Novembre 2001 - n°62

Le Laboratoire DGCCRF de Lille

L’expertise analytique au cœur de la régulation du marché

La DGCCRF, Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, s’appuie au quotidien sur l’expertise de ses équipes scientifiques, réparties sur l’ensemble du territoire national : de la France métropolitaine jusqu’aux départements d’outre mer.

M. Michel OLEK, directeur du Laboratoire DGCCRF de Lille, nous ouvre les portes de ses installations, implantées à l’est de la ville, sur la technopole scientifique de Villeneuve d’Ascq.

Zoom sur ce centre d’analyses et d’essais, composante inter-régionale d’un réseau français de 9 laboratoires dont les compétences pluridisciplinaires constituent, pour la DGCCRF, le support scientifique indispensable à ses missions de régulation du marché.

Entité de la DGCCRF au sein du Ministère de l’Economie

La DGCCRF, direction ministérielle à laquelle appartient le laboratoire inter-régional de Lille, trouve ses origines il y a près de 100 ans, mais sa structure actuelle n’a vu le jour qu’en 1985, née de la fusion de la DCRF (Direction de la Consommation et de la Répression des Fraudes) et de la DGCC (Direction Générale de la Concurrence et de la Consommation).

Aujourd’hui rattachée au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, la DGCCRF exerce un rôle majeur de régulation à l’égard de l’ensemble des acteurs de l’économie : entreprises, consommateurs et élus locaux. Sa vocation première : veiller au fonctionnement loyal et sécurisé des marchés par l’élaboration de règles et le contrôle de leur effectivité.

Au cœur de ce dispositif, les laboratoires d’analyses et d’essais ont trois missions essentielles :

- répondre aux besoins d’analyses des directions départementales de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes ;

- développer des méthodes analytiques adaptées aux besoins de contrôle des produits et de détection des fraudes ;

- assurer un appui technique à l’élaboration des normes et des réglementations.

Le réseau des laboratoires de la DGCCRF compte aujourd’hui près de 400 collaborateurs hautement qualifiés ; couvrant l’ensemble du territoire français, il réunit 9 laboratoires : l’un en construction à Oullins, près de Lyon (opérationnel en 2003), et les autres implantés à Bordeaux, Marseille, Massy, Montpellier, Rennes, Strasbourg, Saint Denis de la Réunion et… Lille.

Lille – Villeneuve d’Ascq : expertise analytique et recherche appliquée

Le laboratoire inter-régional de Lille est le plus récent du réseau DGCCRF. Issu de l’ancien laboratoire municipal de Lille, il a été fondé en 1985, avec un effectif initial de 11 personnes.

Sous la direction de M. Michel OLEK, le laboratoire regroupe près de 30 collaborateurs. Ses activités s’organisent, sur plus de 1000 m_, autour de quatre sections analytiques : analyse microbiologique – détermination de la composition nutritionnelle des aliments – détection des contaminants organiques – analyse de la contamination radioactive.

Le laboratoire est ainsi en mesure de répondre aux analyses adressées par les directions de la DGCCRF. Il intervient aussi directement pour le compte d’industriels - " même si ces prestations sont aujourd’hui volontairement limitées afin d‘éviter toute interférence avec les missions de service public ", souligne M. OLEK . Le laboratoire développe, en parallèle, une activité de recherche soutenue.

" L’évolution permanente des procédés de production ou de distribution, l’apparition de nouveaux produits, les exigences de traçabilité, exigent une adaptation continue des techniques d’analyses ", poursuit Michel OLEK. " Nous consacrons donc une part importante de notre activité à l’optimisation des méthodes analytiques existantes et à la mise au point de techniques nouvelles plus performantes répondant aux besoins particuliers des contrôles officiels ".

Parmi les travaux les plus récents de l’équipe lilloise : l’étude des incertitudes analytiques, la détermination de l’influence de différents paramètres sur les mesures de radioactivité gamma, la détection des succédanés d’amande dans divers produits.

Quatre sections analytiques de pointe et une spécialité : l’analyse de la radioactivité

- la microbiologie

Les analyses microbiologiques développées au sein du Laboratoire DGCCRF de Lille visent à identifier et à dénombrer d’une part les germes pathogènes impliqués dans les toxi-infections alimentaires ou dans des maladies dont l’aliment peut être le véhicule, et d’autre part les germes indicateurs d’une mauvaise hygiène de fabrication.

Parmi les micro-organismes pathogènes les plus recherchés : salmonelle, listeria, staphylocoque aureus ; Parmi les germes témoins du non respect des règles d’hygiène lors de la production et/ou de la distribution du produit : coliformes, escherichia coli, flore aérobie mésophile totale…

A noter l’importance de la métrologie dans cette unité technique.

" La métrologie fait effectivement l’objet d’une attention toute particulière au sein de notre laboratoire ", précise Mme Cathy GUICHAOUA, responsable du département Microbiologie. " Dans chaque étuve, notamment, ont été mises en place des sondes thermiques dont la connexion à une centrale de surveillance permet de garantir 24H/24 un suivi optimal ".

- la détermination de la composition nutritionnelle des aliments

Vérifier la conformité des produits avec la réglementation et l’étiquetage selon les méthodes officielles, constituent les deux priorités du service Composition nutritionnelle du laboratoire DGCCRF de Lille.

