Février 2005 - n°96

Le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, distingué par le Grand Prix Scientifique de la Fondation Louis D. – Institut de France

En octobre dernier, M. Jean-Claude DUPLESSY, responsable du groupe " Climat " au sein du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), se voyait remettre le Grand Prix Scientifique de la Fondation Louis D. – Institut de France.

Jean-Claude DUPLESSY est directeur de recherche au CNRS. Ses travaux portent sur la reconstitution des variations du climat de la Terre dans le passé, à partir de l’analyse de sédiments marins collectés au cours de campagnes océanographiques hauturières. Ces recherches ont conduit au développement d’une science nouvelle, la paléo-océanographie, qui vise à reconstituer comment la circulation océanique a varié dans le passé et quels en sont les causes et les mécanismes. L’occasion pour nous de présenter ce laboratoire, ses équipes et leurs activités de recherche…

Unité mixte CNR - CEA

Le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement a été créé conjointement par le CEA et le CNRS par la fusion du Centre des Faibles Radioactivités et du Laboratoire de Modélisation du Climat et de l’Environnement. Basé à Gif-sur-Yvette (91), le LSCE est aujourd’hui une unité mixte CNR - CEA.
L’unité ainsi constituée rassemble environ 150 permanents (chercheurs, enseignants, ingénieurs, techniciens et administratifs) et environ 70 thésards, post-doctorants ou stagiaires temporaires.

Le LSCE est membre de l’Institut Pierre Simon Laplace qui fédère l’ensemble des laboratoires travaillant sur les enveloppes fluides de notre planète en région parisienne. Il a des rapports étroits avec les universités de Versailles – Saint Quentin et d’Orsay.

- le groupe " Climat " :

Le Groupe " Climat " utilise l’évolution des climats passés de la Terre pour comprendre les mécanismes qui régissent les interactions entre l’atmosphère, l’océan, les glaces de mer, les continents, la végétation qui les recouvrent, et les calottes glaciaires. Les actions de recherche se rattachent à deux échelles de temps : l’une est dédiée aux changements dans un passé lointain, notamment les dernières centaines de milliers d’années ; l’autre concerne les derniers siècles avec la possibilité d’obtenir une information à l’échelle annuelle, voire mensuelle.
La reconstitution de séries climatiques s’appuie sur différentes archives, sédiments marins, glaces polaires, sédiments lacustres ou concrétions des cavernes pour le premier axe, auxquels s’ajoutent les coraux, les cernes d’arbres et les archives historiques pour le second. Une collaboration lancée dans le cadre du pôle de modélisation de l’Institut Pierre Simon Laplace ouvre la voie à une simulation réaliste des climats du futur, perturbés par les activités humaines, et viseà évaluer des impacts d’un réchauffement global.

- le groupe " Etude des grands cycles biogéochimiques"

L’interaction des cycles biogéochimiques avec le climat est au cœur de l’impact de l’Homme sur le climat, mais aussi de la réponse de la biosphère aux changements climatiques. Le groupe "d'étude des grands cycles biogéochimiques" du LSCE s’appuie sur une description des processus régissant la variabilité des espèces chimiques qui agissent sur le climat (CO2, CH4, ozone, aérosols) au cours de l’ère industrielle.
Il étudie également leur modélisation pour intégrer les processus qui interviennent à deséchelles de temps variables, s’étendant du mois au siècle. Pour ce faire, le LSCE a lancé un réseau de mesures, PAMCES, portant sur le CO2 et la chimie atmosphérique.
Les données, issues des satellites, sont intégrées dans les modèles tridimensionnels de climat pour évaluer l’impact présent de ces composés et simuler leur influence au cours du prochain siècle.

- le groupe " Géochronologie et géomarqueurs"

Pour comprendre l’évolution de l’environnement présent ou passé de la Terre, un ensemble de traceurs constitue une panoplie d’outils très efficaces. Le groupe" Géochronologie et géomarqueurs " du LSCE a développé des méthodes de datation des échantillons géologiques (carbone-14, potassium-argon, thermoluminescence, U/Th) et des moyens de quantifier la pollution et la dynamique actuelle de la surface des continents (érosion superficielle, hydrologie).

Bientôt de nouveaux instruments par le LSCE !

Le Prix de la Fondation Louis D. - Institut de France aidera le LSCE à acquérir plusieurs instruments de pointe pour poursuivre ses travaux dans le domaine de la paléoclimatologie. Parmi les prochains projets d’investissements
du Laboratoire, figurent ainsi :
- des spectromètres de masse alliant haute sensibilité et très grande précision, afin d’assurer les mesures de composition isotopique sur les glaces antarctiques (programme international EPICA) et les sédiments marins (programme international IMAGES),
- un magnétomètre à basses températures qui fournira une lecture précise de la minéralogie magnétique des nanoparticules des sédiments marins et lacustres.
Le LSCE disposera ainsi des équipements indispensables pour reconstituer et comprendre les téléconnections climatiques existant entre les zones polaires documentées par les archives glaciaires et les plus basses latitudes où les fluctuations du climat sont enregistrées dans les sédiments marins et continentaux.
Ce prix contribuera également à soutenir l’effort de modélisation des changements climatiques, aussi bien pour les climats du passé que pour ceux du futur pour lesquels l’Homme devient un acteur déterminant.

La Fondation Louis D. – Institut de France

Créée en janvier 2000, sous l’égide de l’Institut de France, la Fondation Louis D. décerne chaque année deux grands prix, dotés chacun de 750 000 euros.
La Fondation Louis D. a pour objet de soutenir des associations, fondations, personnes morales ou O.N.G., à l’exclusion de toute personne physique, ayant une action à caractère caritatif ou culturel, ou dont le but est d’encourager la recherche scientifique.
En 2004, le Prix Culturel visait à soutenir les actions en faveur de la langue française dans le monde.
Quant au Prix Scientifique, destiné à aider un laboratoire, une équipe ou une institution engagée dans la recherche, il était centré en 2004 sur " les accidents climatiques brutaux et localisés et leurs conséquences ".
Le Conseil d’Administration de la Fondation Louis D., sur rapport de M. Jean DERCOURT, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, et après délibération d’un comité de sélection, a désigné parmi les candidats M. Jean-Claude DUPLESSY et le groupe " Climat " du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement.

SD

Membres du Comité de Sélection du Prix Scientifique :
- Etienne-Emile BAULIEU, président du jury, président de l’Institut, président de l’Académie des Sciences ;
- Jean DERCOURT, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences ;
- Ghislain de MARSILY, de l’Académie des sciences ;
- Olivier PIRONNEAU, de l’Académie des sciences ;
- André BERGER, de l’Académie des sciences ;
- Emmanuel LE ROY LADURIE, de l’Académie des sciences morales et politiques ;
- Michel COMBARNOUS, de l’Académie des sciences ;
- Jacques BERNIER, professeur associé à l’ISUP ;
- Sylvie JOUSSAUME, directrice de l’INSU ;
- Henri CABANNES, de l’Académie des sciences ;
- Pascale DELECLUSE, présidente du programme PNEDC, LSCE.