Choix des espèces cultivées face aux changements climatiques : en Afrique et en Asie, des paysans optent pour des cultures plus demandeuses en eau

C’est le résultat paradoxal d’une revue de littérature couvrant environ 400 observations rapportées par les paysans dans 20 pays africains et 10 pays asiatiques. Alors que les changements climatiques impactent la disponibilité des ressources hydriques, de nombreux paysans s’orientent vers une agriculture irriguée pourtant plus coûteuse en eau. En cause : une baisse de rendements des cultures non irriguées et des incitations économiques pour des cultures à plus forte valeur ajoutée. Les scientifiques, qui publient leurs travaux dans Current Opinion in Environmental Sustainability, évaluent les potentiels impacts nutritionnels de cette tendance.

Les observations locales, rapportées par les paysans, font état de l’adoption de cultures horticoles (fruits et légumes) dans 38 % des cas, 47 % des abandons concernent les céréales. Les auteurs de l’étude soulignent ainsi une tendance chez les paysans à se tourner vers des cultures à forte valeur ajoutée, souvent irriguées, quitte à diminuer leurs efforts sur des cultures céréalières non irriguées mais moins rentables.

« L’irrégularité de la pluviométrie a entraîné une baisse des rendements des cultures non irriguées pour de nombreux paysans en Afrique et en Asie, explique Vanesse Labeyrie,  agronome et ethnoécologue au Cirad et première auteure de l’étude. Pour tenter de compenser ce phénomène, une tendance générale est de se tourner vers l’horticulture irriguée, avec l’espoir d’améliorer leurs revenus. Ces comportements sont souvent liés à des incitations économiques gouvernementales, qui visent à dynamiser une agriculture commerciale, destinées à l’exportation ou aux zones urbaines. »

Pour en savoir plus : source CIRAD