" Nous travaillons sur tous types d’aliments et de plats cuisinés ", nous explique Mme Edith JACQUENS, responsable du service. " Nous contrôlons la nature des composants, le respect de l’apport calorique et des teneurs indiquées, notamment en glucides, protides, lipides, vitamines, oligo-éléments, minéraux…, ainsi que l’absence d’ingrédients ou d’additifs interdits (colorants, conservateurs, édulcorants, métaux lourds tels que Pb, As, Cd, Cr, Ni…) "

Les techniques analytiques employées, après une étape essentielle de préparation des échantillons, sont diverses : titrimétrie pour le dosage des protéines, colorimétrie pour le dosage du phosphore, CLHP à détection réfractométrique pour l’analyse des sucres et polyols, CLHP à barrettes de diodes pour le dosage des colorants, ou encore CLHP associée à divers autres détecteurs tels que UV, fluorescence, ou conductimétrie…

A noter également l’utilisation de la spectrométrie d’absorption atomique pour la détection des minéraux : absorption atomique à atomisation de flamme pour les minéraux majeurs (Na, K, Mg, Fe…), atomisation électrothermique (four graphite) pour certains métaux lourds (Pb, Cd, As), et appareil à génération de vapeur pour le mercure.

Soulignons enfin que l’électrophorèse sur gel s’impose comme une technique de grand intérêt pour l’équipe lilloise qui l’emploie dans le cadre d’une application bien spécifique : l’identification variétale de pommes de terre, une spécificité pour laquelle le savoir-faire du Laboratoire est sollicité de toute la France.

- la détection de contaminants organiques

L’expertise de ce département est centrée sur la détection des résidus de pesticides et des PCB (polychlorobiphényls). " L’analyse des pesticides repose sur la présence quasi-constante dans ces composés d’hétéroatomes tels que les halogènes, l’azote, le phosphore ou le soufre ", précise M. OLEK. " Ce sont grâce à leurs hétéroatomes que nous pouvons identifier et quantifier ces molécules ".

Parmi les techniques utilisées, prédomine aujourd’hui la chromatographie en phase gazeuse. Les résultats sont ensuite confirmés par spectrométrie de masse (GC/MS/MS). Trois types de détecteurs sélectifs sont couramment employés : la capture d’électrons et l’électroconductimétrie pour la détection des halogénés tels que composés chlorés et bromés ; le thermoionique pour l’identification de molécules azotées et phosphorées.

Soulignons, par ailleurs, l’utilisation de la CLHP à barrettes de diodes pour l’analyse de certains fongicides.

- le dosage de la contamination radioactive

Savoir-faire hérité du laboratoire municipal de Lille, le dosage de la contamination radioactive s’impose comme une spécialité de l’équipe lilloise, qui est d’ailleurs la seule du réseau DGCCRF à être accréditée par le COFRAC dans ce domaine (programme n° 99.4 : " radionucléides ").

Le Laboratoire est équipé d’un spectromètre gamma, un appareil qui permet une excellente précision de mesure tout en offrant l’avantage d’une préparation d’échantillons très réduite et de résultats particulièrement rapides.

" Cette activité, centrée sur l’analyse de la radioactivité, demeure très importante ", nous confie M. Jean-Luc TILLIE, responsable du Département. " Même si, suite à l’accident de Tchernobyl, on ne trouve plus que quelques traces de radioactivité dans des champignons importés des pays de l’Est, il est important de rester vigilant… "

Le Département " Radioactivité " du laboratoire lillois intervient ainsi dans le cadre des plans de surveillance gouvernementaux ainsi qu’à la demande des services douaniers et pour le compte d’industriels qui doivent justifier de la non radioactivité de leurs produits destinés à l’export.

Une démarche qualité, garantie d’analyses fiables

Les capacités d’expertise du centre lillois comme celles des autres laboratoires DGCCRF sont reconnues tant au niveau national qu’international (CEN, Codex Alimentarus, OIV…). Tous fonctionnent sous le principe général de l’assurance qualité .

A Villeneuve d’Ascq, le laboratoire est accrédité par le COFRAC depuis 1991 pour 4 programmes : " Microbiologie " (n° 59), " Aliments diététiques et étiquetage nutritionnel " (n° 60), " Radionucléides " (n° 99.4) et " Produits sucrés et édulcorés-boissons sans alcool " (n° 118).

Le laboratoire participe activement aux circuits de validation de méthodes et d’intercomparaison nationales et communautaires. Un atout de plus pour optimiser sans cesse les performances des unités techniques et garantir ainsi une protection optimale des intérêts des consommateurs et des professionnels.

Au cœur des objectifs du laboratoire DGCCRF de Lille pour 2002 : l’acquisition d’un appareil d’amplification génique dédié à l’identification variétale des pommes de terre, ainsi qu’à plus long terme, l’enrichissement de son parc analytique d’une nouvelle technique : la LC/MS ; " technique particulièrement intéressante pour le dosage de résidus de pesticides, notamment des molécules qui ne peuvent être détectées par chromatographie gazeuse ", conclut M. Michel OLEK…