2025-06-12
Écouter La Science, agir pour l'océan : 10 recommandations scientifiques pour l'océan
Nice, le 5 juin – À la veille de l’ouverture de la troisième conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC-3), les scientifiques réunis au Congrès One Ocean Science lancent un appel fort aux États : agir, et agir vite, en s’appuyant sur la science.
Leurs 10 recommandations, issues de plus d’un an de travaux menés par un comité scientifique international, seront officiellement remises aux chefs d’État et de gouvernement le 8 juin. Chacune d’elles est transposable en politique publique et constitue une réponse directe à l’urgence climatique et écologique. Certaines font aussi écho au potentiel de l’Océan à apporter des solutions. Le temps des discours et de l’indécision est révolu : la communauté scientifique appelle à écouter la science et à agir de manière éclairée et décisive.
UNE FEUILLE DE ROUTE CONCRÈTE POUR L’OCÉAN
L’Océan absorbe 90% de l’excès de chaleur dû aux activités humaines et aux émissions de gaz à effet de serre. Il modère ainsi le dérèglement climatique. Mais en jouant ce rôle, l’Océan se dégrade, se réchauffe, s’acidifie et perd de l’oxygène, ce qui réduit sa capacité régulatrice. Son déclin fragilise la vie sur Terre. Dans le même temps, le niveau de la mer s’élève, ce qui menace les populations et les infrastructures littorales.
Les 10 recommandations du Congrès One Ocean Science offrent un cap pour redresser la barre :
1. Encourager la responsabilité de tous les pays à l'égard de l'Océan
2. Promouvoir des solutions climatiques océaniques sûres et équitables
3. Protéger et restaurer les écosystèmes marins et côtiers
4. Interrompre les usages nuisibles des fonds marins et approfondir la connaissance des abysses
5. Partager équitablement les bénéfices des ressources génétiques marines
6. Mettre fin à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et améliorer la transparence des accords de pêche
7. Construire des systèmes alimentaires océaniques durables, équitables et sûrs
8. Éliminer la pollution plastique marine
9. Réduire les émissions de CO2 et les impacts du transport maritime
10. Investir dans les connaissances transdisciplinaires pour agir en faveur des océan
UNE VISION GLOBALE POUR UN BIEN COMMUN MONDIAL
Chaque année, 26 millions de tonnes de poissons sont pêchées illégalement et 8 à 14 millions de tonnes de plastique polluent l’Océan. Par souci de transparence et pour assurer le respect des instruments de gouvernance multilatéraux, les recommandations visent à intégrer l’Océan dans les engagements internationaux comme bien commun de l’humanité.
Les scientifiques proposent trois mesures phares à mettre en œuvre immédiatement :
• Protéger efficacement et de manière permanente au moins 30 % de l’Océan
• Mettre fin aux subventions nuisibles et soutenir une économie bleue régénérative fondée sur la science
• Éliminer progressivement l’utilisation des combustibles fossiles.
FAIRE AVANCER LES CONNAISSANCES AVANT DES DÉCISIONS POLITIQUES IRRÉVERSIBLES
Seulement 1,7% des budgets de recherche nationaux sont en moyenne consacrés à l’Océan. Or, pour enrayer les effets de la triple crise - accélération du changement climatique, érosion de la biodiversité, pollution - que connait notre planète, nos sociétés doivent placer l’Océan au cœur du débat. La communauté des sciences marines est prête à répondre par une montée en puissance de ses recherches sur l’Océan. Mais elle rappelle que là où l’incertitude scientifique existe encore, la prudence doit guider la décision, et appelle à :
• Augmenter radicalement les investissements dans la science, l’observation et la modélisation de l’Océan
• Reconnaître le rôle critique de l’Océan profond et l’ampleur de ce que nous ignorons encore
• Améliorer notre connaissance des approches d’élimination du dioxyde de carbone en milieu marin.
L’ACTION POUR L’OCÉAN DOIT BÉNÉFICIER À TOUS
La science appelle à une gouvernance fondée sur le respect, l’équité et la coopération. Pour renforcer la légitimité des politiques océaniques et réduire les inégalités, la communauté scientifique appelle les décideurs à :
• Reconnaître les droits humains dans la gouvernance maritime, garantir des conditions de travail équitables et sûres en mer et soutenir les pêcheurs artisans
• Intégrer les voix traditionnellement exclues : les communautés côtières, des pays du Sud, les générations futures et les espèces marines
• Mettre en place des mécanismes de partage équitable des technologies et des avantages apportés par les ressources génétiques marines.
