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#JournéedelaBiodiversité2022 : Comment l’AIEA aide à combattre la perte de biodiversité


Cette année, la Journée internationale de la biodiversité a pour thème « Bâtir un avenir collectif pour toute vie sur Terre ». Elle met à l’honneur tous les efforts déployés pour lutter contre la perte de biodiversité à une période où la biodiversité se réduit à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

L’AIEA (Agence International de l’énergie atomique), en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), aide à préserver la biodiversité des sols et des espèces végétales et animales, tout en aidant les pays du monde entier à atteindre leurs objectifs stratégiques en matière de sécurité alimentaire, de développement agricole durable et de services écosystémiques à l’aide des techniques nucléaires et connexes.

Lors de sa dernière réunion consacrée au Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020, le Programme des Nations Unies pour l’environnement a estimé qu’environ un million des huit millions d’espèces animales et végétales au monde sont menacées d’extinction si rien n’est fait pour atténuer les causes de perte de biodiversité.
Au cours des dernières décennies, l’AIEA et la FAO ont mis au point plusieurs techniques isotopiques et nucléaires pour lutter contre la perte de biodiversité dans l’agriculture, dans les forêts et dans l’environnement marin. Par son programme de coopération technique et des projets de recherche coordonnés, l’AIEA transfère ces techniques aux scientifiques, techniciens et praticiens du monde entier.

Promouvoir l’agriculture durable
Le sol, fine couche superficielle du globe terrestre, abrite un quart de la biodiversité de notre planète, notamment la plus grande diversité de micro- et macro-organismes (bactéries, champignons, nématodes, vertébrés, invertébrés) dont l’interaction contribue aux cycles naturels rendant toute vie possible.
« Malheureusement, le changement climatique, l’agriculture intensive, la déforestation et l’activité industrielle font que nos sols se dégradent et plus rapidement qu’ils ne se développent ou ne se reconstituent », déclare Lee Kheng Heng, chef de la Section de la gestion des sols et de l’eau et de la nutrition des plantes du Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture.
Le Centre mixte FAO/AIEA aide les agriculteurs du monde entier à développer des pratiques agricoles intelligentes face au climat (voir ce projet de recherche coordonnée sur les gaz à effet de serre dans l’agriculture), à réduire l’utilisation d’engrais, à lutter contre la désertification et à prévenir la contamination des sols et des eaux.

Évaluation de lignées mutantes de manioc à la station de recherche de Gisozi. (Photo : K. Bimpong/AIEA)
Évaluation de lignées mutantes de manioc à la station de recherche de Gisozi. (Photo : K. Bimpong/AIEA)

Améliorer la diversité génétique des plantes et des animaux
Le Centre mixte FAO/AIEA travaille avec des milliers de scientifiques du monde entier, pour mettre au point des variétés végétales améliorées pour les principales cultures mais aussi les cultures sous-utilisées et indigènes, tout en améliorant la biodiversité.
Pour la seule année 2021, il a fourni un appui technique pour la mise au point et l’homologation de 36 nouvelles variétés de plantes, notamment de lignées de sorgho résistantes au striga au Burkina Faso, de plantes plus riches en nutriments en Sierra Leone et de variétés de manioc résistantes aux maladies au Burundi. Ces variétés ont été mises au point grâce à l’irradiation des graines, qui permet d’obtenir de nouvelles lignées plus performantes. Dans le cadre de l’action qu’il mène pour promouvoir la sélection par mutation dans plusieurs pays, le Centre mixte a lancé récemment un projet de recherche coordonné (PRC) de cinq ans sur la diversité des cultures et les associations génétiques radio-induites.
« Nos travaux dans le domaine de la sélection par mutation végétale aident les pays à améliorer les variétés de cultures existantes en apportant une nouvelle diversité génétique. On peut ainsi obtenir de meilleurs rendements, plus stables, dans un contexte de difficultés environnementales en pleine évolution, notamment de changement climatique », explique Shoba Sivasankar, chef de la Section de la sélection des plantes et de la phytogénétique. « Ainsi, nous apportons une nouvelle diversité “génétique” qui ne dégrade pas la biodiversité locale car elle concerne les terres agricoles où une variété de culture préexistante est améliorée. »

L’AIEA et la FAO aident également les pays dans le domaine de la reproduction et de la sélection animales en élaborant des protocoles et des lignes directrices qui permettent de caractériser la biodiversité du bétail et de l’utiliser plus durablement. Dans le cadre de cette collaboration, elles fournissent des services aux laboratoires de génétique animale et aux professionnels de l’élevage, notamment des formations sur l’application de techniques génotypiques nucléaires et de techniques connexes aux fins d’identifier des races adaptées à l’environnement et dotées d’un patrimoine génétique supérieur. Ces services visent également à rendre les animaux plus résistants aux effets du changement climatique, notamment à la sécheresse, et aux maladies animales émergentes ou réémergentes, afin d’améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs.

