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Obésité infantile : certaines formes génétiques sévères pourraient être soignées par de nouveaux médicaments


Une équipe lilloise de l’EGID (European Genomic Institute for Diabetes) et de l’IHU PreciDIAB (Centre national de médecine de précision des diabètes PreciDIAB), dirigée par le Dr Amélie BONNEFOND, démontre que certaines formes d’obésité sévères de l’enfant sont d’origine génétique et peuvent être traitées par un médicament.

Publié dans le prestigieux journal médical The Lancet Diabetes & Endocrinology*, ces résultats révèlent l’importance du diagnostic génétique pour dépister certaines formes génétiques d’obésité de l’enfant entrainant une défaillance du contrôle de la satiété et de l’appétit.

Des gènes régulateurs d’appétit, impliqués dans l’obésité monogénique

L’obésité est une maladie multifactorielle dépendant d’une forte composante génétique. Bien que l’obésité commune soit définie comme une maladie polygénique, l’obésité monogénique est causée par la présence d’une mutation unique. Les gènes liés aux formes monogéniques d’obésité sont principalement impliqués dans la voie leptine-mélanocortine qui régule l’appétit.

L’identification de ces gènes a permis le développement d’un nouveau traitement chez les patients atteints d’obésité monogénique, le setmélanotide. Un médicament dont le développement découle directement des découvertes faites en 1998 par l’équipe du Professeur Philippe FROGUEL, responsable Scientifique et Technique du Labex EGID et de l’IHU PreciDIAB. Après 25 années d’effort, la setmélanotide est enfin disponible en France pour soigner les jeunes adolescents en surpoids sévère. Cependant, ce médicament coûte très cher (~300 000 €/an) et entraîne certains effets secondaires. Il doit donc être réservé aux enfants en situation d’obésité génétique, spécifiquement ciblés par ce traitement.

Le Dr Amélie BONNEFOND et son équipe (INSERM 1283, CNRS UMR 8199, EGID, Univ Lille, CHU de Lille, IPL) ont cherché à s’assurer que la setmélanotide soit vraiment indiquée dans le cas de patients obèses présentant des mutations pathogènes sur le gène PCSK1, qui produit une enzyme clé du cerveau impliquée dans le contrôle de l’appétit.

 

Plateforme de séquençage LIGAN-PM, séquenceur NovaSeq 6000
Plateforme de séquençage LIGAN-PM, séquenceur NovaSeq 6000"copyright: Alexandre Caffiaux, Université de Lille

 

Vers une médecine de précision basée sur la génétique fonctionnelle dans l’obésité monogénique…

C’est au travers d’une étude génomique fonctionnelle à grande échelle, réalisée sur une population particulière de patients obèses présentant ces mutations pathogènes sur le gène PCSK1, que le Dr Amélie BONNEFOND et son équipe ont pu montrer que seules les mutations avec une perte de fonction totale de la protéine entraînent une forme monogénique d’obésité. Ainsi, les patients porteurs de cette catégorie de mutation pourraient être traités par setmélanotide.

L’étude publiée dans The Lancet Diabetes & Endocrinology démontre également l’importance de la génétique fonctionnelle en médecine de précision pour s’assurer de la bonne indication de ces traitements. Ces travaux n’auraient jamais été possibles sans des équipements de séquençage à la pointe de la technologie alliés à une haute expertise, pour faire avancer la médecine personnalisée de l’obésité de l’enfant.

…sans négliger l’importance capitale de la prévention !

Ces découvertes majeures sur l’obésité d’origine génétique ne doivent pas occulter le rôle primordial de la prévention, comme le montre les premiers résultats de l’étude ELIPSE, étude lilloise de prévention santé des enfants, portée par le CHU de Lille. Dans les écoles lilloises, plus d’un tiers des enfants âgés de 6 ans ont une trajectoire de poids inquiétante, et 1 enfant sur 7 est déjà en situation de surpoids ou d’obésité.

Les chercheurs et médecins de l’IHU PreciDIAB et de l’Hôpital Saint Vincent de Paul, en partenariat avec plusieurs associations spécialisées, propose à ces enfants et leur famille de bénéficier d’un programme de prévention innovant, pour éviter qu’ils ne deviennent des adolescents puis des adultes handicapés par leur poids. Statistiquement, un enfant obèse sur deux le reste à l’âge adulte. La Journée Mondiale de l’Obésité organisée le 4 mars a été l’occasion de sensibiliser et d’appréhender les dangers de l’obésité pour les nouvelles générations, et de promouvoir des politiques de santé publiques plus efficaces pour lutter contre ce fléau.

Dans cette optique, la Commission Européenne vient d’accorder un financement majeur au projet OBELISK, coordonné par EGID et regroupant 9 pays européens dont l’objectif est de diminuer la proportion d’enfants obèses de 30% dans 10 ans, en combinant les approches préventives et thérapeutiques.

*Contribution of heterozygous PCSK1 variants to obesity and implications for precision medicine: a case-control study - Lise Folon, Morgane Baron, Bénédicte Toussaint, Emmanuel Vaillant, Mathilde Boissel, Victoria Scherrer, Hélène Loiselle, Audrey Leloire, Alaa Badreddine, Beverley Balkau, Guillaume Charpentier, Sylvia Franc, Michel Marre, Soulaimane Aboulouard, Michel Salzet, Mickaël Canouil, Mehdi Derhourhi, Philippe Froguel, Amélie Bonnefond The Lancet Diabetes & Endocrinology. doi: 10.1016/S2213-8587(22)00392-8

Pour en savoir plus :
https://www.thelancet.com/journals/landia/article/PIIS2213-8587(22)00392-8/fulltext
https://ufr3s.univ-lille.fr/actualites-ufr3s/recherche/2022-12-egid-obelisk
https://www.precidiab.org/actualite/elipse-etude-lilloise-de-prevention-sante-des-enfants-dresse-sonpre-mier-bilan-apres-2-annees/


S. D.

 

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