Octobre 2004 - n°92

L’Institut National de la Transfusion Sanguine célèbre son 10ème anniversaire

Dans le prolongement de la loi du 4 janvier 1993 confiant à l’Agence Française du Sang (AFS) la régulation de la transfusion sanguine au niveau national, la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, Mme Simone VEIL, et le Ministre délégué à la Santé, M. Philippe DOUSTE-BLAZY, ont créé en mars 1994 l’Institut National de la Transfusion Sanguine (INTS). Voici donc 10 ans que l’INTS a vu le jour. L’occasion de vous présenter plus amplement cetétablissement, partenaire de tous les acteurs du paysage transfusionnel français…

La refonte de toute une activité suite à “ l’affaire du sang contaminé ”

Toute activité, et a fortiori toute activité médicale, connaît des cycles qui obligent à des remises en cause. En matière de transfusion sanguine, “ l’affaire du sang contaminé ” mit en lumière de graves dysfonctionnements attribués schématiquement à une triple cause : l’émergence d’agents transmissibles par le sang, les dérives des prescriptions et les défaillances humaines.

“ En 40 ans, s’était créé un ensemble à la fois efficace et fragile : efficace, car il a profité à des millions de malades ; fragile, car il a duré selon le même mode de monopole et d’hégémonie. Ces constats ont conduit les parlementaires et les pouvoirs publics à opter pour un principe, celui de la séparation des activités ”, remarque le Pr Philippe ROUGER, Directeur Général de l’INTS. “ Dans ce contexte ont été inaugurées l’Agence Française du Sang, AFS (à laquelle succède l’Etablissement Français du Sang, EFS), l’Agence du Médicament (remplacée aujourd’hui par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, (AFSSaPS), l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), et… l’Institut National de la Transfusion Sanguine, INTS ”.

Dans le domaine de la transfusion sanguine, trois objectifs ont motivé la création de l’INTS

Développer une structure indépendante, non “ juge et partie ”, qui soit à même d’assurer ses missions en toute autonomie vis-à-vis des structures opérationnelles et ce, afin de contribuer à une vigilance générale et à la sécurité transfusionnelle,
Apporter de manière indépendante des éléments de gestion et de maîtrise biologique des risques transfusionnels dans les domaines immunologiques et infectieux, au service des Agences et des autorités de tutelle,
Disposer d’un centre de compétences au service de l’ensemble de la chaîne transfusionnelle : du donneur au receveur, de l’EFS aux établissements de santé, du médecin de collecte au prescripteur…
Fondé en 1994, l’Institut National de la Transfusion Sanguine a été constitué sous forme d’un Groupement d’Intérêt Public (GIP) auquel trois missions ont été confiées :
- des activités de référence en biologie et médecine transfusionnelles,
- des activités de recherche,
- des actions d’enseignement et de formation.

L’INTS s’est dès lors imposé comme un interlocuteur, un partenaire et un référent auprès de tous les acteurs du paysage transfusionnel français…

Dédié à la maîtrise des risques transfusionnels et au développement médical et scientifique de la transfusion

Fondées sur le tryptique “ Référence - Recherche – Enseignement ”, les activités de l’INTS se structurent autour de cinq pôles thématiques : Immunogénétique et approches moléculaires appliquées, Génétique moléculaire des groupes sanguins, Agents et maladies transmissibles par le sang, Biologie cellulaire et médecine transfusionnelle, Formation / Information.

Des activités de référence et de biologie spécialisée :
Grâce à son autonomie, l’Institut National de Transfusion Sanguine joue un rôle majeur auprès de l’EFS et des Agences d’Etat (AFSSaPS, Institut de Veille Sanitaire, Agence Nationale de Recherche sur le SIDA, Contrôle National de Qualité…). Il reste le référent national pour les malades ayant des groupes sanguins rares et exceptionnels.
Ces activités sont menées par des laboratoires de référence ou agréés par les tutelles : le Centre National de Référence pour les Groupes Sanguins (CNRGS), le Centre National de Référence pour la surveillance des hépatites B et C, le Laboratoire d’immunologie plaquettaire et le Laboratoire du Polymorphisme génétique.
L’objectif est de dépasser les contraintes du polymorphisme et de réduire les risques de transmission potentielle des maladies. Il s’agit d’appréhender, de maîtriser et de limiter les risques immunologiques et les risques associés aux agents transmissibles par le sang, des virus aux parasites.

