Novembre 2007 - n°126

Le laboratoire de Parasitologie Moléculaire de Charleroi

Structure Académique au sein du Département de Biologie Moléculaire, ce laboratoire est une des composantes de l’Institut de Biologie et de Médecine Moléculaires (IBMM) de l’Université Libre de Bruxelles. Son ambition principale est la découverte pure.

La structure actuelle du Laboratoire de Parasitologie Moléculaire (LPM – Unité ULB 131) date de 1993. A cette époque, le laboratoire d’Embryologie Moléculaire, originellement dirigé par le Pr. Jean Brachet, a été repris officiellement par Etienne Pays.
Cependant, au sein du laboratoire de J. Brachet, des recherches étaient déjà menées depuis 1965 dans le domaine de la Parasitologie Moléculaire, sous la conduite du Professeur Maurice Steinert. Le laboratoire actuel dérive donc de l’expansion particulière de l’unité créée par M. Steinert, après qu’E. Pays ait rejoint cette unité en 1978. Le support des activités de recherche, qui sont essentiellement de nature fondamentale, est obtenu par financement public, de la part des autorités fédérales (programme intitulé « Pôles d’attractions interuniversitaires ») et du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS).

Axé sur les trypanosomes africains

Les recherches sont focalisées sur les trypanosomes africains (prototype : Trypanosoma brucei), responsables de la maladie du sommeil humaine et de la Nagana du bétail. L’intérêt particulier de ces parasites est qu’ils représentent des organismes modèles permettant d’étudier au niveau moléculaire les processus responsables de l’adaptation des parasites aux conditions du milieu, en particulier le dialogue avec le système immunitaire de l’hôte mammifère. Trypanosoma brucei est remarquable pour sa capacité à varier continuellement son revêtement de surface, constitué d’un réseau dense de glycoprotéines appelées VSGs (Variant Surface Glycoproteins). C’est principalement grâce à cette variation antigénique que le parasite échappe aux défenses immunitaires de l’hôte (et aux entreprises de vaccination).

Le laboratoire a continué à décrypter les mécanismes moléculaires de la variation antigénique des trypanosomes africains. Dans ce domaine le laboratoire a publié notamment 5 articles dans Nature, 5 dans Cell, 8 dans EMBO J et 1 dans PNAS, ainsi que plusieurs articles de revue, notamment dans Annual Reviews of Genetics et Annual Reviews of Microbiology.
Les travaux ont contribué à caractériser la machinerie endocytaire du parasite, y compris certains des récepteurs de surface, dont le récepteur de la transferrine. Ce sujet présente une forte imbrication avec le précédent, notamment parce que le récepteur transferrine est apparenté aux VSGs. Ici les publications comprennent notamment 1 Cell et 2 EMBO J.
Enfin, depuis 1998, le LPM a focalisé des recherches sur l’adaptation de Trypanosoma brucei à l’homme, et sur la résistance innée de ce dernier au parasite. Ce sujet, toujours activement étudié aujourd’hui, a déjà conduit à quelques publications (1 Nature, 1 Cell, 1 Science, 1 PNAS et 1 New Eng. J. Med.).
Les découvertes effectuées dans ce dernier domaine ont conduit, en collaboration avec le laboratoire du Pr Patrick De Baetselier de la Vrije Universiteit Brussel, à concevoir une molécule capable d’éradiquer la trypanosomiase expérimentale chez la souris. Ce travail, publié en 2006 dans Nature Medicine, pourrait conduire à la conception d’un traitement nouveau contre la maladie du sommeil.
D’autres thématiques, comme les contrôles de l’expression génétique et de la signalisation cellulaire, sont également abordées. Au total, le laboratoire a publié 190 articles dans des journaux internationaux à comité de lecture.

Un laboratoire bien équipé

Le laboratoire se situe sur 2 étages de l’Institut de Biologie Moléculaire et Médicale (IBMM), localisé sur le site de l’Aéropôle de Gosselies, à côté de l’aéroport « Brussels South Charleroi ». Il est à proximité directe de deux autres Instituts majeurs œuvrant dans le domaine des Sciences de la Vie (Institut d’Immunologie Médicale, Institut de Pathologie et de Génétique), ainsi que de diverses spin-offs de l’Université de Bruxelles (Henogen, DNAVision, DelphiGenetics, BioVallée..) et d’autres entreprises de haute technologie. La surface totale du laboratoire est d’environ 250 m2, et comprend deux grandes salles principales pour manipulations, trois chambres froides, deux chambres de culture cellulaire, un local pour manipulations d’isotopes radioactifs, un local pour centrifugeuses et ultracentrifugeuses, divers locaux pour techniques spéciales (électrophorèse, autoradiographie, spectrométrie de masse, microscopie optique, microscopie à fluorescence, microscopie électronique, microscopie confocale..) et plusieurs bureaux.

Au cours de son histoire le laboratoire a abrité jusqu’à 25 personnes, chercheurs, techniciens et personnel administratif confondus. Il est constitué aujourd’hui de 18 personnes, soit 2 étudiants, 4 doctorants, 4 post-doctorants, 3 académiques permanents, 4 techniciens et 1 administratif. La plupart sont diplômés en Sciences Biologiques, mais on compte également une chimiste et un agronome. Le groupe est constitué de 14 belges, 3 français et un mexicain.
Les collaborations sont menés avec de nombreux laboratoires en Belgique et à l’étranger (actuellement : Danemark, Irlande).

Le souhait du Laboratoire de Parasitologie Moléculaire est de rester compétitif dans son domaine et d’accélérer ses recherches. Un défi qu’il s’acharne à relever…

M. HASLÉ