APPEL À LA RESPONSABILITÉ COLLECTIVE
« Nos recommandations sont prêtes, il est grand temps d’agir. La communauté scientifique internationale est pleinement engagée et poursuit sans relâche ses efforts pour acquérir et partager de nouvelles données, de nouvelles connaissances pour un Océan vivant. Nous apportons aux dirigeants une base solide pour leur prise de décision. L’avenir de l’Océan, et le nôtre, en dépend. »
François Houllier, Président-directeur général d’Ifremer et co-président du Comité Scientifique International du Congrès One Ocean Science.
« La recherche en sciences océaniques est unanime : les connaissances scientifiques et les solutions actuelles sont suffisantes pour agir en faveur de la préservation de l’Océan. Mais, pour le moment, les actions sont très insuffisantes. Nous appelons les dirigeants de la communauté internationale à se montrer à la hauteur des enjeux auxquels nous faisons collectivement face pour préserver l’Océan. »
Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS et co-président du Comité Scientifique International du Congrès One Ocean Science.
Le Congrès One Ocean Science est organisé par le CNRS et l’Ifremer.
Télécharger le dossier de presse
Pour plus d'informations : https://one-ocean-science-2025.org/media.html
Les recommandations scientifiques détaillées sont disponibles sur le site internet du Congrès (https://one-ocean-science-2025.org/media.html).
Les partenaires du Congrès One Ocean Science
Le Congrès One Ocean Science est organisé par le CNRS et l’Ifremer, avec le soutien du ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche et la participation de l’Université du Costa Rica, de l'Université Nationale du Costa Rica (UNA), de la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO et du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.
Cet événement a été rendu possible grâce à des partenaires, notamment Global ONCE, l'Université d'Aix-Marseille, l’Agence nationale de recherche (ANR), l’Université Côte d’Azur, le CNES, l’École Nationale Supérieure de Techniques Avancées (ENSTA), la Commission Européenne, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l’Université de La Rochelle, le Museum national d'Histoire naturelle (MNHN), l’Office français de la biodiversité (OFB), Sorbonne Université, l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et l’Université de Toulon. La fondation Save Our Seas, le Comité scientifique des recherches océaniques (SCOR) et le European Marine Board (EMR) a également fourni un soutien essentiel.
A propos du CNRS
Acteur majeur de la recherche fondamentale à l’échelle mondiale, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est le seul organisme français actif dans tous les domaines scientifiques. Sa position singulière de multi-spécialiste lui permet d'associer les différentes disciplines scientifiques pour éclairer et appréhender les défis du monde contemporain, en lien avec les acteurs publics et socio-économiques. Parmi ses plus de 29 000 scientifiques, 1 000 travaillent chaque jour à percer les secrets de l’Océan.
Ils croisent leurs expertises pour comprendre son fonctionnement et anticiper son évolution face aux pressions humaines et climatiques.
Des biologistes étudient les écosystèmes des abysses, peuplés de créatures adaptées à ces conditions extrêmes. Des ingénieurs développent des capteurs et des robots sous-marins pour explorer ces zones inaccessibles. À la surface, des climatologues analysent le rôle de l’Océan dans la régulation du climat mondial. Des informaticiens interprètent des millions d’images sous-marines grâce à l’intelligence artificielle. Sociologues et économistes évaluent les impacts des activités humaines, comme la surpêche ou la pollution plastique, et proposent des solutions durables.
Tous œuvrent ensemble pour comprendre, préserver et restaurer l’Océan. C’est en croisant leurs savoirs que ces experts décryptent ce monde bleu, clé de l’équilibre de notre planète.
A propos de l’Ifremer
Héritier de l’histoire pionnière de l’océanographie française, l’Ifremer poursuit depuis 40 ans sa quête de savoir sur l’environnement marin. Seul institut de recherche public français entièrement dédié à l’Océan, il explore tous les rivages des sciences marines, des abysses à la surface et de la côte au large, depuis ses 24 implantations ancrées dans le deuxième domaine maritime mondial. Avec sa filiale d’armement Genavir, il opère la Flotte océanographique française et déploie ses 17 navires et 6 engins au bénéfice de l’ensemble de la communauté scientifique nationale.
Ses 1500 chercheurs, ingénieurs et techniciens mènent des investigations scientifiques, conduisent des expertises et innovent pour protéger et restaurer l’Océan, gérer durablement les ressources marines, collecter et partager les données-clés de compréhension de l’écosystème marin. Partisan d’une science ouverte, l’Ifremer cultive des liens étroits avec la société pour répondre aux grands enjeux collectifs autour du changement climatique, de l’érosion de la biodiversité ou du développement d’une économie bleue pérenne. Chaque jour, les équipes de l’Ifremer créent la sagesse essentielle pour préserver le système qui rend la vie possible sur Terre - l’Océan - et pour qu’il demeure cet indéfectible allié de notre planète bleue