Octobre 2004 - n°92

L’Institut Génétique Moléculaire de Montpellier (IGMM)

Depuis 1971...

Les origines de l’IGMM remontent à 1971 lorsque Ph. Jeanteur s’installe au Centre Régional de Lutte contre le Cancer de Montpellier pour y fonder une équipe axée sur la biologie moléculaire. En 1974, l’équipe rejoint l’Université de Montpellier 2, est reconnue comme unité CNRS et ne cesse de se développer pour finalement aboutirà la création de l’Institut de Génétique Moléculaire en février 1993.

Le laboratoire se compose alors de quelques unes des équipes de la précédente structure, mais aussi d’équipes venues d’horizons très variés, aussi bien de France que d’Allemagne, Espagne, Angleterre et Etats-Unis, alors que d’autres s’individualisent à partir deséquipes montpelliéraines fondatrices…
Il faut également noter que l’IGMM est depuis toujours en étroite collaboration avec le secteur hospitalier (Centre Régional de Lutte contre le Cancer) et le secteur industriel bio-tech, dont il a hébergé deux sociétés (Protéine Performance et Synt:em).

Pendant 10 ans, l’IGMM est dirigé par Ph. Jeanteur, qui passe ensuite la main à Jean-Marie Blanchard, son plus ancien collaborateur.

Objectif : application médicale

Composé d’environ 140 personnes (parmi lesquelles 41 chercheurs statutaires, 26 techniciens et ingénieurs, 36 étudiants doctorants, 8 personnes d’une équipe R&D de la société Synt:em…) réparties en plusieurs petites équipes interactives, l’IGMM est une Unité Mixte de Recherche CNRS associée à l’Université Montpellier 2, dont les activités s’inscrivent dans le cadre général de l’étude des mécanismes moléculaires qui sous-tendent le contrôle de l’expression des gènes par le biais des grandes voies de signalisation (génomique fonctionnelle) dans des cellules isolées ou dans des systèmes complexes. Cette étude est déclinée à tous les niveaux de régulation, depuis le décorticage des mécanismes intimes de la transcription, jusqu’à la dégradation des protéines, en passant par le métabolisme des ARN. Toutes les recherches de l’IGMM, y compris les plus fondamentales, ont en arrière plan des applications médicales, soit dans le domaine des biothérapies, telles que les thérapies géniques et cellulaires, soit dans celui de la pharmacologie avec pour finalité l’amélioration de la biodisponibilité, du ciblage et de la spécificité des médicaments.

Actuellement, le laboratoire articule ses recherches autour de :

L’analyse des signaux et des mécanismes qui contrôlent la prolifération et la mort cellulaire.
L’étude du cycle cellulaire et du rôle qu’y jouent les oncogènes et les gènes suppresseurs de tumeurs.
L’analyse des mécanismes épigénétiques au cours de la vie cellulaire et du développement (empreinte parentale).
L’analyse des modifications, du transport intracellulaire et de la fonction des ARN.
L’étude des virus à ARN (HTLV, MLV) età ADN (adénovirus), de leurs récepteurs et de leur trafic dans les tissus qu’ils colonisent.
L’étude des mécanismes de différenciation cellulaire (cellules T, cellules hématopoïétiques) et de l’angiogénèse.
Le contrôle de la réplication et de l’instabilité génétique.
La vectorisation de molécules thérapeutiques par des approches virales ou non virales.

Notons aussi que la recherche en cancérologie fondamentale est bien représentée puisque trois équipes sont actuellement labellisées par la Ligue Nationale contre le Cancer.

Des installations importantes…

Installé sur le campus du CNRS de la route de Mende et sur une surface de 4000 m2, l’Institut de Génétique Moléculaire dispose de tous les locaux nécessaires à la recherche : entre autres des laboratoires et des salles de culture, une animalerie abritant environ 6000 souris, un service de gestion et un magasin qui permettent l’approvisionnement en produits chimiques et biologiques les plus courants, un service d’infographie et d’iconographie, un service de préparation des solutions courantes…

En ce qui concerne le matériel, l’IGMM possède tous les équipements modernes essentiels à la réalisation d’expériences dans le domaine de la biologie cellulaire et moléculaire et de la génétique, parmi lesquels figurent :

Des centrifugeuses, des appareils de tri cellulaire (FACS) et les équipements permettant de manipuler les traceurs radioactifs.
Un laboratoire de haute sécurité de type L3 qui permet la manipulation des organismes pathogènes tels que les virus.
Des systèmes de micro-injection de cellules et d’embryons qui permettent de produire des animaux génétiquement modifiés (les souris par exemple) et de créer des modèles animaux de pathologies humaines.
Un libre accès au service d’imagerie de très haut niveau situé au Centre de Recherche en Biochimie Macromoléculaire.

