Septembre 2004 - n°91

La Biobanque de Picardie : Centre de Ressources Biologiques

Début 2004, étaient inaugurés les locaux dédiés en propre à la Biobanque de Picardie, installés au sein du CHU d’Amiens. La structure s’impose comme la première en France, dédiée aux activités de Centre de Ressources Biologiques (CRB).
Gros plan !

Des origines qui remontent à plus de 20 ans…

La Biobanque de Picardie a été officiellement constituée sous le statut associatif en décembre 2001, mais son histoire a débuté bien plus tôt.

“ C’est à la fin des années 1980, à la suite des problèmes de santé publique émergeants liés au virus du VIH et à celui de l’hépatite C, qu’une réflexion a été lancée sur la création d’un nouvel outil de recherche fondé sur la conservation réfléchie des prélèvements biologiques ”, nous confie le Dr Jean-Marie SUEUR, responsable des relations scientifiques au sein de Biobanque Picardie. En 1991, le Conseil Général de la Somme et le Conseil Régional de Picardie s’investissent dans le projet, subventionnant la réalisation de ses locaux ainsi que son fonctionnement et l’acquisition de ses équipements. Un an plus tard, l’ensemble des laboratoires de la région picarde est informé de la naissance de la Biobanque de Picardie et la première paillette est stockée…“ Imaginée au départ pour la conservation des sérums, cette structure convient également au stockage d’autres types de prélèvements (ARN, cellules, plasma…), d’où l’évolution de sérothèque vers la notion de Biobanque ”, souligne M. SUEUR.

Dès lors, les activités de la Biobanque de Picardie n’ont cessé de se développer. Des collaborations se mettent en place, tant avec des sociétés de diagnostic biologique, que des établissements de santé publics (Centre de Prévention et d’Examens de Santé, C.H.R. de Reims, C.H. de Compiègne, Université de Technologie de Compiègne, unités INSERM…), en France comme à l’étranger.
Dès 1993, la Biobanque de Picardie a été choisie par le réseau Chlamydia comme siège du centre européen de sérologie Chlamydiae. Rapidement, la Biobanque de Picardie est donc amenée à gérer l’envoi de paillettes dans différents pays européens.
Elle se voit par ailleurs confier de nombreux autres travaux sur diverses thématiques. Citons pour exemples : la mise en place d’un protocole d’étude concernant les papillomavirus, l’organisation du registre des anticorps et des syndromes Antiphospholipides, la comparaison de différentes techniques de biologie moléculaire et d’immunofluorescence pour la mise en évidence de Chlamydia trachomatis dans les urines et les prélèvements génitaux, l’étude des facteurs de risques cardio-vasculaires chez les enfants, la mise au point de techniques de diagnostic sérologique et de diagnostic moléculaire agréé par l’AFSSAPS…

En 2000, la ville d’Amiens est choisie, en raison de l’existence de la Biobanque, pour implanter la Biothèque de l’EFS (Etablissement Français du Sang) Nord de France, dans le cadre du Schéma Territorial d’Organisation de la Transfusion Sanguine. Un partenariat scientifique est envisagé entre la Biothèque de l’EFS et la Biobanque de Picardie.
Peu après, dans le cadre de l’appel d’offres lancé par le Ministère de la Recherche et l’INSERM, la Biobanque est sélectionnée pour faire partie du réseau des 16 premières collections reconnues par l’action CRB du Ministère de la Recherche pour la conservation des échantillons biologiques humains.
En 2002, désormais régie sous le statut associatif et avec le soutien du Département Bio-Ingénierie du Ministère de la Recherche, la Biobanque de Picardie engage une nouvelle étape de son développement, visant à structurer et professionnaliser le nouveau métier de CRB.
“ La fin 2003 a été marquée par le regroupement, au sein de nouveaux locaux, de la Biobanque de Picardie et de la Biothèque de l’Etablissement Français du Sang ”, poursuit le Dr Jean-Marie SUEUR. “ Ce développement majeur de la Biobanque de Picardie permettra à la fois de conserver un plus grand nombre d’échantillons et surtout, de pouvoir mieux les exploiter en élargissant davantage le champ des recherches. La demande croissante de stockage de produits biologiques humains, mais également animaux ou végétaux d’une grande diversité rend aujourd’hui incontournable cette nouvelle évolution… ”

