Retour sur le double défi d’Hélène sur l’Everest : devenir la plus jeune française à gravir le toit du monde et soutenir la recherche en virologie

Vous souvenez-vous d’Hélène DROUIN ? Hélène sur l’Everest… Nous lui avons consacré un premier reportage en février dernier, quelques semaines avant qu’elle ne s’élance vers le plus haut sommet du monde. La jeune femme, interne en anesthésie – réanimation, s’était fixé un double défi : le premier, sportif, visait à réaliser l’ascension de l’Everest. Le second : profiter de l’écho médiatique pour lever des fonds auprès des entreprises et des particuliers, en soutien à la recherche médicale contre la première cause du cancer du foie dans le monde : l’hépatite B.

Hélène a pleinement réussi son premier objectif : conquérir l’Everest ! Elle poursuit aujourd’hui avec la même détermination sa quête de financement pour mieux faire connaitre et soutenir la recherche médicale, en particulier celle menée à Lyon par l’unité Inserm U1052 du Professeur ZOULIM, mondialement renommée pour ses travaux en virologie hépatite.

La Gazette du Laboratoire (LGdL) : « Bonjour Hélène. Vous êtes interne en anesthésie – réanimation et désormais la 12ème et la plus jeune française à avoir atteint le sommet du Mont Everest. Pourquoi ce défi ? »
Hélène DROUIN (H. D.)
 : « Je suis en effet interne en anesthésie-réanimation, aujourd’hui à Auxerre en 9ème année de médecine et 3ème année de spécialisation. Le sport a par ailleurs toujours été indispensable à mon équilibre de vie et me permet d’être en forme pour mon travail en réanimation. La montagne tout particulièrement et ses plus hauts sommets me fascinent. J’ai gravi à 11 ans mon premier glacier et je n’ai ensuite jamais décroché. En 2018, après avoir réussi l’ascension du Pic Lénine au Kirghizistan, à 7130 mètres sans oxygène, la prochaine étape est devenue évidente : tenter un 8000 m, et le plus haut des 8000, c’est le Mont Everest ! »

LGdL : « Pourquoi associer ce projet sportif au soutien de la recherche ? »
H. D. : « 
Gravir l’Everest est un défi personnel que j’ai souhaité rattacher à une cause solidaire. Mon expérience en réanimation Covid m'a beaucoup fait réfléchir sur ce qui m’est essentiel dans la vie et les causes que j’aimerais soutenir à l’avenir. J’ai notamment pris conscience de l’importance de supporter la recherche médicale française, qui participe largement aux progrès de la médecine. La crise sanitaire que nous traversons, a plus que jamais prouvé le rôle majeur de la recherche pour lutter contre le SARS-CoV-2, mais aussi contre toutes les autres pathologies.

J’ai d’ailleurs eu la chance de réaliser un stage en recherche médicale dans le cadre d’un cursus proposé par l'EdILB, l’Ecole de l'INSERM Liliane Bettencourt. Pendant trois mois, j’ai pu ainsi rejoindre l’unité Inserm U1052 à Lyon, dirigée par le Professeur ZOULIM, spécialiste mondial de la virologie hépatite. Cela m’a beaucoup plu. C’est pourquoi j’ai souhaité coupler mon défi sportif à une campagne de dons directement versés à cette unité de recherche ».

LGdL : « Comment avez-vous géré la préparation de ce projet Everest ? »
H. D. :
« Plus d’un an a été nécessaire pour préparer cette expédition. En ce qui concerne tout d’abord le financement – incontestablement l’épreuve la plus difficile de cette expédition ! - j’ai réussi à obtenir le soutien de quelques sponsors et complété en travaillant sans interruption depuis le début de la crise sanitaire : en réanimation en France lors de la première vague, puis de garde tout l’été 2020, et cet hiver en Grande-Bretagne en tant que médecin urgentiste intérimaire.

Par ailleurs, tenter l'Everest ne se fait pas sans préparation physique. Je me suis beaucoup entrainée, jusqu’à cet hiver encore, en montagne, avec notamment un stage Glace à Chamonix, mais aussi en endurance dans d’autres sports et compétitions, pour me donner toutes les chances de réussir (marathons, courses de ski de fond notamment la Transjurassienne et la Transvercors, triathlons dont plusieurs Half-Ironman et le prestigieux Ironman de Nice en 2019 dont moins de 10% des compétiteurs étaient des femmes !). Les épreuves sportives sont un formidable moyen pour se dépasser, faire des rencontres extraordinaires et profiter des capacités incroyables de notre corps ! Enfin, pour tenter l’Everest, la préparation du matériel est primordiale et nécessite d’anticiper, d’autant plus pour les femmes, pour qui les équipements sont rarement disponibles en France ».

LGdL : « Qu’en est-il de l’expédition ? Comment avez-vous vécu cette formidable aventure ? »
H. D. : « 
Je suis arrivée à Katmandu au Népal le 6 avril et j'ai pu atteindre le sommet de l'Everest le 11 mai ; c'est une expérience inoubliable ! J’ai eu la chance de pouvoir tenter l’Everest le premier jour de son ouverture aux expéditions ; nous étions donc très peu nombreux, ce qui était encore plus magique. Et contrairement au cheminement classique qui consiste à réaliser plusieurs allers-retours entre les différents camps d’altitude pour une acclimatation progressive, j’ai pu débuter l’ascension et accéder successivement aux différents camps sans besoin d’adaptation supplémentaire.

