Mars 2009 - n°141
Toxicologie – Ecotoxicologie : un pôle national applicatif inauguré en Picardie
C'est à Verneuil-en-Halatte (60), au sein de l'INERIS, que
le pôle national applicatif en toxicologie-écotoxicologie a été
inauguré le 15 janvier dernier. Le lancement de ce pôle, dédié
à la santé et à l'environnement, a été
officialisé par la signature de deux actes majeurs :
- le programme de recherche 2009 en toxicologie et écotoxicologie,
conclu entre l'Université de Technologie de Compiègne et l'INERIS
;
- la convention de fonctionnement de Péritox, unité de recherche
mixte entre l'Université de Picardie Jules Verne et l'INERIS, sur le
thème « Périnatalité et risques toxiques ».
L'inauguration s'est déroulée en présence du Dr
Sandrine SEGOVIA-KUENY, conseiller technique au MEEDDAT, représentant
Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Secrétaire d'Etat à l'Ecologie.
Un centre de référence sur les
méthodes d'évaluation des produits chimiques alternatives aux
essais sur animaux
En 2007, le Grenelle de l’environnement a préconisé un
renforcement de la toxicologie et de l’écotoxicologie pour garantir
un environnement respectueux de la santé. Le comité opérationnel
sur la recherche, dans son rapport final aux ministres le 30 septembre 2008,
propose « d’encourager la mise en réseau de l’ensemble
des acteurs de la recherche sur les mécanismes de toxicité et
assurer l’émergence d’un centre d’une taille critique
de niveau international. Il est donc recommandé de créer un
pôle national couplant la toxicologie et l’écotoxicologie
et de lui donner les moyens d’atteindre une dimension internationale.
A cet égard, le renforcement proposé du pôle existant
en sud Picardie autour de l’INERIS et de l’Université Technologique
de Compiègne contribuerait efficacement au développement de
la toxicologie et de l’écotoxicologie comme recommandé
dans le cadre du Grenelle ».
Le lancement du pôle national applicatif en toxicologie et écotoxicologe
vise ainsi à répondre aux attentes des acteurs économiques
et de l’Etat. Dans la perspective ouverte par le règlement REACh,
ce pôle a pour vocation de constituer le centre de référence
sur les méthodes d'évaluation des produits chimiques alternatives
aux essais sur animaux.
Des partenaires réunis autour de l'INERIS
Le pôle national en toxicologie et écotoxicologie s'appuie sur
les ressources de quatre partenaires régionaux : l’INERIS (450
ingénieurs et chercheurs), l’Université de Technologie
Compiègne (650 enseignants et chercheurs), l’Université
de Picardie Jules Verne (400 enseignants et chercheurs) et l’Institut
Polytechnique LaSalle Beauvais (100 enseignants et chercheurs).
Le pôle s’appuie également au niveau national sur le réseau
ANTIOPES et le CEA.
- Le réseau scientifique ANTIOPES réunit les équipes
de toxicologues et écotoxicologues de 11 organismes de recherche français.
Son objectif est de développer des méthodes et des outils en
toxicologie prédictive pour des recherches en environnement santé.
Outre l’INERIS, l'UTC, l’UPJV et l’Institut LaSalle Beauvais,
le réseau compte également aujourd’hui le CEA, le CRITT
Chimie, l'INRA, l'Inserm, l'Université de Marseille, l'Université
de Paris VII et l’Université de Metz.
- Le CEA a conclu avec l'INERIS un accord sur l’analyse et la maîtrise
des risques toxicologiques et environnementaux, en particulier sur ceux associés
aux nanoparticules et aux nanopoudres.
Notez qu'en termes financiers, le pôle dispose des dotations propres
à chaque organisme, auxquelles s'ajoute en 2009 un apport complémentaire
de cinq millions d'euros. En 2008, par ailleurs, l'INERIS a doté de
trois millions d'euros le programme en Toxicologie et Ecotoxicologie mis en
place avec la « Fondation UTC pour l'Innovation ».
Des équipements expérimentaux
: mésocosme et Animex
Le pôle picard regroupe de remarquables installations expérimentales
d’écotoxicologie et de toxicologie, dont un mésocosme
- ensemble de rivières artificielles reconstituant des écosystèmes
- et les équipements Animex, plate-forme de validation de méthodes
alternatives.
« Le mésocosme est un dispositif expérimental
clos utilisé dans les études écologiques sur les milieux
aquatiques. Intermédiaire entre les microcosmes de laboratoire et l'expérimentation
en milieu naturel, il permet d'étudier les effets des polluants sur
les écosystèmes en simulant à moyenne échelle
les conditions d'un milieu aquatique », précise Eric
Thybaud, Responsable du Pôle « Dangers et Impact sur le Vivant »
à l’INERIS.
