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Anatomopathologie : réussir le passage à la pathologie numérique avec UniHA


Véritable révolution en anatomopathologie, la pathologie numérique, malgré ses avantages, ne bénéficie encore qu’à très peu d’hôpitaux. Pour faire évoluer cette situation, un nouveau marché d’UniHA, préparé par un groupe d’experts pluridisciplinaire, associe les scanners de lames, un système de gestion d’image (SGI) qui intègre de premières solutions d’intelligence artificielle de calcul, et propose un accompagnement optionnel à la conduite de projet. Présentation et retours d’expériences…

La pathologie numérique, une révolution pour l’anatomopathologie !

Alors que cette spécialité médicale s’était patiemment construite depuis le 18e siècle grâce au microscope, la totalité des lames de verre produites pour examiner des tissus du corps est aujourd’hui concernée, tout d’abord numérisée à l’aide d’un scanner de lames, puis analysée sur un écran d’ordinateur, et cela grâce au recours progressif à l’intelligence artificielle.

Numériser les lames en facilite la lecture et augmente la capacité de traitement. Il devient également possible de les consulter à distance, que ce soit afin d’obtenir un deuxième diagnostic ou de renforcer la couverture territoriale. Car si le nombre d’analyses d’anatomocytopathologie augmente constamment en France, les pathologistes sont en revanche de moins en moins nombreux et doivent renforcer leur spécialisation au sein même de leur discipline.

La crise du Covid 19 a accéléré cette prise de conscience. En 2020 - à l’exception des CHU de Rennes et du Kremlin-Bicêtre - la numérisation en anatomocytopathologie était peu déployée pour le diagnostic de routine. UniHA s’est donc donné pour objectif d'aider les ambitieux projets régionaux, à l'image de ceux d'eNovA-Path et de l'AP-HP, ou encore des établissements seuls face à leur projet de numérisation. Plusieurs d’entre eux ont ainsi fait confiance à UniHA pour impulser une transition vers le numérique. Un groupe d’experts s’est constitué afin de définir le cahier des charges, d’analyser les offres techniques et financières, de réaliser les essais des produits, d’auditionner les soumissionnaires et de sélectionner les références.

« Le groupe expert était composé de pathologistes, informaticiens spécialisés en anatomocytopathologie, ingénieurs hospitaliers, cadre supérieur de santé et acheteurs des CHU de Nantes, de Paris (AP-HP) et de Poitiers. UniHA a piloté ce dossier dans une vision d'écosystème global et pluridisciplinaire. La compétence informatique s’est associée à celle de l’anatomo-cyto-pathologiste et de l'ingénieur biomédical. Nos clients auront aussi la possibilité d’être accompagnés par des consultants internes UniHA », explique Pierre TROMAS, acheteur UniHA en charge de ce marché.

Pierre Tromas, acheteur UniHA
Pierre Tromas, acheteur UniHA

Rappelons que le groupement de coopération sanitaire UniHA est le premier réseau coopératif d'achats groupés des établissements hospitaliers publics français, et le premier acheteur public français. UniHA rassemble à ce jour plus de 1260 établissements hospitaliers et 123 GHT (groupements hospitaliers de territoire). Il couvre 16 familles d’achats qui répondent aux principaux besoins de l’hôpital, et peut servir la totalité des établissements publics de santé. Avec ses 130 collaborateurs et des centaines d’entreprises fournisseurs, UniHA contribue à faire des achats un levier de performance globale pour accompagner les transformations et les innovations du système de santé, se positionnant comme un acteur stratégique de la santé.

Scanners de lames d’anatomocytopathologie, systèmes de gestion d’images (SGI) et appui à la conduite de projet

Le marché couvre les scanners de lames et le système de gestion d’image (SGI) jusqu’en 2026. Il intègre les premières solutions d’intelligence artificielle de calcul tels le Ki67, le comptage mitotique, l’intelligence artificielle de synchronisation automatique et le triage. Les lots couvrant le système de gestion d’image ont été confiés à Sectra et Tribun Health ; ceux portant sur les scanners ont pour titulaires MM France, Roche, Leica, Hamamatsu et Evident.