Partenariats…

Depuis plusieurs années déjà, l’IGMM fonctionne en partenariat avec la société Synt:em (Nîmes) qui travaille sur la production de molécules thérapeutiques vectorisées, et ce, plus particulièrement dans le domaine de la cancérologie.

Comme nous l’avons vu précédemment, l’institut accueille 8 personnes du département R&D de cette société et bénéficie enéchange de son support financier récurrent, ce qui a contribué à tisser des liens privilégiés entre l’IGMM et Synt:em. Liens qui devraient rapidement se concrétiser par deux contrats passés avec les équipes de M. Sitbon et de D. Mathieu. En effet, le premier projet découle d’une découverte faite par l’équipe de M. Sitbon (en collaboration avec celle de N. Taylor) et vise à mieux caractériser les déterminants qui spécifient l’interaction du HTLV avec son récepteur. Quant à l’autre projet, il émane des récents développements des travaux du groupe de D. Mathieu sur les mécanismes fondamentaux de l’angiogénèse et du rôle qu’y joue le facteur de transcription Tal-1.

Soulignons par ailleurs que l’équipe de J. Tazi est en train de développer une nouvelle pharmacologie de traitement de maladie génétique à base de petites molécules qui interfèrent avec les processus d’épissage. Ce projet, soutenu par l’ANVAR, ouvre ainsi la voie vers un nouveau partenariat avec l’industrie pharmaceutique.

Objectifs

L’IGMM souhaite conserver une structure polythématique formée de petites équipes interactives, sans pour autant ne pas écarter des regroupements thématiques. En effet, parallèlement à l’étude du métabolisme de l’ARN et à l’analyse des mécanismes de contrôle de la prolifération, se profile un nouvel axe dévolu à l’immunovirologie, qui traiterait entre autres de l’assemblage et du transport des rétrovirus, du rôle de la famille TNFa en immunologie et en oncologie, des adénovirus comme outils thérapeutiques, des rétrovirus et de la physiopathologie du lymphocyte T, etc. De plus, la nécessité de développer des modèles animaux s’impose dans de très nombreux domaines et devient incontournable dans celui du cancer. Par conséquent, le développement de l’animalerie transgénique est l’une des priorités de l’IGMM : agrandissement prévu de 150 m2 à 500 m2. Notons aussi que l’IGMM faitégalement partie d’un institut fédératif de recherche, c’est-à-dire d’un regroupement de laboratoires mettant leurs moyens en commun : l’Institut Montpelliérain de Biologie (IFR 122), élément de la Génopole Montpellier Languedoc-Roussillon, dont l’action s’articule autour de :

L’aspect pédagogique, puisque les divers laboratoires accueillent de nombreux étudiants (maîtrise, DEA, DESS, thèse) de l’Université Montpellier 1 et du département Biologie-Santé de l’Université Montpellier 2, lequel dispose du projet de Master unique de recherche Biologie-Santé (mise en place prévue pour la rentrée 2004).

La stratégie scientifique, dans le but de créer des passerelles entre les différentes équipes pour permettre le développement des approches conceptuelles mutuellement enrichissantes qui doivent à terme tendre vers une fédération des laboratoires sur des projets communs, notamment la biologie cellulaire, la génétique moléculaire, les processus infectieux et la pharmacologie.

La valorisation de la santé humaine et animale, ainsi que de l’agronomie, ce qui a d’ailleurs aboutit à la création d’entreprises, telles que SelectBiotics, spécialisée dans l’isolement, la caractérisation et le développement des antibiotiques de nouvelle génération destinés à lutter contre les agents de maladies nosocomiales.

Il faut aussi préciser que plusieurs brevets sont déposés ou en cours de dépôt, et que des accords de coopération bilatéraux entre différentes unités de l’IFR font que de nombreux contacts sont établis en vue de l’exploitation des résultats de recherche : Vétoquinol, Pasteur-Rhobio, Bayer-CropSciences, Sanofi-Synthélabo, Intervet, Bavarian Nordic…

P. FARANT