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ADMIR : la start-up deep tech destinée à révolutionner l’analyse diagnostique en anatomopathologie !


Grâce à l’alliance de l’imagerie visible et infrarouge, associée à des modèles d’intelligence artificielle, la société ADMIR propose un instrument, capable de collecter une cartographie biochimique d’un échantillon biologique à la résolution nucléaire, offrant ainsi une nouvelle approche de diagnostic sans réactifs, colorants, ni produits chimiques.

ADMIR, une spin off du CEA LETI

Le projet prend racines en 2017, suite à un travail de Recherche effectué sur les technologies d’imagerie infrarouge au CEA LETI, au Laboratoire des Capteurs Optiques (LCO), à Grenoble. Cette expérience et ce savoir-faire existants ont servi de fondations solides au développement de la technologie ADMIR, qui combine la spectroscopie infrarouge avec de l’imagerie visible à des fins diagnostiques.

La transition du laboratoire vers la spin-off, début 2022, a été facilitée par le processus de maturation interne du CEA. D’une durée de 18 mois, cet accompagnement a permis de vérifier la viabilité commerciale et technique du projet, et d’identifier les clients potentiels. Grâce à un budget alloué, l’équipe a pu réaliser des études de marché et déposer des brevets appartenant au CEA, et pour lesquels ADMIR bénéficie d’une licence d’exploitation exclusive.

En 2023, une étape préliminaire de levée de fonds (pre-seed) a permis l’investissement d’équipements de pointe, nécessaires à la conception de la technologie ADMIR, et le renforcement de l’équipe en interne. En 2025, l’entreprise travaille sur une prochaine levée de fonds, dans le but cette fois-ci, de financer les essais cliniques multicentriques, en vue du lancement commercial à l’horizon 2027.
 

Une équipe pluridisciplinaire efficace

A ce jour, l’équipe est composée de dix personnes aux compétences scientifiques variées et complémentaires, allant de la conception du système infrarouge, jusqu’à l’analyse des données, en passant par l’intelligence artificielle et la biologie.

Laurent Duraffourg en tant que CEO, Mathieu Dupoy comme directeur technique, et Philippe Andreucci désigné président, sont tous les trois co-fondateurs de la société ADMIR. En charge de l’instrumentation, Boris Taurel, Joris Baraillon et Marine Beurrier-Bousquet, sont docteurs en physique appliquée et optique. Trois autres scientifiques sont responsables du traitement de données et des modèles d’intelligence artificielle. Dre. Hélène Borges met au point les modèles d’IA, grâce à ses compétences en bioinformatique et biostatistique. Dr. Mathieu Fernandes, quant à lui, traite les données acquises par l’instrument afin d’entrainer les modèles. Et Dr. Joël Le Galudec, biologiste et spécialiste en data science est en charge du développement de l’application en microbiologie. Enfin, en partenariat avec l’Université Claude Bernard Lyon 1, Fabian Andres Leon Perez a rejoint l’équipe, en tant que doctorant en data science. L’équipe technique est secondée par l’équipe médicale d’ADMIR, composée du Dr Staroz et du Dr Samaison qui assurent la qualité diagnostique des images générées.

Chacune des spécialisations de l’équipe s’intègre dans le processus de développement d’ADMIR, garantissant une approche adaptée aux exigences technologiques et ergonomiques des utilisateurs finaux, tels que les médecins, les biologistes, les biochimistes ou tout autre opérateur technique des laboratoires d’analyses.

 

L’équipe pluridisciplinaire d’ADMIR prête à relever les défis de la pathologie digitale © ADMIR
L’équipe pluridisciplinaire d’ADMIR prête à relever les défis de la pathologie digitale © ADMIR

Une technologie sans marquage révolutionnant l’anatomopathologie

La méthode traditionnelle pour du diagnostic sur sections de tissu issues de biopsies ou pièces opératoires repose sur la coloration Hématoxyline & Eosine (H&E), dont la variabilité et le temps de préparation posent des limites, notamment pour des échantillons rares. En réponse, la start-up propose une autre approche, qui vise à fournir une image H&E générée à partir d’une analyse simultanée infrarouge/visible, supprimant les étapes manuelles de coloration, accélérant et simplifiant significativement le process d’analyse.

L’instrument ADMIR exploite une combinaison de lasers infrarouges très monochromatiques, couvrant une gamme de longueurs d’onde de 3 µm à 11 µm. Lorsqu’un échantillon est positionné entre la source du faisceau et le détecteur, certaines longueurs d’onde sont absorbées, en fonction de la composition biochimique de l’échantillon. Le résultat de cette interaction est une série de variations d’intensité, définissant un spectre d’absorbance spécifique. En biologie, une trentaine de pics d’absorption correspondent aux liaisons moléculaires essentielles et suffisent à obtenir une cartographie biochimique fine d’un échantillon dans son entièreté. Par exemple, si une série polychromatique de 22 lasers est utilisée, alors le spectre résultant donnera une cartographie de 22 composants présents dans l’échantillon, en une seule acquisition.

