Mars 1999 - n°36

TOULOUSE : Création de l'unité INSERM 518

"Epidémiologie et analyses en santé publique : risques, maladies chroniques et handicaps"

Créée le 1er janvier 1999, l'unité 518 de l'INSERM dirigée par Jacques Pous fédère quatre équipes de recherche dont le centre d'intérêt commun est l'épidémiologie et l'évaluation en santé publique. "Le but de nos recherches est d'aider à la mise en place de stratégies en santé publique, notamment en terme de prise en charge médicale et/ou communautaire" explique J. Pous. Epidémiologie du vieillissement, de la périnatalité, des maladies cardiovasculaires et aspects éthiques de la génétique en population sont les quatre grands thèmes de cette nouvelle unité. Si les populations étudiées par chaque équipe sont différentes voire même aux antipodes pour deux d'entre elles, la méthodologie et l'approche problématique sont similaires, "il nous faut percevoir pour chaque sujet d'étude, les interactions entre les facteurs environnementaux, somatiques ou génétiques" résume J. Pous. Les échanges d'informations et de compétences sont donc nombreux entre les chercheurs parmi lesquels règne une grande pluridisciplinarité : épidémiologistes, psychologues, sociologues, juristes...

Epidémiologie et sociologie du vieillissement (Resp : Pr Alain. Grand)

Au sein de cette équipe, la morbidité en population âgée est étudiée et croisée avec un regard sociologique. "L'originalité de notre approche est d'aborder l'aspect sociologique du vieillissement, c'est-à-dire la prise en charge formelle et informelle -par l'entourage- de la personne âgée dépendante" explique Alain Grand. Un des projets de l'équipe concerne la mise au point d'un système original de surveillance à distance en continu des personnes âgées mentalement dépendantes. Le système GARDIEN (Gérontologie Assistée par la Recherche et le Diagnostic des Incidents et des Errances Nocturnes) se compose de capteurs placés dans les pièces où vivent ces personnes. Leurs déplacements -ou immobilités en cas d'accidents- sont ainsi suivis en continu pour une surveillance optimale des malades compatible avec le respect de leur vie privée. L'installation est actuellement testée dans deux chambres d'hôpital sur Toulouse.

Epidémiologie périnatale (Resp : Pr Hélène. Grandjean)

Cette équipe est située au CHU de La Grave au sein de la Fédération des Services de Gynécologie. "La périnatalité est la période qui précède et qui suit immédiatement la naissance" explique Hélène Grandjean, "sur le terrain, nous dépassons le cadre périnatal puisque nous suivons des enfants sur plusieurs années". Le premier thème de l'équipe porte sur le diagnostic anténatal qui est abordé dans sa globalité, de l'étude de son efficacité et de sa faisabilité aux conséquences qu'il entraîne quand une anomalie est détectée in utero : le suivi psychologique des parents confrontés à cette malformation, les aspects éthiques de la décision éventuelle de l'interruption volontaire de grossesse... Le second thème consiste en une enquête longitudinale -suivie plusieurs années- sur le handicap sévère de l'enfant, son étiologie, sa fréquence, son mode de prise en charge et ses conséquences sur l'entourage familial. Un troisième thème est en projet, il concernera l'étude de la dépression maternelle et son impact sur les relations précoces mère-enfant.

Epidémiologie cardiovasculaire (Resp. Dr Jean. Ferrières)

L'épidémiologie descriptive et analytique des maladies cardiovasculaires est traitée conjointement dans cette équipe. L'aspect descriptif consiste en la collecte de tous les évènements coronariens aigus survenus en Haute-Garonne. "Nous avons commencé à recenser les accidents cardiovasculaires en 1985 dans le cadre du projet mondial MONICA piloté par l'OMS. Depuis, le projet s'est arrêté mais nous avons poursuivi la collecte d'informations" explique Jean Ferrières. En quinze années d'enregistrement, les épidémiologistes ont observé une baisse significative de la mortalité due aux accidents cardiovasculaires grâce aux progrès effectués dans les traitements. L'aspect analytique cherche à expliquer pourquoi les personnes font ou non un accident cardiovasculaire et notamment à déterminer quels sont les influences de notre environnement afin de développer des programmes de prévention. L'alimentation est -selon les aliments qui la composent- un élément favorisant les maladies cardiovasculaires ou au contraire un facteur protecteur. L'équipe est d'ailleurs située au coeur du "french paradoxe" où les habitants du sud-ouest pourtant réputés pour apprécier la bonne chère ont une fréquence extrêmement faible d'accidents cardiovasculaires.

Génétique en population, éthique et décision en santé publique (Resp. Dr. Anne Cambon)

"Le but de notre équipe est l'étude des conditions de l'intégration des aspects éthiques, juridiques, économiques, médicaux et épidémiologiques dans les décisions de santé publique relatives à des études génétiques au niveau de la population" explique Anne Cambon. "Notre démarche s'ancre notamment sur une réflexion sur les enjeux sociaux et médicaux de la constitution et de l'utilisation de banques biologiques et de bases de données en génétique des populations et en génétique épidémiologique au niveau national et international" poursuit-elle. Deux thèmes majeurs sont actuellement traités par l'équipe, le premier concerne l'analyse décisionnelle appliquée à la stratégie de groupage des donneurs volontaires de moëlle osseuse. La recherche a en effet mis en évidence de nouveaux marqueurs pour la recherche de compatibilité entre donneur et receveur. L'équipe du Dr Cambon travaille en terme de stratégie décisionnelle sur l'utilisation de ces nouveaux marqueurs. Le second thème plus général aborde l'analyse des questions éthiques, juridiques et organisationnelles en épidémiologie génétique.

Avec une quarantaine de personnes dont plus de trente chercheurs, l'unité INSERM 518 constitue un pôle important d'investigations en épidémiologie et évaluation en santé publique.

V. CROCHET