Un accompagnement spécifique est en outre proposé dans le cadre de ce marché par Appui Conseils, cellule de consultants interne à UniHA : « Il s’agit d’un accompagnement à la conduite de projet qui démarre dès les premières démarches et se poursuit jusqu’au déploiement des solutions dans les services : guider les adhérents sur les prérequis stratégiques et opérationnels, trouver des solutions de financement, mettre en place une équipe projet, coordonner la transition avec les différents fournisseurs sur les différents sites, assurer le cadencement et la tenue du calendrier », décrit Rebecca FEUGERES, responsable du service d’UniHA Appui-Conseils.

•	Rebecca Feugères, Responsable du service d’UniHA Appui-Conseils (copyright Frédéric Vigier)
Rebecca Feugères, Responsable du service d’UniHA Appui-Conseils (copyright Frédéric Vigier)

 

A travers sa filière Santé Digitale et Numérique, UniHA prolonge ces travaux sur la numérisation en préparant un marché consacré à l'intelligence artificielle de prédiction. Il témoignera de la convergence entre filières d’achat dans le but de structurer la politique achat, au plus proche des innovations observées dans les établissements de santé comme chez les principaux fournisseurs.

Témoignages !

→ « Aucun médecin ne souhaite revenir en arrière ! » - Pr Catherine GUETTIER, Chef du Service d'Anatomie Pathologique du CHU Paris Sud, APHP, Université Paris Saclay
« Le service de Pathologie multisite de l’Hôpital Bicêtre APHP- Université Paris Saclay a commencé à utiliser la pathologie numérique dès 2013 pour la réalisation des examens extemporanés de l’Hôpital Paul Brousse (250 examens par an) par télépathologie, ce qui lui a permis d’optimiser son temps médical en regroupant tous les médecins pathologistes sur le seul site de Bicêtre, où se trouvait le plateau technique unique. En 2019, fort de cette expérience et de son utilisation depuis 2007 des lames numériques pour l’enseignement, le service est passé en pathologie numérique complète pour son activité de routine (30 000 cas par an). Cette transition qui s’est déroulée sur une période de 18 mois a été extrêmement bénéfique pour le service et aucun médecin ne souhaite revenir en arrière : amélioration du pré analytique pour une meilleure qualité des lames numériques, gain de temps médical (~15%), notamment dans la recherche des lames, facilité de lecture et suivi du workflow, meilleure ergonomie de travail, confort de lecture avec une vision globale de la lame, mesures rapides et fiables, partage des lames numériques avec les cliniciens lors des staffs, demandes d’avis accélérées. L’étape suivante qui est en cours est l’implémentation en routine d’algorithmes d’aide au diagnostic pour un gain de temps médical et une quantification plus rapide et précise des biomarqueurs en pathologie tumorale, mais aussi d’algorithmes prédictifs par exemple du risque de récidive des tumeurs qui apportent des informations supplémentaires à celles que peut fournir l’œil du pathologiste. »

•	Pr Catherine Guettier, chef du service d'Anatomie et cytologie pathologiques de l’hôpital Bicetre AP-HP
Pr Catherine Guettier, chef du service d'Anatomie et cytologie pathologiques de l’hôpital Bicetre AP-HP

→ « Un système qui facilite le partage entre plusieurs établissements » - Alexandre PAVY, responsable du domaine applicatif, direction du système d’information CHU de Poitiers.
« Depuis plusieurs années, le CHU de Poitiers réfléchit à l’acquisition d’une solution de gestion d’images des lames de pathologies pour permettre une interprétation à l’écran avec la possibilité d’une aide d’algorithme d’IA pour améliorer et accélérer le diagnostic. Les services d’anatomie cytologie pathologie de Nouvelle Aquitaine travaillent très régulièrement ensemble pour les demandes d’expertise, il était donc nécessaire de réfléchir à l’acquisition d’un système permettant de faciliter le partage entre plusieurs établissements. En association avec UniHA, l’APHP et le CHU de Nantes, nous avons travaillé à l’élaboration d’un cahier des charges devant répondre aux besoins principaux des services d’anapath des établissements :
- pouvoir visualiser, interpréter et stocker des lames numériques de pathologie ;
- simplifier le partage des lames et des avis entre les établissements ;
- permettre l’intégration d’algorithme d’intelligence artificielle pour améliorer et accélérer le diagnostic.