Néanmoins, prise isolément, l’imagerie infrarouge se confronte à des limites de résolution spatiale. La cartographie biochimique obtenue est difficile à interpréter pour les médecins, ne permettant pas de visualiser certains éléments essentiels, tels que les noyaux cellulaires dont l’identification est cruciale pour le diagnostic. Ainsi, pour retrouver l’apparence de la coloration H&E, à laquelle les spécialistes sont habitués, ADMIR intègre à la spectroscopie infrarouge, de l’imagerie visible, pour obtenir une représentation claire des contours cellulaires. Pour finir, l’intelligence artificielle, combinée à l’instrument ADMIR, fusionne les informations issues de l’imagerie infrarouge et du visible, et reconstitue une image colorée identique à l’image de référence H&E colorée chimiquement. ADMIR réalise donc une coloration digitale, H&E notamment, à partir des informations biochimiques révélées par les images infrarouges évitant tout recours aux bains chimiques.

 

Un premier instrument en développement

L’équipe travaille activement à combiner, dans un même instrument, la partie infrarouge et la partie visible, pour aboutir à un scanner bimodal. Pour la fabrication, l’équipe collabore avec des fournisseurs spécialisés dans la microscopie visible, l’automatisme pour la manipulation des lames et l’électronique de pilotage, tout en gardant le contrôle sur l’assemblage spécifique final des deux types d’imagerie.

Plusieurs autres aspects techniques continuent de faire l’objet d’optimisations, tels que i) l’intégration et l’alignement des modules infrarouges, ii) la mise en forme des faisceaux lasers, et iii) la robustesse de l’instrument, par l’assemblage des faisceaux infrarouge et visible pour un usage clinique, dans l’idée d’assurer une fiabilité dans le temps et une reproductibilité des mesures, tout en restant flexible pour l’intégration de potentielles évolutions technologiques à venir.

Des tests préliminaires ont également été réalisés en collaboration avec des pathologistes, sur des échantillons à l’aveugle, observés soit après traitement H&E, soit avec la méthode ADMIR. Les résultats obtenus sont prometteurs, démontrant la capacité du système ADMIR à produire des images comparables à la coloration classique. De plus, depuis avril, ont commencé deux grandes séries d’acquisitions sur des échantillons de prostate et de colon, le but étant de créer une base de données robuste pour entraîner le modèle d’intelligence artificielle intégrée à l’instrument.

Coloration ADMIR vs coloration de référence © ADMIR
Coloration ADMIR vs coloration de référence © ADMIR

 

Une combinaison technologique aux multiples avantages

Le dispositif est conçu pour répondre aux besoins spécifiques des pathologistes et des oncologues. Souvent confrontés à des défis organisationnels et à des processus diagnostiques chronophages, les professionnels de santé trouveront dans cette solution un outil capable, non seulement de réduire les délais d’analyse, mais aussi d’optimiser le processus de diagnostic.. Et tout cela à un coût plus faible qu’en utilisant la méthode de coloration classique.

En effet, le fait de sélectionner des longueurs d’onde infrarouges précises et d’utiliser une matrice-détecteur multipoints, rend l’acquisition d’images en grand champ possible dans un temps d’imagerie restreint. Alors que des solutions existantes peuvent nécessiter jusqu’à 10 heures pour produire des résultats exploitables, le système ADMIR vise un temps d’acquisition de l’ordre de quelques minutes ! Ce gain de temps, directement intégré dans le workflow des laboratoires d’anatomopathologie, se traduit par une accélération du diagnostic et une amélioration significative de la prise en charge des patients.

De plus, outre le gain de temps sur la préparation de l’échantillon, et d’argent en éliminant l’achat de colorants et réactifs, les limitations inhérentes à la variabilité des protocoles de coloration n’ont plus lieu d’être, les échantillons rares comme les biopsies sont préservés, et plusieurs autres analyses, correspondant par exemple à des colorations spéciales autres que H&E, peuvent être réalisées sur une même lame.

 

Feuille de route et perspective

L’objectif à terme pour la start-up est de remplacer les colorations classiques. Dans un premier temps, le déploiement sera réalisé sur le marché national et européen, avant de s’orienter vers des marchés plus vastes, comme les États-Unis, grand vivier pour l’innovation médicale. L’obtention des marquages réglementaires, tels que la certification CE et l’autorisation FDA, constitue une étape essentielle pour ADMIR, pour légitimer le produit sur le plan international. En parallèle, la phase de pré-commercialisation inclura la mise en service de produit « bêta-test » auprès de partenaires médicaux, à partir de la deuxième partie de 2026, en amont d’un lancement industriel prévu pour 2027.

Enfin, outre l’anatomopathologie, un autre volet microbiologique de la start-up vise à la détection et l’identification de colonies bactériennes, et à la réalisation d’antibiogrammes, par l’intermédiaire de l’instrument ADMIR. La méthode consiste à utiliser des membranes transparentes aux infrarouges sur lesquelles les colonies se développent, avec une acquisition d’images à plusieurs longueurs d’onde à l’aide de 8 lasers différents. Les images seront ensuite traitées par intelligence artificielle, pour discriminer les espèces bactériennes et évaluer leur résistance aux antibiotiques.

En conclusion, l’équipe pluridisciplinaire, associée à des partenariats académiques et industriels, la R&D en cours, appuyée par des tests cliniques ciblés, et les nombreux avantages pour les professionnels de santé, témoignent d’un fort potentiel de la solution ADMIR pour transformer positivement les pratiques diagnostiques actuelles.

 

Pour en savoir plus :
ADMIR
Mathieu DUPOY
mathieu.dupoy@admir-analysis.com
https://www.admir-analysis.com/

 

J S. Lopes
© La Gazette du Laboratoire

 

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