité de compétences" poursuit M. Girod.

Les 3000 m2 du nouveau bâtiment sont aujourd'hui entièrement occupés par les 120 personnes que compte la MSE et, "il reste encore autant de chercheurs et techniciens travaillant dans ce domaine répartis sur d'autres sites montpelliérains. Ouverte sur l'extérieure, la MSE n'est pas une entité figée et est appelée à évoluer à travers des relations fructueuses avec les autres organismes de recherche concernés par les Sciences de l'Eau" précise M. Girod. La MSE veut être le noyau dur de ce réseau de compétences en étant à la fois un centre de recherche de haut niveau, un lieu d'échanges et de collaborations multidisciplinaires avec le monde de la recherche et de l'industrie et une structure de formation.

Les problèmes de ressource et de qualité des eaux continentales

Les thèmes de recherche abordés par les équipes de la MSE ont comme dénominateur commun l'étude de l'eau -et des risques qui y sont associés- sur les continents. Face à la pression de plus en plus forte liée à l'exploitation des ressources en eau dans les zones urbaines et rurales, face à l'augmentation des rejets polluants dans l'environnement et face aux changements climatiques ou à des événements climatiques exceptionnels, l'objectif des recherches menées à la MSE est d'établir des scénarios permettant d'anticiper les problèmes de pénuries et de qualité des eaux et de proposer des stratégies adaptées en vue d'une meilleure gestion des ressources.

Un rayonnement international

La MSE porte une attention soutenue à la région Languedoc-Roussillon où la gestion des ressources en eau pose des problèmes spécifiques liés à la climatologie (pluies et crues extrêmes), au contexte géologique (aquifères karstiques, petits bassins versants), aux anciennes activités minières (contaminations des eaux en métaux lourds) et à l'urbanisation grandissante (surexploitation des ressources, augmentation des rejets polluants). Particulièrement importantes pour la région, les lagunes littorales font partie des axes de recherche prioritaires de la MSE.

Forte de l'expérience de ses chercheurs, ingénieurs et techniciens, la MSE s'appuie sur cet ancrage régional pour étendre ses activités au bassin méditerranéen (Sud de l'Europe, pays du Maghreb et du Moyen-Orient) qui, à des degrés divers selon les régions, connaît des problèmes similaires à ceux du Languedoc-Roussillon.

Une activité importante de la MSE concerne également des recherches menées en régions intertropicales. Ce sont des zones clés pour la compréhension des relations entre climat et cycle de l'eau et, de plus, elles connaissent un fort développement et les problèmes de gestion des ressources en eau y sont particulièrement aigus. Les travaux dans ce domaine sont principalement menés par les chercheurs de l'IRD en partenariat avec différents organismes dans plusieurs pays d'Afrique, d'Amérique du Sud et en Inde.

Une approche multidisciplinaire

Chimie, géochimie, génie des procédés, modélisation, hydrologie, hydrogéologie... les recherches conduites au sein de la MSE font appel à des compétences variées et s'organisent autour de plusieurs équipes : HydroSciences Montpellier (UMR UM2-CNRS-IRD) " Impacts climatiques et anthropiques sur les hydrosystèmes méditerranéens et tropicaux", AMBRE (IRD) "Analyse, Modélisation dans les Bassins méditerranéens anthropisés du Ruissellement et de l'Erosion", ARIANE (IRD) " Interactions entre constituants, transferts et systèmes de culture dans les sols salés ou acides", DIVHA (IRD) "Dynamiques, Impacts et Valorisation des Hydro-Aménagements", OBHI (IRD) " Observatoires Hydrologiques et Ingénierie".

"Les synergies entre ces équipes sont déjà nombreuses et nous allons travailler à développer de nouveaux programmes de recherche où les collaborations seront renforcées" précise M. Girod. "Nous avons notamment la volonté de participer activement aux programmes européens" poursuit le responsable de la MSE qui connaît bien le fonctionnement de l'Europe puisqu'il a travaillé plusieurs années comme expert scientifique auprès d'une Direction Générale de la Commission Européenne. Cette expérience est un atout supplémentaire pour le développement international de la MSE.

V. CROCHET

Contact :

Michel Girod, responsable de la MSE