Juin 2001 - n°59

Gros plan sur le nouveau Service de Microbiologie du Centre Hospitalier d’Alençon.

Un exemple en termes de fonctionnalité, de sécurité et d’ergonomie.

Cela fait maintenant un an que le Centre Hospitalier d’Alençon a achevé la restructuration et la rénovation de ses installations. Des travaux importants initiés il y a plus de 15 ans et finalisés en avril 2000 par la complète réorganisation du Service de Microbiologie.

Mme le Dr Christine BERLIE, Chef de ce Service, est incontestablement l’une des pièces maîtresses de ce projet ambitieux. Elle nous en présente les étapes clés et nous invite à visiter son laboratoire, véritable exemple en termes de fonctionnalité, de sécurité et d’ergonomie.

La mise en commun des expériences et des savoir-faire.

Le succès de sa restructuration, le Service le doit avant tout à la concertation de son équipe et à la collaboration étroite avec de nombreux professionnels, architectes, professionnels de l’équipement de laboratoire, experts qualité et consultants informatique, responsables des autorités de tutelle, et Direction du Centre Hospitalier d’Alençon.

Au cœur de cette démarche, le Dr Christine BERLIE a été nommée à la tête du Service en 1992.

"Dès le début, la modernisation du Laboratoire s’est imposée au centre de mes priorités, avec pour objectif de regrouper l’ensemble des activités du Service de Microbiologie sur un même plateau technique et d’optimiser son organisation, notamment en termes de sécurité et de conformité avec les normes " déclare Mme BERLIE.

" Le projet du Service était déjà prévu dans ses grandes lignes par la Direction de l’Hôpital, à mon arrivée, mais plusieurs questions se sont immédiatement posées, en particulier la pertinence de la localisation pour l’implantation du laboratoire (à proximité immédiate de la maternité et de l’hémodialyse !) "

A cette première proposition, abandonnée après consultation des experts, Christine BERLIE a rapidement présenté une alternative : se baser sur les locaux déjà occupés partiellement par l’unité de Bactériologie, pour ne conserver que les murs et réorganiser entièrement l’architecture intérieure tout en l’élargissant à la totalité du bâtiment.

Accepté sur le principe, le projet s’est alors concrétisé grâce à la synergie de nombreuses expériences, à commencer par celles de Mme BERLIE qui, avant d’intégrer l’Hôpital d’Alençon avait déjà mené sa carrière de Microbiologiste au sein de sept autres laboratoires hospitaliers et universitaires, dont un basé en Colombie, doté d’un laboratoire de Haute Sécurité.

C’est donc avec cette solide connaissance des exigences techniques de la profession, mais également une forte sensibilisation aux critères normatifs et à l’assurance-qualité que Mme BERLIE a conduit la restructuration de son service.

A ses côtés, l’ensemble de l’équipe, consultée pour chaque prise de décision et les architectes M. Veyres et J.J. Lincker (cabinet d’Alençon), dont l’expertise s’est avérée décisive à travers une étroite collaboration.

Tous ont activement participé à la conception et à la mise en œuvre du nouveau service, s’appuyant également sur l’ exemple de plusieurs autres laboratoires dont ils ont visité ensemble les installations.

En 1996, l’ensemble du projet a ainsi pu être défini et validé par les autorités de tutelle : de la conception architecturale à l’emplacement de mobilier, jusqu’aux choix des équipements. Les travaux ont débuté en 1999 et l’équipe a intégré ses nouveaux locaux en avril 2000.

" 5 années séparent l’ étape de formulation du projet de sa concrétisation, mais ce délai nous a permis d’acquérir la maîtrise de nouveaux équipements avant le déménagement et d’ajuster notre demande technologique à l’acquisition de matériel conforme aux normes CEE actuelles et compatible avec le passage à l’an 2000 ", précise Christine BERLIE.

De plus, le laboratoire a su respecter le budget qui lui avait été alloué en 1994 : 4,7 millions de francs consacrés à l’équipement, instruments, mobilier, paillasse, dont 1 million de francs, dédié à l’investissement informatique pour lequel un appel d’offres vient d’être clôturé.