Des réunions bimensuelles ont été mises en place sur une période de six mois avec les DSI et les pathologistes de chaque établissement pour élaborer le cahier des charges. Nous avons constaté que le besoin de fonctionnalité était différent en fonction des projets envisagés, il a donc été décidé de scinder le projet de système de gestion d’images en trois lots (mono-établissement ; 2 à 6 établissements (projet multi-CH(U)) ; au-delà de 6 établissements (projet APHP)).Nous avons défini avec l’ensemble des intervenants les critères de notation du choix, dont trois critères majeurs :
- réponses techniques apportées au cahier des charges ;
- démonstration du système sur des scénarios proposés par les établissements ;
- questions/réponses entre fournisseurs et établissements.

Les CHU de Nantes et de Poitiers ont travaillé conjointement sur l’élaboration des scénarios et la notation des candidats. Chaque établissement a reçu l’ensemble des candidats et a réalisé sa propre notation. Des réunions de mise en commun ont été nécessaires pour réaliser la notation finale et choisir le candidat retenu. Les deux établissements ont noté de manière similaire l’ensemble des candidats, ce qui a fortement facilité le choix de la solution et emporté la décision des pathologistes. Cette solution répond aux enjeux d’un logiciel dans un SIH complexe en termes d’intégration, de sécurité et de partage. »

→ « Le virage de la numérisation répond aux enjeux médicaux » - Béatrice VERGIER (CHU de Bordeaux), Aurélie CHARISSOUX (CHU de Limoges) et Olivier RENAUD (CHU de Poitiers), porteurs du projet eNovA-Path.
« Après la radiologie, l'anatomie cytologie pathologique (ACP) prend le virage de la numérisation. C'est une révolution, un peu « crève-cœur » pour tous les pathologistes amoureux de leur microscope, mais permettant enfin de partager, en les montrant, nos diagnostics. Cette évolution est devenue inéluctable pour répondre aux enjeux médicaux, qu'ils soient diagnostiques, pronostiques ou théranostiques, mais également socio-économiques et démographiques. La numérisation des lames en routine va permettre au pathologiste d'utiliser l'intelligence artificielle pour screener des cancers, faciliter des lectures chronophages de marquages immunohistochimiques, mais aussi de communiquer avec une grande facilité et rapidité entre collègues et au sein des réseaux nationaux - ce qui est nécessaire aujourd'hui pour une prise en charge optimale des pathologies complexes -, de faire de l’enseignement, de la recherche et de trouver ainsi de nouveaux critères pronostiques ou de réponse aux traitements…

UniHA s'est lancé avec la collaboration de l’APHP et des CHU de Nantes et Poitiers en vue de ce passage au numérique. Médecins et informaticiens ont travaillé d'arrache-pied pendant deux années pour répondre aux besoins en scanners et SGI (système de gestion des images) de toutes les configurations possibles, allant d'une petite structure isolée à un regroupement de plusieurs CHU, tel que le porte le projet eNovA-Path en Nouvelle Aquitaine. Ce projet, innovant par son périmètre régional, regroupe les CHU de Bordeaux, Limoges et Poitiers et a pour ambition, à terme, de s’étendre aux autres structures publiques de la Nouvelle Aquitaine, créant un vrai réseau régional de compétence en ACP au bénéfice des patients. Une nouvelle ère débute pour l’ACP au service de tous. »

Pour en savoir plus : www.uniha.org


S. D.

 

 

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