Novembre 1999 - n°42

Les mycotoxines. Comment les détecter ?

par SGS LABORATOIRE CREPIN - M. GERVAISE, Directeur - Isabelle BEUCHER, Resp. UT Agrochimie - Tel : 02.35.07.91.80 - Fax : 02.35.07.91.93 - E-mail :yvon_gervaise@sgsgroup.com - http://www.laboratoire-crepin.fr -

Accréditations SGS Laboratoire Crépin : COFRAC 99-1 : Mycotoxines

Qu'est-ce qu'une mycotoxine ?

Les mycotoxines sont des toxines de faible poids moléculaire, élaborées par les champignons (toxines fongiques) au cours de leur métabolisme secondaire. Elles se développent sur certains

substrats, dans des conditions de température, d'humidité et de pH bien spécifiques, et peuvent

provoquer par ingestion des maladies dites " mycotoxicoses ".

Pour la petite histoire...

L'étude des mycotoxines est très étroitement liée à la déclaration de maladies plus ou moins

épidémiologiques. Ainsi, au Moyen - Age, suspectait-on déjà l'implication de farines moisies dans l'apparition de certains syndromes...

Mais, c'est au début du siècle que la première mycotoxicose a été décrite avec précision chez l'homme. Il s'agit de l'ergotisme provoqué par les alcaloïdes de l'ergot de seigle.

En 1960, se produisit en Angleterre une épidémie dans l'élevage de dindes, dite "Turkey X

desease", , due à la contamination de leur nourriture (tourteaux d'arachides du Brésil) par la

moisissure Aspergillus flavus. S'en suivit la découverte des aflatoxines qui actuellement restent l'un des groupes de mycotoxines le plus étudié. Depuis, de nombreuses autres familles ont été mises en évidence...

Aflatoxines, ochratoxine, zéaralénone, citrinine, trichothécènes (Vomitoxine, DAS, Toxine T2, Nivalénol), stérigmatocystine, fumonisine, patuline... autant de noms donnés à ces familles de molécules dont la biosynthèse s'opère à partir du développement de moisissures sur certains substrats tels que l'arachide, le maïs, l'orge, la paille, le blé, le lait, la figue, la pomme...

Ainsi, en se limitant aux aflatoxines, on ne distingue pas moins de 20 composés :

- l'Aflatoxine B1 qui est la plus importante ;

- les Aflatoxines B2, G1, G2, M1, M2...

Ils sont caractérisés au niveau moléculaire par des structures de coumarines bifuraniques auxquelles sont accolées des pentanones (Aflatoxine B) ou des lactoses hexatomiques (Aflatoxine G).

Toutes les Aflatoxines se rattachent à l'un de ces deux types de structure et ne diffèrent entre elles que par la position de divers radicaux sur les noyaux.

Des risques toxicologiques et technologiques

Les mycotoxines, comme décrit ci-dessus, peuvent être présentes dans des substrats très variés tels que les céréales et dérivés, les fruits et leur jus, les fruits séchés, le lait, arachides, pistaches, café...

L'intoxication se fait par ingestion des denrées alimentaires contaminées.

Une intoxication aiguë est la conséquence d'une ingestion massive de la toxine ; elle peut aboutir à la mort après diverses manifestations (nausées, léthargie...).

L'intoxication chronique, en revanche, se produit à long terme et se traduit par exemple pour les aflatoxines par des infiltrations graisseuses et à l'origine de cancer.

Mais, les effets des mycotoxines ne se limitent pas à leur toxicité. Elles peuvent, en effet, générer également des risques technologiques.

Dans le process de la bière, par exemple, certaines mycotoxines ont un impact négatif sur le maltage (inhibition de la synthèse d'enzymes) ou sur la fermentation (ralentissement de la croissance des levures).

De même, leur résistance aux techniques de conservation telles que la stérilisation, le froid et l'exemple de la très grande thermorésistance de l'aflatoxine B imposent une systématisation des contrôles en terme de sécurité alimentaire.

Comment les détecter ?

Les méthodes utilisées pour la détermination des mycotoxines sont basées sur des techniques de séparation chromatographiques en HPLC ou GC souvent après une étape de dérivation.

Cette détermination comporte plusieurs étapes :

1- Extraction des mycotoxines du substrat par un solvant organique approprié à la molécule.

2- Purification de la solution par SPE (Solid Phase Extraction) ou par sélection de la toxine grâce à une colonne " d'immunoaffinité " dont la principale caractéristique est de contenir l'anticorps spécifique de la mycotoxine.

3- Détermination quantitative :

Dans cette étape, il faut considérer deux cas :

- Si la mycotoxine n'a pas de spectre caractéristique dans l'ultraviolet et/ou n'est pas fluorescente, alors il faut effectuer une dérivation pour la quantifier en GC/ECD (DON, DAS et Nivalénone) ou en HPLC/Fluorimétrie (Fumonisine).

- Pour les aflatoxines B et G, la dérivation permet d'optimiser la sensibilité et la spécificité du

dosage.

- Inversement, si la mycotoxine présente un spectre caractéristique dans l'UV ou est fluorescente dans certaines conditions de pH, de polarité..., la quantification peut s'effectuer directement en HPLC (Patuline et Citrinine, Aflatoxine M, Ochratoxine)

- Le couplage d'une extraction adaptée, d'une purification par les anticorps de l'extrait, d'une séparation chromatographique, d'une dérivation ciblée avec, pour terminer, une détection sélective permettent d'atteindre un niveau de spécificité optimal pour une quantification fiable.

Ce qu'en dit la législation....

En France, les teneurs maximales de certaines mycotoxines ont été établies en fonction du CSHPF (Conseil Superieur d'Hygiène Publique Français).

De plus, un texte européen fixe les modalités d'un programme de contrôle sur la détection des Aflatoxines dans les Pistaches et Arachides (Recommandation 98/133 directive 89/397) importées en CEE.

A noter, qu'une nouvelle directive (CE) N° 1525-98 est parue dans le journal officiel des communautés européennes et est applicable depuis le 1er janvier 1999.

Le mode de prélèvement est référencé dans la directive 98/53/CE du 16 juillet 1998.

Par ailleurs, la teneur en ochratoxine dans le café fait l'objet d'une surveillance accrue au niveau des états membres de la commission européenne. Outre les aspects réglementaires, l'analyse et le contrôle au laboratoire sont un enjeu pour la qualité et la sécurité alimentaire. La maîtrise du risque passe par les plans de contrôle.

Les analystes de SGS Laboratoire Crépin ont passé en revue les différentes difficultés et exigences en matière d'échantillonnage et d'analyse de laboratoire mettant en œuvre aujourd'hui des protocoles analytiques ayant fait l'objet d'une validation rigoureuse.

En outre, SGS Laboratoire Crépin est accrédité COFRAC programme 99-1 (analyse des contaminants sur produits et denrées alimentaires pour le dosage des mycotoxines).

Le Laboratoire participe aux travaux CEN (Comité européen de normalisation) CEN TC/275 sur les mycotoxines.