Mai 2001 - n°58

L'INSTITUT CURIE contre le cancer

Zoom sur le Département de Transfert et ses activités de valorisation

Fidèle à la volonté de ses fondateurs, Marie Curie et Claudius Regaud, l'INSTITUT CURIE poursuit depuis plus de 80 ans une double mission au service de la lutte contre le cancer : la prise en charge des malades et la recherche en cancérologie.

Plus de 1500 personnes collaborent, à Paris et à Orsay, au sein de deux pôles d'activités :

- un hôpital de référence en cancérologie : l'hôpital Claudius-Regaud, établissement privé participant au service public hospitalier, qui accueille chaque année 75 000 patients en consultation ;

- un centre de recherche de stature internationale, composé de 12 laboratoires associés au CNRS ou à l'INSERM., dont les travaux visent à comprendre le fonctionnement de la cellule, qu'elle soit normale ou cancéreuse, avec pour objectif de faire progresser la prévention, le diagnostic et le traitement des cancers. Les collaborations interdisciplinaires entre les médecins et les chercheurs constituent la culture et le savoir-faire de l'Institut dont l'ambition est de mettre la plus rapidement possible les derniers progrès de la recherche à la disposition des malades.

Un Département de Transfert, pour traduire les connaissances fondamentales en nouvelles pratiques diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques…

Par la multiplicité des compétences qu'il rassemble (biologie, chimie, physique, clinique, instrumentation médicale…), l'INSTITUT CURIE est un creuset exceptionnel pour l'innovation.

La valorisation de ces innovations répond à plusieurs impératifs sociaux et économiques :

- le développement de nouveaux diagnostics et traitements ;

- la création d'activité économique et d'emplois ;

- un retour sur les investissements financiers publics et privés (dons et legs) mis à la disposition de l'Institut.

Ainsi, l'introduction à l'hôpital de pratiques nouvelles issues de la recherche s'impose-t-elle comme une mission essentielle de l'INSTITUT CURIE, une activité de transfert qui trouve ses fondements dans l'histoire prestigieuse de l'Institut, puisque Marie Curie et Claudius Régaud furent parmi les premiers à introduire les rayonnements ionisants en thérapeutique.

Conscient de l'importance de cette démarche, l'INSTITUT CURIE développe depuis une dizaine d'années une politique active en matière de valorisation et crée, dès 1993, un Département de Transfert. Véritable passerelle entre la recherche et la clinique, cette Unité se voit confier le développement, l'évaluation et la validation des techniques diagnostiques, des dispositifs médicaux ou encore des approches thérapeutiques dont la conception s'appuie sur les avancées de la recherche fondamentale.

Dans la pratique, la valorisation se traduit par la mise en place de collaborations de recherche avec l'industrie, le dépôt de brevets et la cession de licences voire la création de sociétés. A ce jour, 35 demandes de brevets ont été déposées, sans compter les extensions à l'étranger, et 4 start-up développent des technologies nées à l'INSTITUT CURIE.

Des programmes transversaux innovants

Menée en liaison avec les principaux organismes partenaires (CNRS, INSERM), la politique de valorisation de l'INSTITUT CURIE implique de fortes collaborations entre chercheurs et médecins. Cliniciens et scientifiques se réunissent en équipe au sein du Département de Transfert pour y développer leurs projets communs. Centrés sur les axes prioritaires de l'Institut, sont alors coordonnés des programmes de recherche thérapeutique en partenariat avec l'industrie ainsi que des études transversales, dites P.I.C. : "Programmes Incitatifs et Coopératifs".

Mis en place à l'Institut depuis 1996, les PIC offrent un cadre stimulant à la démarche de valorisation, mobilisant des médecins et des chercheurs de différentes disciplines (biologistes, chimistes, physiciens…) et favorisant les interactions aux interfaces (physique/biologie, physique/chimie, recherche fondamentale/recherche biomédicale).

Les projets sélectionnés sont abordés avec le souci de valoriser et de transférer les résultats vers l'hôpital.

Au cœur de ces programmes, 7 thématiques : Génotoxicologie, Physique à l'échelle de la cellule, Diagnostic, biologie et traitement des micrométastases, Génétique et biologie des cancers du sein, Protéines vecteurs d'antitumoraux, Angiogenèse tumorale, Immunothérapie antitumorale.