Ainsi, après une nuit au camp 1, à 6100 m, nous avons atteint le camp 2 (6400 m) où nous sommes restés cinq jours dans l’attente d’une météo plus clémente. Nous avons ensuite passé une nuit au camp 3 à 7100 m sous oxygène, puis sommes partis vers le camp 4 (8000 m) que nous avons atteint à 15h le 10 mai. A 21h, profitant d’un affaiblissement du vent la nuit, nous avons décidé de tenter le sommet. Objectif atteint le lendemain à 10h ! C’était absolument magique ! Une vue époustouflante, des couleurs et une luminosité incroyables, en particulier lors des levers et des couchers de soleil… magnifiques ! Mais impossible de s’attarder au sommet car il faut rapidement redescendre et rester concentrés ; la plupart des accidents se produisant sur le retour. Ce n’est qu’une fois au camp de base, le 13 mai, que j’ai libéré toutes mes émotions.

J’ai pu vivre cette expérience incroyable grâce à l’encadrement d’une équipe de sherpas népalais extraordinaire ! Ces hommes qui ont à peine besoin d’oxygène à plus de 8000 m d’altitude, sont des alpinistes chevronnés pour lesquels j’ai énormément de respect et de considération. J’ai d’ailleurs réalisé toute l’ascension aux côtés d’une équipe de production canadienne, venue tourner un documentaire sur le chef de l’équipe népalaise qui m’accompagnait, et son frère, pour qui il s’agissait respectivement de la 20ème et de la 14ème ascension de l’Everest ».

LGdL : « Au-delà de la beauté des paysages, que retenez-vous de cette expédition ? »
H. D. :
« Cette expédition m’a beaucoup appris et a été très riche sur le plan humain ! J’ai été véritablement portée par les nombreuses rencontres faites tout au long de ce projet. Du Professeur ZOULIM dont j’ai décidé de soutenir les recherches, aux sportifs interviewés sur mon site internet pour lever des fonds, les préparateurs physiques jusqu’aux alpinistes népalais et médecins du camp de base devenus mes amis…. Atteindre le sommet de l’Everest est un aboutissement, mais j’ai réellement pris conscience de l’importance de vivre chaque instant, profiter du moment présent parce qu’il est enrichissant en soi, apprécier la vie, le chemin qu’on est en train de prendre et ne pas voir seulement la finalité ! Cette philosophie de vie est à l’image de mon parcours en médecine où j’ai appris à ne pas viser pour seul objectif la finalité de mes 13 ans d’étude, mais de profiter pleinement du temps passé à être formé !

Cette expédition a été pour moi une belle leçon en termes d’acceptation… accepter qu’on ne maitrise pas tout, savoir patienter et garder un mental fort et constant. L’aventure n’est d’ailleurs pas terminée ! Je me concentre maintenant sur la deuxième partie de mon projet : faire connaître l'hépatite B et soutenir la recherche médicale en virologie, un domaine qui nécessite une aide constante sur le long terme, d’autant plus dans le contexte actuel ».

LGdL : « Quelques mots plus précisément sur les travaux de l’unité Inserm U1052 du Professeur ZOULIM… Comment soutenir sa recherche ? »
H. D. :
« Le Professeur Fabien ZOULIM est le Président de l'Organisme international pour l'élimination de l'hépatite B (ICE-HBV), soutenu par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il est par ailleurs Professeur de Médecine à l'Université de Lyon, et Chef de service d'Hépatologie, HCL de Lyon, Président en France du projet ANRS « HBV cure ». Son équipe, l’unité Inserm U1052, travaille sur les mécanismes des virus et plus spécifiquement des hépatites, et sur le développement de nouveaux traitements antiviraux. »

« L’hépatite B est un vrai enjeu de santé publique au niveau mondial, car malgré un vaccin efficace, il existe plus de 250 millions de porteurs chroniques du virus », explique le Pr ZOULIM dans une interview réalisée par Hélène et diffusée sur son site www.helenesurleverest.com. « Ces patients risquent de développer des complications de leur infection : la cirrhose et le cancer du foie, dont l’hépatite B est la première cause dans le monde... »

Les patients porteurs se voient aujourd’hui proposer des traitements antiviraux qui permettent une inhibition virale, mais n’éliminent pas le virus. Ces patients doivent donc être traités à vie et de nombreux pays n’ont pas les moyens de financer un traitement de ce type. C’est une des raisons pour lesquelles il est important de trouver de nouvelles alternatives thérapeutiques qui permettraient la guérison de l’infection avec des traitements de courte durée, « Pouvoir guérir plus de patients et vraiment traiter l’infection à une échelle plus grande. Voici vraiment l’enjeu et le défi d’aujourd’hui ! », déclare le Pr ZOULIM. « Nous partageons avec Hélène le même but, mener à bien un projet qui implique beaucoup d’efforts : pour Hélène, l’ascension du Mont Everest, et pour notre équipe, réussir à éradiquer l’hépatite B … ».

Si nous soutenons ensemble les efforts de recherche, nous pouvons espérer une guérison de l’hépatite B d'ici une décennie : améliorer ainsi la qualité de vie des patients, sauver des millions de vies et réduire le poids économique d’un traitement à vie. Les dons sont entièrement et directement versés à l’unité INSERM de recherche médicale du Professeur ZOULIM via ce lien direct 0% commission :

Pour en savoir plus :
https://ice-hbv.org/
https://www.helenesurleverest.com/

S. DENIS


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