Janvier 2004 - n°84

Le CRISTAL 2003 du CNRS a été remis à Mme Laurence DESRUES, ingénieur d’études au sein de l’IFRMP 23, Université de Rouen

Mme Laurence DESRUES a reçu, le 4 décembre dernier dans l’amphithéâtre de l’IRCOF, à Mont-Saint-Aignan (76), le CRISTAL du CNRS. Une distinction qui, chaque année depuis 1992, récompense des ingénieurs, techniciens et personnels administratifs du CNRS. Celles et ceux qui, par leur créativité, leur maîtrise technique et leur esprit innovant, exercent le métier d’accompagnement de la recherche et contribuent à l’avancée des savoirs et des découvertes scientifiques.

Ce CRISTAL a été remis par Mme Josette ROGER, déléguée régionale du CNRS pour la Normandie, en présence de M. Hubert VAUDRY, Directeur de l’Institut Fédératif de Recherches Multidisciplinaires sur les Peptides (IFRPM 23), M. Jean-Paul DUPONT, Vice-Président du Conseil Scientifique de l’Université de Rouen, et Mme Marie-Christine TONON, directrice de l’équipe au sein de laquelle exerce Laurence DESRUES.
Portrait de Laurence DESRUES : une jeune femme rivalisant d’inventivité et de ténacité, spécialiste de l’imagerie de la cellule, sous toutes ses facettes !

Pionnière de l’apprentissage par alternance en 1ère année de DEUG !

Que de connaissances acquises et d’expériences menées, depuis le 1er septembre 1983, date à laquelle Laurence DESRUES est descendue de son train corail en provenance du Havre, où elle habitait alors, pour découvrir l’Université de Rouen.

L’histoire commence effectivement il y a tout juste 20 ans, alors que la jeune femme est étudiante en 1ère année de DEUG à la Faculté des Sciences du Havre.

" Hubert VAUDRY est arrivé un jour dans mon bureau, ravi de m’annoncer qu’il avait débusqué parmi ses élèves la personne qu’il lui fallait pour occuper le poste de technicienne à mi-temps que lui avait accordé le CNRS ", se souvient Marie-Christine TONON.
Laurence DESRUES débute donc son cursus professionnel en 1983, au sein du laboratoire de M. VAUDRY, dans l’équipe de Mme TONON : " nous avons ainsi été en quelque sorte les précurseurs de la formation par l’apprentissage en alternance ", souligne Hubert VAUDRY. Car, en effet, ce recrutement ne signe pas la fin de son parcours universitaire, bien au contraire !

Déterminée à poursuivre ses études en parallèle de son activité professionnelle, la jeune femme jongle pendant 7 ans entre ses travaux de recherche, ses trajets en train, sa vie de famille et ses cours universitaires. Elle parvient à terminer son DEUG, obtient une maîtrise des sciences et techniques en biologie et physiologie appliquées, puis un DEA et soutient une thèse en 1993.

Un maillon essentiel de l’IFRMP 23

Parallèlement, Laurence DESRUES parvient à apporter une contribution majeure dans l’Unité où elle travaille, le laboratoire de Neuroendocrinologie Cellulaire et Moléculaire (Unité INSERM 413).
" Laurence est rapidement devenue une périfuseuse hors pair ! ", plaisante Mme TONON. Le compliment est pourtant sincère, à l’image de la dimension que peuvent prendre les expériences de périfusion menées en routine. " 1000 dosages sont parfois nécessaires pour obtenir les informations recherchées sur les réponses d’une cellule à son environnement ", poursuit Mme TONON. " Cela n’a jamais effrayé Laurence. Méthodique, inventive et ingénieuse, elle est toujours allée de l’avant ! "
Pendant ces études qui la mènent au DEA, elle devient technicienne à plein temps, puis postule à un concours externe du CNRS pour devenir assistante ingénieur. Concours qu’elle obtient avec brio, avant de s’intéresser aux phospholipides membranaires et à leurs métabolites.
" Tout était à faire dans ce domaine, à commencer par la mise au point des méthodes de séparation et celle des équipements correspondants ", rappelle Marie-Christine TONON.
C’est là, manifestement, que Laurence DESRUES attrape le virus de la Recherche. " C’est à cette période également qu’un chercheur canadien est venu, pendant un an, travailler dans notre équipe afin d’apprendre nos techniques ", se souvient-elle.
La jeune chercheuse prépare sa thèse et l’obtient en 1993, alors qu’elle s’intéresse déjà à d’autres messagers intra-cellulaires : les ions calcium (Ca2+).
Notez que ces ions jouent un rôle physiologique crucial. Libérés au sein des cellules sous l’action de facteurs de contrôle, ils déclenchent une cascade de réactions aboutissant à la réponse cellulaire, par exemple la sécrétion d’une hormone ou la contraction d’une fibre musculaire.
Pour étudier l’ensemble de ces paramètres et mesurer les variations de concentration de calcium dans une cellule, Mme DESRUES prend en charge l’installation d’un nouveau plateau technique, doté de trois microfluorimètres au sein de l’Institut Fédératif de Recherches Multidisciplinaires sur les Peptides (IFRMP 23) de Rouen. Elle forme en parallèle de nombreux chercheurs et étudiants à l’usage de cette technique.
Laurence DESRUES est promue ingénieur d’études en 1996 et, dès 1998, un nouveau défi se profile pour elle : étudier les ions Ca2+ dans l’espace ! Pour cela, elle s’implique dans l’acquisition et la mise en service d’un microscope confocal à balayage laser ultra-rapide, un appareil autant innovant que performant, dont il existe moins d’une dizaine d’exemplaires en Europe.
" L’équipement permet de visualiser des sondes fluorescentes à l’intérieur d’une cellule, à une fréquence pouvant aller jusqu’à 500 images par seconde ", précise-t-elle. " Plusieurs mois seront nécessaires pour mettre au point cette technique, car le maniement de l’appareil relève du domaine expérimental… "
Mais aujourd’hui, le pari est tenu, et une nouvelle ère s’ouvre à la jeune chercheuse : celle de la dimérisation de récepteurs membranaires, en temps réel, par la technique de FRET (Fluorescence Resonance Energy Transfert), autrement dit, par couplage du microscope confocal à balayage laser aux outils de biologie moléculaire…
" Je suis prête à me lancer dans ce nouveau projet ", assure Laurence DESRUES. " Pourquoi pas pour 20 nouvelles années de recherche ?! "

SD

Contact :
Dr Hubert VAUDRY, Directeur de l’Unité INSERM 413, Directeur de l’Institut Fédératif de Recherches Multidisciplinaires sur les Peptides (IFRMP 23).