Les missions de CRB

L’Association s’impose aujourd’hui en tant que“ banque de données et d’échantillons biologiques à finalité de recherche ” reconnue par le Ministère de la Recherche.
Elle développe les activités de centre de ressources biologique en se référant à la définition donnée par le groupe de travail de l’OCDE : “ Ce sont des centres de ressources spécialisés qui acquièrent, valident, étudient et distribuent des collections d’organismes cultivables (cellules microbiennes, végétales, animales et humaines), des parties réplicables de ces organismes (génomes, plasmides, banques d’ADN) et d’organismes viables, mais non encore cultivables… ”

Les missions de l’Association Biobanque de Picardie reposent donc en particulier sur :
- la collecte des prélèvements biologiques et leur conservation par aliquots,
- le stockage et la gestion d’échantillons biologiques selon la demande des partenaires,
- l’expertise et l’évaluation de façon rétrospective sur le plan médico-scientifique de tout ou partie des échantillons biologiques conservés, - l’assurance de la préservation de l’information clinique et biologique associée à chaque échantillon et cohorte,
- la cession à titre gratuit ou onéreux de tout ou partie des échantillons conservés auprès des demandeurs membres ou non de l’Association,
- la vente de prestations en rapport avec les missions de Centre de Ressources Biologiques…

Qualité, traçabilité et sécurité

Notez que par souci de sécurité, la Biobanque de Picardie va chercher directement les prélèvements dans les différents organismes demandeurs. Cela garantit la fiabilité des produits recueillis.
Les échantillons biologiques sont conservés dans des paillettes haute sécurité, en résine ionomère, qui évite toute interaction physico-chimique entre contenu et contenant. Ces paillettes sont remplies par un automate, identifiées par code-barre, inviolables et infalsifiables.
Lors de la mise en paillettes, chaque échantillon biologique est fragmenté et réparti en plusieurs aliquots. Lorsqu’un élément d’une collection doit être transmis à un destinataire, un seul aliquot sort. Cette technique permet de multiplier les analyses, et d’enrichir continuellement les informations déjà recueillies.
Les échantillons biologiques sont conservés à –80°C en congélateur électrique et/ou à –196°C dans l’azote liquide. Ils sont stockés et gérés de manière anonyme…

Pour chaque contrat de collection, des procédures de validation de la collection sont mises en place. Les systèmes de surveillance technique, d’alarmes et de secours (injection d’azote en cas de panne électrique) garantissent la qualité de conservation.

Précisons que l’étude des paillettes déstockées peut être réalisée au niveau d’un organisme demandeur, mais aussi sur place. Le laboratoire Recherche et Développement est en effet parfaitement équipé pour la mise au point de techniques d’immunologie et de biologie moléculaire. La Biobanque de Picardie s’impose comme site pilote pour l’évaluation d’un nouveau logiciel (agréé CNIL) de gestion des informations liées aux échantillons biologiques à visée de recherche. Ce logiciel comporte des sauvegardes et intègre tous les éléments de provenance, de préparation, de conservation, et des éventuelles destinations. Il prend en compte également toutes les données cliniques et biologiques disponibles, liées à l’échantillon. Des procédures écrites, couvrant toutes les opérations, sont mises en place pour chaque contrat de collection.

800 000 paillettes correspondant à 80 000 échantillons sont stockées à ce jour, au sein de la Biobanque de Picardie qui sera auditée pour la certification ISO9001,2000 avant la fin de l’année 2004.

Expertises et études…

La Biobanque de Picardie, par ses échantillons immédiatement disponibles, est une structure qui se prête à l’évaluation de réactifs ou de nouvelles techniques de diagnostic, avant et après mise sur le marché.

Son Laboratoire peut également proposer des protocoles-pilotes en amont et en aval de la cryoconservation, sur des paramètres particuliers, selon la demande du partenaire.

Ajoutons pour conclure que la Biobanque de Picardie participe à des études épidémiologiques, prospectives et rétrospectives, avec des partenaires publics et/ou privés, sur des thématiques actuelles et émergeantes. Elle est également impliquée dans la réalisation d’études de recherche fondamentale et appliquée, dans le cadre de thèses de Doctorat ou de collaborations avec les hôpitaux, universités, instituts de recherche…

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à contacter Mme Fay BETSOU, responsable R&D de la Biobanque de Picardie. Toute son équipe est à votre service…

S. DENIS