Des activités très diversifiées à l'image des formidables enjeux de la recherche biomédicale pour le XXIème siècle

Que ce soit en matière de diagnostic, de pronostic ou de traitement des cancers, le Département de Transfert de l'INSTITUT CURIE soutient des projets particulièrement variés, illustrant les nombreuses perspectives qui se dessinent aujourd'hui en termes d'avancées thérapeutiques.

Citons, à titre d'exemples :

- le diagnostic moléculaire des cancers :

La mise au point de méthodes pour analyser les anomalies génétiques des cancers constitue un axe de transfert important. L'INSTITUT CURIE est ainsi un centre de référence pour le diagnostic moléculaire des neuroblastomes et des sarcomes de l'enfant et de l'adulte, en France et à l'échelle européenne. Actuellement, les chercheurs et médecins s'intéressent, dans le cadre du PIC "Génétique et biologie des cancers du sein", à l'étude de la progression tumorale des cancers du sein et aux événements moléculaires qui permettraient de mieux caractériser ces tumeurs.

- des traitements biologiques prometteurs :

De nouvelles perspectives se dessinent avec la montée en puissance des thérapeutiques dites "biologiques". Contrairement aux traitements actuels comme la chimiothérapie et la radiothérapie qui détruisent sans distinction cellules tumorales et cellules saines, ces approches modifient le comportement des cellules cancéreuses ou modulent la réponse immunitaire vers une élimination efficace de ces dernière.

C'est le cas de la thérapie génique, de l'immunothérapie, des agents qui modifient les voies de signalisation. L'INSTITUT CURIE est très actif dans ce domaine, et tout particulièrement sur des thématiques telles que l'apoptose (processus naturel de mort cellulaire) et l'angiogenèse (formation de vaisseaux sanguins).

- vers une carte d'identité des tumeurs :

Le domaine en plein essor de la génomique et de la protéomique devrait apporter des informations essentielles sur le fonctionnement cellulaire, au travers une masse considérable de données. Pour être exploitées utilement, il sera indispensable de pouvoir analyser, comparer et archiver ces données. C'est l'objet de la bio-informatique qui nécessite les compétences complémentaires d'ingénieurs, de physiciens et de mathématiciens.

L'Institut Curie a engagé, depuis plusieurs années, une réflexion sur ces évolutions de la biologie et de la médecine, ayant abouti à la mise en œuvre de plusieurs plateaux techniques de génomique fonctionnelle et de protéomique, qui bénéficieront du soutien d'une équipe de bio-informatique.

Ces progrès devraient conduire à établir la carte d'identité moléculaire de chaque tumeur, sorte de code-barre unique et spécifique, qui fournira un diagnostic considérablement affiné.

En fonction des caractéristiques de la tumeur (profil de mutations, risque de métastases…), un traitement "à la carte" pourra être proposé à chaque patient. De plus, les nouvelles thérapeutiques biologiques qui modifient les cellules malignes viendront enrichir l'arsenal des moyens de lutte contre les cancers.

L'alliance de la génomique, de la protéomique et de la bio-informatique dessine les contours d'une médecine innovante qui fera passer progressivement la prise en charge des cancers, du "prêt à porter" actuel vers le "sur mesure".

Un environnement exceptionnel source d'innovation

L'implantation de l'Institut Curie à Paris, au cœur d'un environnement scientifique d'une richesse exceptionnelle - celui de la Montagne Sainte-Geneviève-, constitue un atout considérable en faveur de l'innovation. Soulignons qu'avec l'Ecole Normale Supérieure, l'Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de la Ville de Paris et l'Institut de Biologie Physicochimique, l'Institut Curie a formé l'association de la Montagne Sainte-Geneviève. Il est ainsi étroitement associé à plusieurs programmes d'envergure qui devraient être sources d'innovations et de retombées majeures sur les plans scientifique, technique, médical et économique.

En témoigne la création sur ce site d'un des premiers centres français de puces à ADN et d'instrumentation génomique, financée par le Conseil Régional d'Ile-de-France, le CNRS, l'ARC et l'Institut Curie… un plateau technique qui sera enrichi par l'acquisition de nouveaux instruments consacrés à l'étude des cellules cancéreuses, dans le cadre du programme de génopoles financé par le ministère de la Recherche.

A noter, par ailleurs, que l'Institut Curie a également reçu le soutien du Conseil Régional d'Ile-de-France, du CNRS, de l'ARC et du ministère de la Recherche pour acquérir deux spectromètres de masse, en vue de la formation d'un service commun de protéomique, en partenariat avec l'Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris.

 

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Institut Curie
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