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2025-04-08 

Jeudi du PSCC #15 – Récentes avancées et nouveaux développements dans le cancer du pancréas

Pour la 15ème édition des « Jeudi du PSCC », le Paris-Saclay Cancer Cluster a réuni dans ses nouveaux locaux à Campus Grand Parc (Villejuif) 3 experts du monde académique et 2 experts du monde industriel autour de la thématique du cancer du pancréas.

L’adénocarcinome ductal pancréatique (PDAC) : paysage en 2025

Le Pr. Pascal Hammel explique que le cancer du pancréas représentera en 2030 la deuxième cause de mort par cancer, avec une incidence qui est en forte augmentation depuis plus de trois décennies chez les hommes (x2) et chez les femmes (x3), et qui touche des patients de plus en plus jeunes. Plusieurs facteurs sont responsables de cette augmentation comme le tabagisme, l’obésité la sédentarité, et probablement certains polluants chimiques. Il a évoqué des possibles liens de causalité avec la parodontite et l’exposition à certains pesticides.
Il existe une grande hétérogénéité de ces cancers : inter-individuelle, inter et intra-tumorale ; il y a également une disparité de prise en charge au niveau national.

Le traitement standard chez les patients en bon état général et sans choleste repose sur trois chimiothérapies validées en phase 3 : le FOLFIRINOX (combinaison de 5-FU, oxaliplatine et irinotécan), l’association de gemcitabine et de (nab)paclitaxel et le NALIRIFOX (combinaison de 5-FU, oxaliplatine et irinotecan nanoliposomal, produit non remboursé), avec des médianes de survie globale de 8,5 à 11 mois. L’immunothérapie, quant à elle, ne fonctionne pas, car il y a peu de cellules immunitaires, les lymphocytes T sont peu présents, ou pas activés. Le cancer du pancréas est un véritable « désert » immunitaire. Les spécialistes s’interrogent sur des actions plus précoces pour la prise en charge du cancer du pancréas. En effet, la connaissance des prédispositions génétiques, des risques individuels corrigeable (tabac, obésité…), et l’accès rapide à des structures de soins spécialisées pourrait permettre d’améliorer le diagnostic et, en partie, la prévention par ajustement de l’hygiène de vie. Certains signes cliniques (diabète récent, diarrhée chronique, thrombose ou perte de poids inexpliquées…) devraient orienter plus rapidement vers l’évocation d’un possible diagnostic du cancer du pancréas. Des explorations biologiques en lien avec des biomarqueurs sanguins pourraient être développées et proposées.

Comment détecter plus tôt et agir plus vite ? Il faudrait pour cela mettre en place des moyens au niveau national comme des centres de diagnostic rapide, l’utilisation des nouveaux outils biologiques de diagnostic (exosomes/vésicules, microARN par exemple), et l’utilisation d’intelligence artificielle pour compléter les données d’imagerie.

Côté traitement, le ciblage possible des mutations du gène KRAS, actuellement en évaluation, constitue un espoir important car ce gène est à l'origine de 90 % des cas de cancer du pancréas et explique la plupart des cas de résistance thérapeutique. Par ailleurs, des stratégies vaccinales à partir de mRNA de néoantigènes personnalisés sont également en cours d’évaluation clinique, mais plutôt en traitement adjuvant après ablation de la tumeur par chirurgie pour le moment. Le profil de sécurité de ces traitements paraît bon, mais devra être étudié plus avant.
Bien que le ciblage des voies métaboliques du cancer du pancréas soit théoriquement prometteur, les résultats des traitements ont été décevants jusqu'à présent. Des signatures transcriptomiques pourraient contribuer à améliorer la sélection des patients pour une chimiothérapie donnée dans un avenir proche. Bien que les immunothérapies ne soient pas efficaces en monothérapie, de nouvelles associations avec d'autres médicaments ou l'ingénierie des cellules T pourraient les ramener sur le devant de la scène. Enfin, ces tendances prometteuses dans le paysage thérapeutique sont indissociables de tous les aspects des soins de support (douleur, nutrition, exercice physique et soutien psychologique).

Pour terminer sur une note optimiste, le Pr. Hammel nous a présenté des améliorations réelles en termes de survie obtenue au cours des deux dernières décennies grâce à une meilleure utilisation des lignes de traitements et la sélection optimisée des patients ayant une tumeur potentiellement opérable pour la chirurgie. Les essais cliniques en cours devraient permettre d’améliorer encore les résultats thérapeutiques dans les prochaines années.

Communiqué de presse

 

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