Atténuer les effets des espèces envahissantes sur les écosystèmes
« Après la destruction des habitats naturels, les espèces envahissantes sont la deuxième cause de perte de biodiversité dans le monde. Elles peuvent perturber les services écosystémiques ou l’ensemble des écosystèmes et provoquer la disparition de plusieurs espèces exotiques maintenant considérées comme en danger ou menacées », explique Walther Enkerlin, entomologiste au Centre mixte FAO/AIEA.
L’AIEA et la FAO aident les pays à lutter contre les espèces envahissantes à l’aide d’une technique nucléaire appelée technique de l’insecte stérile (TIS). Ces espèces, telles que la mouche des fruits drosophile, étaient répandues notamment en Afrique et dans certaines parties de l’Europe. Lâchés au-dessus d’une zone définie, les insectes stériles s’accouplent avec des insectes sauvages de même espèce sans produire de descendance, ce qui entraîne une diminution de la population de parasites au fil du temps.
« La TIS est utilisée dans plusieurs domaines et on y pense rarement pour la préservation de la biodiversité », dit Enkerlin. « Pourtant, elle a fait ses preuves dans le monde entier. »

La drosophile à ailes tachetées, Drosophila suzukii, (Photo : C. Caceres, FAO/AIEA)
La drosophile à ailes tachetées, Drosophila suzukii, (Photo : C. Caceres, FAO/AIEA)

Étudier et restaurer les écosystèmes
L’AIEA aide les pays à utiliser les techniques nucléaires et isotopiques pour mieux comprendre, renforcer et restaurer les écosystèmes. Habitat de diverses espèces animales et végétales et de la diversité biologique qu’ils représentent, ceux-ci jouent également un rôle clé dans le développement de la biodiversité. Ce sont des systèmes interconnectés de divers composants (air, eau, sol) et organismes (animaux, végétaux, micro-organismes). L’expansion des villes et l’intensification des activités agricoles et industrielles peuvent avoir des effets sur leur diversité biologique. Ces effets se voient principalement à la diminution du nombre d’animaux ou de végétaux qui les composent (par exemple, l’ensemble des organismes visibles) et à l’évolution de la biodiversité (capacité des écosystèmes à maintenir ou à créer une diversité biologique, à l’aide des interconnexions entre les composants et les organismes des écosystèmes, et capacité de résilience face aux changements). L’AIEA effectue des travaux de recherche et fournit des avis d’experts sur les processus et causes de détérioration de la biodiversité, tels que la pollution ou le changement climatique.
En 2021, l’AIEA a lancé un PRC de quatre ans qui vise à utiliser les isotopes pour mieux comprendre les flux d’eau dans les écosystèmes des zones humides et des eaux souterraines. Les zones humides sont liées aux systèmes d’eaux souterraines parce qu’elles se trouvent là où les eaux souterraines se déversent, à l’intersection des eaux souterraines et des eaux de surface. « Il importe de comprendre cette relation pour protéger les zones humides à long terme et préserver la durabilité des systèmes d’eaux souterraines qui en dépendent. », explique Lucia Ortega, spécialiste en hydrologie isotopique à l’AIEA.

D’autres projets de recherche de l’AIEA visent à trouver des solutions dans bien d’autres domaines : lutte contre l’acidification des océans et les efflorescences algales nuisibles, restauration des mangroves et des herbiers marins, analyse et protection de l’eau des glaciers.

Pour en savoir plus : https://www.iaea.org/fr/newscenter/news/journeedelabiodiversite-comment-laiea-aide-a-combattre-la-perte-de-biodiversite
Contact : Andrea Galindo, Bureau de l’information et de la communication de l’AIEA

 


En Afrique et dans d’autres régions du monde, les zones humides abritent des milliers d’espèces animales et végétales uniques, comme le flamant rose (Phoenicopterus roseus), ainsi que des espèces végétales tout aussi uniques qui jouent un rôle important dans la santé globale de l’environnement en améliorant la qualité de l’eau, en luttant contre l’érosion, en stockant du carbone et en maintenant le débit des cours d’eau. Les techniques isotopiques sont utilisées pour préserver et protéger ces zones. (Photo : FAO/Bruno Portier)

 

 

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