Nouveaux locaux, équipements de dernière génération et démarche intégrée d’assurance-qualité

Concrètement, le service est composé de deux zones :

- une zone non confinée formée de l’accueil et des bureaux donnant accès à la zone confinée à travers un vestiaire SAS.

" C’est également dans cet esprit que nous avons décidé de créer des bureaux, indépendants des unités techniques, pour permettre au personnel d’assurer dans les meilleurs conditions les tâches administratives " ajoute Mme BERLIE.

Contrôlé par des digicodes et des interphones, l’accès au laboratoire et à ses zones confinées exige un passage obligé par le vestiaire et le port de vêtements spécifiques (blouses, surchaussures).

- une zone confinée qui s’articule en plusieurs unités de travail distinctes les unes des autres, correspondant à des activités différentes, donc à des risques biologiques différents : bactériologie, sérologie, B.K. , parasitologie, contrôles microbiologiques d’environnement, production de réactifs, étant au cœur de l’expertise du service et des unités physiques qui le constituent.

Soulignons que, depuis le SAS de réception des prélèvements, le transport des échantillons destinés à l’unité de Sérologie, plus éloignée, s’effectue grâce à un système de gaine et de rails, fixés au plafond, sur lesquels coulisse un coffret d’expédition spécifiquement conçu pour le laboratoire dans un matériau stérilisable, équipé de portoirs internes mobiles et d’un compartiment externe pour y placer les documents associés aux échantillons, sans risque de contamination.

Chacune des unités de travail est dotée de l’ensemble des équipements nécessaires aux activités pratiquées, des équipements de sécurité et des instruments les plus performants : automates d’hémoculture, d’identification bactérienne et antibiogramme, automates d’immunoanalyse, microscopes ergonomiques avec discussion, automate de coloration de lames, station anaérobie, hottes à flux laminaire…

A noter au sein des unités techniques, le confinement tout particulier de certaines zones, du fait du risque biologique que génèrent leurs activités : c’est la cas notamment du conditionnement des sérums et de la préparation des documents destinés aux services hospitaliers dans le laboratoire de sérologie, ou encore celui de la recherche des B.K. (isolement, culture et antibiogrammes des Bacilles de Koch), réalisée sous boite à gants et, au sein de l’unité B.K

Soulignons pour finir le contrôle continu de tous les fluides utilisés dans le bâtiment grâce à une centrale de surveillance ainsi que le mise en place de deux cuves de rétention en sous-sol pour éviter la contamination des égouts par des substances potentiellement dangereuses, avec la possibilité de bloquer en urgence les électrovannes de ces cuves dès le moindre problème.

Performance, sécurité, convivialité et qualité

C’est autour de ces exigences fortes de sécurité et de qualité que chaque élément justifie sa place au sein du service de Microbiologie du Centre Hospitalier d’Alençon. Même les points qui pourraient paraître les plus anodins dans l’architecture du laboratoire ont tous leur importance en termes d’hygiène et de sécurité :

- portes vitrées qui offrent l’avantage d’une grande convivialité tout en préservant une certaine intimité de travail,

- mise à disposition de postes de lavage des mains dans chaque pièce,

- choix judicieux des matériaux, du sol au plafond, simplifiant la biodécontamination et permettant de l’assurer en interne,

- procédures strictes de gestion des déchets (placés dans des containers inviolables, scellés au sein des unités de travail et ne transitant ensuite que fermés ; traitement préalable sous UV des déchets issus de l’unité des B.K.).

Cela fait maintenant plus d’un an que l’équipe du Service de Microbiologie du Centre Hospitalier d’Alençon est entrée dans ses nouveaux locaux. Son projet d’équipement informatique, en cours de réalisation, viendra le finaliser.

L’heure est venue de procéder au bilan à un an : contrôle de l’installation, surveillance microbiologique d’environnement…

Au centre des objectifs à moyen terme :

finaliser la mise en place de l’informatique et de l’assurance-qualité et la péréniser, continuer d’intégrer en permanence les innovations technologiques et faire évoluer en parallèle les capacités de l’équipe technique, en intégrant la biologie moléculaire, avec des projets établis en étroite collaboration avec les services de Soins.

Maintenir le niveau acquis, toujours.

Contact :

Mme BERLIE