Le mésocosme de l'INERIS est constitué de douze canaux en béton
de 20 m de long, 1 m de large, et 30 à 70 cm de profondeur ; ces canaux
contiennent les différents composants d'un écosystème
: sédiments, bactéries, champignons, planctons, invertébrés,
poissons... C'est un outil indispensable à l'INERIS pour conduire ses
études écotoxicologiques.
Quant à la plate-forme Animex, mise en oeuvre par l'INERIS et l'Institut
Polytechnique LaSalle Beauvais, elle a pour but de satisfaire les besoins
en bio-essais engendrés par le développement des études
de toxicologie environnementale, ainsi qu'aux travaux de qualification des
méthodes alternatives en expérimentation animale requises dans
le cadre du règlement REACh.
Cette plate-forme, financée par l’Etat et la région Picardie
dans le cadre du CPER (Contrat de Projet Etat Région 2007-2013), recouvre
deux plateaux techniques : ANIMEX-Biologie à l'Institut Polytechnique
LaSalle Beauvais, et ANIMEX-Chimie qui sera le premier plateau technique opérationnel,
courant 2010, sur le site de l'INERIS.
Le lancement du programme en toxicologie et
écotoxicologie
L'INERIS et l'UTC lancent pour la période 2009-2011 un programme d'activités
en toxicologie et écotoxicologie, dont les objectifs sont centrés
sur les préconisations du règlement REACh et du Grenelle Environnement
:
- développer une toxicologie et une écotoxicologie prédictives,
réduisant ainsi le recours à l'expérimentation animale,
et plus efficace dans la détection des risques émergents ;
- améliorer les outils de bio-surveillance pour les espèces
de l'environnement et pour l'Homme.
L’objectif scientifique commun de ces actions porte sur la combinaison
d'approches in vitro, in vivo et in silico aux différentes échelles
du vivant, pour proposer de nouveaux outils d'analyse toxicologique et écotoxicologique
applicables à la surveillance des milieux et à la prédiction
des dangers de substances ou agents physiques. Entre autres thématiques
à l'étude :
- le développement et la validation de méthodes alternatives
à l'expérimentation animale et microsystèmes (puces à
cellules) ;
- l'écotoxicologie et la surveillance du milieu : mise au point de
biomarqueurs traçant l’exposition intégrée aux
perturbateurs endocriniens, développement des concepts et méthodes
de dosages in vitro adaptables à la caractérisation à
grande échelle...
- la nanotoxicologie : génération des données de toxicité
in vitro à l'échelle nanométrique à l'aide de
modèles cellulaires et de membranes biomimétiques, développement
d'approches in vitro pour l'évaluation de la toxicité et de
la persistance des nanomatériaux...
- les méthodes statistiques de fouille de données : mise au
point des méthodes d'inférence des propriétés
toxiques des substances chimiques ;
- l'enseignement : développement de la recherche et de la formation
avancée sur les outils de toxicologie et écotoxicologie, mise
en place d’une chaire de modélisation...
La création d'une équipe mixte
INERIS-UPJV : PériTox
Dans le cadre du contrat quadriennal 2008-2011, la DGES - Direction Générale
de l’Evaluation Scientifique - a reconnu une unité mixte INERIS-UPJV,
intitulée « PériTox : Périnatalité et Risques
Toxiques » et placée sous la direction du Pr Véronique
BACH.
Cette reconnaissance est une première à l’échelle
nationale. Elle fait suite à une collaboration étroite initiée
en 2000 entre l’équipe universitaire Environnement Toxique Périnatal
– Adaptations Physiologiques et Comportementales (Prof. J.P. Libert)
et l’unité Toxicologie Expérimentale de l’INERIS
(Dr René de Seze). Ce partenariat est renforcé par une forte
complémentarité au sein des enseignements, notamment dans le
cadre du master d’Ingénierie de la Santé (M. Fréville).
PériTox réunit ainsi près de cinquante personnes : professeurs
et maîtres de conférences des universités, chercheurs
et techniciens INERIS, praticiens hospitaliers (PH), ingénieurs Inserm
et universitaires, doctorants. L'équipe compte également neuf
médecins et s’appuie de façon étroite sur le Pôle
Pédiatrie du CHU d’Amiens.
De la physiologie intégrée chez le nouveau-né humain
et l’animal, à la biologie moléculaire, la modélisation
toxicocinétique et dynamique, jusqu'à l'informatique et l'électronique
: les compétences regroupées au sein de PériTox sont
multiples et complémentaires. Le thème de recherche majeur est
axé sur les effets des facteurs environnementaux - notamment toxiques
- sur la santé de la femme enceinte, du nouveau-né et de l’enfant
: impact des polluants gazeux sur l’asthme de l’enfant, évaluation
de l’exposition in utero aux pesticides, ou encore, effets du fer et
du tabagisme in utero sur la physiopathologie au cours du développement
de l’enfant...
S. DENIS