Des activités de recherche
Les activités de recherche de l’INTS se situent dans le domaine de ses actions biologiques de Référence (immunologie, agents transmissibles, globules rouges, plaquettes, génétique moléculaire). Elles impliquent des travaux de recherche fondamentale et appliquée, menés dans le cadre de collaborations avec l’EFS, les Universités, l’INSERM (Unité U76) et le CNRS…
Les recherches de l’INTS visent à standardiser les techniques, contrôler les réactifs, évaluer cliniquement et mesurer les effets secondaires des transfusions sanguines. Elles portent également sur le développement des approches fondamentales en immunologie, génétique et virologie transfusionnelle.

Des actions d’enseignement et de formation
Les activités d’enseignement de l’INTS se développent tant dans le domaine de la formation continue qu’au plan universitaire : Diplôme Universitaire de Transfusion Sanguine (DUTS), Capacité en technologie transfusionnelle, Diplôme d’Etudes Spécialisées Complémentaires d’hémobiologie Transfusion (DESC), Diplôme Inter-Universitaire de Médecine Transfusionnelle (DIUMT)…

Ces programmes ont pour objectif de dispenser les bases scientifiques et médicales nécessaires à la prévention des risques fondamentaux liés aux produits et à la transfusion sanguine. Ils entendent également faire acquérir une maîtrise médicalisée des indications de produits sanguins…

Quel avenir ? Quelles ambitions ?..

Selon les résultats de plusieurs études nationales et internationales, le recours aux produits sanguins cellulaires de type globules rouges et plaquettes sera encore une nécessité majeure pour le traitement de plusieurs centaines de milliers de malades, au cours des 10 prochaines années.

Pour Philippe ROUGER, Directeur Général de l’Institut, la stratégie de l’INTS devra donc se développer selon dix axes majeurs :

1/ Poursuivre les activités prioritaires de l’Institut en matière de globules rouges, de plaquettes et d’agents transmissibles, tout en les adaptant à la maîtrise scientifique et médicale des risques.
2/ Appliquer scrupuleusement la charte de l’INTS dans un domaine où l’éthique est une valeur majeure.
3/ Intégrer l’Institut dans le cadre européen avec mise en conformité aux normes anniversaire européennes des activités des Laboratoires nationaux de Référence (Directives Européennes 1998/78/CE et 2002/98/CE).
4/ Renforcer les transferts de technologie de la Recherche vers la Référence.
5/ Assurer un axe “ formation – information ” indépendant des acteurs institutionnels et privilégiant l’interactivité et les médias électroniques (e-learning).
6/ Conforter l’intégration de la Transfusion Sanguine dans le système sanitaire français, afin de sortir de l’autarcie, favoriser la transparence et développer les coordinations.
7/ Multiplier les partenariats entre tous les acteurs institutionnels ou privés dans le respect de la transparence et de la nonexclusivité.
8/ Innover dans le “ cœur de métier ” et ainsi développer des recherches fondamentales et ciblées liées aux priorités de santé publique, telles par exemple : le développement de modèles animaux “ génétiquement modifiés ”, la poursuite des études physio-pathologiques pour une meilleure prise en charge des patients drépanocytaires, l’étude de la réponse immune et l’immunomodulation associée aux transfusions.
9/ Développer une approche clinique de la transfusion au travers trois aspects : des études épidémiologiques, en particulier dans le domaine virologique, l’assurance-qualité au service de la maîtrise des risques, et la méthodologie analytique afin de replacer la transfusion dans l’ensemble des protocoles thérapeutiques…
10/ Amplifier les actions concernant la formation des personnels de l’INTS, l’adaptation des locaux et des équipements afin de répondre aux exigences de qualité.

Pour remplir ses missions, l’INTS peut compter sur les compétences de près de 150 personnes et plus de 4000 m2 de locaux. Notez d’ailleurs que 400 m2, tout récemment réaménagés sur le site de Cabanel (15ème arrondissement parisien) ont été inaugurés le 28 juin dernier par M. Philippe DOUSTEBLAZY, Ministre de la Santé et de la Protection Sociale…

La charte de l’INTS

Développer des thématiques fondées sur l’expertise bioclinique dans le respect des missions intégrant l’évolution de la transfusion sanguine,
Respecter l’autonomie réglementaire des acteurs de la chaîne transfusionnelle et mettre en place des interfaces efficaces,
Renforcer la synergie entre les activités de référence – recherche – formation,
Assurer la maîtrise des risques et la sécurité transfusionnelle à travers des actions de formation, de référence, d’expertises et de consultations,
Eviter toute redondance avec des structures existantes,
Assurer la complémentarité des activités et des compétences humaines,
Développer des partenariats avec les professionnels impliqués dans le domaine transfusionnel,
Informer des développements reconnus et des innovations profitables aux patients,
Développer un esprit fédératif européen et intégrer les dimensions réglementaires,
Consolider l’esprit éthique des activités de la chaîne donneur-receveur…

SD